« Les États Unis ont tourné le dos au monde. »
C’est par ces mots qu’Emmanuel Macron décrit la décision prise par Donald Trump de faire sortir les États-Unis de l’accord de Paris, conclu lors de la COP 21 en France, en décembre 2015.
Cet accord est quasiment universel. Seuls la Syrie et le Nicaragua avaient alors refusé de s’engager dans cette voie.
Il est entré en vigueur le 4 novembre dernier, et aujourd’hui les pays qui ont effectivement ratifié le protocole sont au nombre de 147 — avant la sortie des États-Unis dont le processus de retrait va de toute façon être long.
Quel est le but de l’accord de Paris ?
Le but affiché de l’accord de Paris est de maintenir la hausse des températures sous la barre des 2°C. Pour cela, chaque pays avait soumis des « contributions nationales » : les engagements pris pour effectivement réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
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Ces contributions nationales à la lutte contre le réchauffement climatique doivent ensuite être revues — uniquement à la hausse — tous les 5 ans.
Un processus incontournable, puisqu’à l’heure actuelle, elles ne sont pas assez ambitieuses. En effet, elles ne permettent pas de limiter la hausse globale des températures à 2°C…
Cet accord devrait donc, selon le Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment, faire repartir à la hausse les réglementations sur le climat, car les pays vont devoir mettre en place des stratégies leur permettant de respecter leurs objectifs.
Quel impact sur la politique climatique des États-Unis ?
Le retrait des États-Unis pourrait avoir plusieurs conséquences. C’est d’abord un coup majeur asséné à l’héritage climatique d’Obama.
Selon le Rhodium Group, qui évalue régulièrement les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis, la politique d’Obama méritait déjà d’être améliorée pour atteindre les ambitions fixées lors de l’accord.
Le fait qu’elle ne soit pas améliorée, mais à l’inverse détricotée, va clairement empêcher les USA de respecter les engagements qu’ils ont pris à l’origine.
« L’absence de nouvelle politique (que ce soit à un niveau fédéral, au niveau des États ou encore au niveau local) va contenir la réduction des émissions des États-Unis à 15 à 19% d’ici 2025, considérablement loin de l’engagement d’une réduction de 26 à 28% selon l’accord de Paris. »
Trump s’étant évertué à vider de son sens le Clean Power Plan d’Obama depuis janvier, il y a fort à parier que ces 26 à 28% ne seront effectivement pas atteints, d’autant moins sans les moyens de pression diplomatique prévus dans l’accord de Paris.
L’impact de Donald Trump sur le climat mondial
Mais ce retrait pourrait aussi avoir des conséquences directes sur des pays en développement, en particulier sur ceux que l’on appelle « pays les moins avancés » en cours de géo.
Nombre d’entre eux devaient en effet recevoir des financements de pays développés, qui atteignaient collectivement la somme de 100 milliards de dollars par an jusqu’à 2025 au moins, davantage si possible.
John Kerry, l’ancien secrétaire d’État (l’équivalent du ministre des affaires étrangères), avait d’ailleurs annoncé s’engager sur un soutien s’élevant à 800 millions de dollars par an pour aider les pays en développement à s’adapter au changement climatique.
En termes diplomatiques, c’est un vrai coup dur : les États-Unis sont les deuxièmes plus gros pollueurs, le fait de se soustraire à leurs obligations de lutte contre le changement climatique pourrait encourager d’autres pays à faire de même.
Dans le même temps, rester dans l’accord sans respecter leurs engagements pourrait avoir les mêmes effets de désincitation…
Les États-Unis vont-ils être sanctionnés par la Communauté internationale ?
Dans le cadre de l’accord de Paris, il n’est pas possible de directement sanctionner les États-Unis pour leur retrait. En effet, l’accord a été établi de manière à ne pas être légalement contraignant, en partie à cause du Congrès américain, dominé par des Républicains.
L’accord stipule donc que tout pays peut prendre la décision de s’en retirer à tout moment après qu’un délai de trois ans se soit écoulé depuis sa ratification par ledit pays :
« À l’expiration d’un délai de trois ans à compter de la date d’entrée en vigueur du présent Accord à l’égard d’une Partie, cette Partie peut, à tout moment, le dénoncer par notification écrite adressée au Dépositaire. »
Cependant, certains pays ont annoncé leur ferme intention de ne pas rester sans réagir.
La possibilité d’imposer une taxe carbone aux importations venant des États-Unis a été fermement avancée par Rodolfo Lacy Tamayo, le sous secrétaire à la politique environnemental du Mexique, en novembre.
À l’occasion de la COP 22, qui visait à continuer le travail débuté en 2015, il avait déclaré qu’ « une taxe carbone contre les États-Unis est une option possible de [leur] côté ».
Un recul diplomatique
Ce recul des États-Unis en termes de politique climatique peut aussi augurer d’une certaine perte d’influence diplomatique.
En se retirant de l’accord de Paris, les États-Unis récusent le rôle de leadership qu’ils avaient choisi d’assumer avec la Chine sous Obama, en tant que pollueurs principaux, en s’engageant sur la question.
Il est possible par exemple que la Chine prenne cette position de leadership seule, ou aux côtés de l’Europe. Cette décision isole en tout cas les États-Unis sur la scène internationale.
Il ne faut pas oublier, non plus, que cette politique pourrait être de nouveau renversée dans 4 ans, ou plus, suivant l’administration qui succédera à Donald Trump à la tête des États-Unis.
#MakeOurPlanetGreatAgain
Malgré ce revers dans la lutte contre le changement climatique, nombreux sont les pays à avoir déjà annoncé leur ferme intention de respecter les termes de l’accord de Paris. La Chine, l’Allemagne, l’Italie entre autres.
Aux États-Unis aussi, dès l’annonce de Donald Trump, de nombreuses villes et États aux premiers rangs desquels New York, la Californie et Washington, ont lancé la résistance et comptent respecter l’accord de Paris.
En France, Emmanuel Macron a lancé jeudi 1er juin un appel aux scientifiques et aux militants de la cause climatique aux États-Unis, leur assurant qu’ils étaient les bienvenus de ce côté de l’Atlantique, pour continuer à faire leur travail.
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