Mise à jour du 31 juillet 2020
Sombre jour pour celles et ceux qui espéraient voir le don du sang par les hommes homosexuels ou bisexuels aligné sur le reste de la population.
Le délai d’abstinence sexuelle de 4 mois actuellement requis pour les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) souhaitant donner leur sang aurait pu être levé (lire ci-dessous), mais l’Assemblée Nationale en a décidé autrement.
Comme l’indique ce 31 juillet 2020 le journaliste Youen Tanguy, qui commente en live sur Twitter les débats actuellement en cours, ce délai est maintenu :
Il reste encore plusieurs étapes législatives avant que ce projet de loi sur la bioéthique ne soit définitivement adopté.
Déjà, des voix s’élèvent pour regretter voire dénoncer ce rejet de l’amendement, dont celles de plusieurs députés qui jurent de ne pas abandonner la lutte.
Le don du sang par les homosexuels, bientôt sans délai d’abstinence ?
Mise à jour du 2 juillet 2020
Depuis le début de semaine, les députés se penchent en commission sur le projet de loi relatif à la bioéthique, qui comprend notamment un volet sur droit à la PMA.
Engagé depuis des années pour les droits des hommes homos et bis à donner leur sang, le député Hervé Salignac a profité de cette fenêtre pour déposer un amendement supprimant le délai d’abstinence sexuelle qui leur est actuellement imposé.
Les hommes ayant eu des rapports sexuels avec d’autres hommes dans les quatre derniers mois ne sont actuellement pas autorisés à donner leur sang.
Cette adoption en commission est un premier pas qui doit être suivi, dans les jours qui viennent, par le vote global de la loi à l’Assemblée nationale.
En France, les hommes gay ne peuvent donner leur sang que depuis 2016.
À l’époque, ils devaient respecter une abstinence sexuelle de 12 mois. En juillet dernier et après que des études ont démontré que les risques de contamination par le VIH n’augmentaient pas, ce délai a été abaissé à 4 mois.
Josiane Pillonel et Claire Sauvage de Santé Publique France réexpliquent les raisons et les enjeux de ce choix :
« Quel que soit le scénario étudié, le risque résiduel lié au VIH reste très faible.
Cependant, alors que pour le premier scénario, le risque résiduel reste strictement identique à celui observé pour un ajournement de 12 mois des HSH [hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, NDLR], pour le deuxième scénario, il est 1,5 fois plus élevé et l’analyse de sensibilité montre que l’estimation est moins robuste aux variations des paramètres utilisés dans le modèle ayant permis d’estimer ce risque.
En juillet 2019, sur la base de ces résultats, la ministre de la Santé a opté pour le premier scénario, qui sera mis en application le 2 avril 2020. »
Il reste donc à attendre le vote à l’Assemblée, pour qu’enfin, le délai d’abstinence soit levé.
La période d’abstinence passe de 12 à 4 mois pour les hommes gays
Publié le 17 juillet 2019
ENFIN. Enfin presque.
C’est par ces quelques mots que la nouvelle a été accueillie par de nombreux hommes gays ce matin.
Le ministère des Solidarités et de la Santé a annoncé aujourd’hui que la période d’abstinence de douze mois nécessaire au don du sang pour les hommes gays en France sera réduite à 4 mois
à partir du 1er février 2020.
Avant 2016 et depuis 1983, les hommes homosexuels étaient tout bonnement exclus de la collecte de sang.
La loi de 2016 qui a donné lieu a des échanges tendus dans les hautes sphères de l’État a ouvert le droit aux hommes gays de donner leur sang, à condition de témoigner de 12 mois d’abstention sexuelle.
Cette contrainte avait incité de nombreuses personnes à continuer à boycotter les collectes.
En juin dernier, des associations LGBT ont également porté plainte contre la France auprès de la Commission européenne pour discrimination.
Une discrimination ancrée en raison des risques autour du Sida
La raison de cette différence de traitement pour les hommes gays prend racine dans des doutes autour des risques de propagation du Sida.
Deux ans après cette ouverture des dons aux personnes homosexuelles, Santé Publique France a constaté que les risques de transmission du virus n’avaient pas augmenté.
Les résultats de l’étude de SPF menée sur plus de 110 000 donneurs a démontré que le risque de transmission du VIH par transfusion sanguine était resté stable (1 sur 5,2 millions), avant comme après l’ouverture du don de sang.
Vers une ouverture totale des droits en 2022 ?
L’annonce a été accueillie avec tiédeur par de nombreux hommes qui regrettent que leurs droits ne s’alignent toujours pas sur ceux des personnes hétérosexuelles qui peuvent aujourd’hui donner leur sang si elles ont été mono-partenaires pendant les 4 derniers mois.
Le ministère de la Santé assure qu’il s’agit d’une première étape avant un alignement des droits à l’horizon 2022, après qu’une évaluation des risques soit faite pour préserver la sécurité des receveurs.
Le mouvement est certes long et nous devons nous armer de patience mais au moins, il va dans le bon sens.
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Les Commentaires
Bien sûr que ça allait être refusé...
L'abaissement du délai d'abstinence pour les HSH (de 12 à 4 mois) fait il y a quelques mois s'est basé sur une enquête et des modèles statistiques, il y a d'ailleurs dans l'article une citation (pas très claire, vu que l'article ne précise pas bien avant ce que sont les "scénarios" et le lien vers l'interview qui explique tout ça.
En gros: pas d'augmentation du risque en passant de 12 à 4 mois d'abstinence, donc le délai a été abaissé, par contre augmentation du risque si alignement sur les mêmes critères que les non- HSH (4 mois sans multipartenariat).
L'article de Santé publique France cité est ici, c'est assez clair, et parle d'ailleurs d'un potentiel calendrier (évaluations prévues, etc).
Extraits:
"En France, la fin de l’exclusion des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) du don de sang date de juillet 2016, année de l’ouverture au don de sang pour les HSH après un ajournement de 12 mois sans relation sexuelle entre hommes. Ce changement s’est basé sur des arguments scientifiques montrant que ce critère n’augmentait pas le risque de transmission du VIH et sur l’expérience des pays ayant déjà adopté ce critère d’ajournement comme l’Australie, le Canada, la Grande-Bretagne. Rappelons que ce risque, dit résiduel, est lié à l’existence d’une fenêtre biologiquement silencieuse se situant juste après l’infection et ne permettant pas aux tests disponibles de détecter le virus dans le sang. Il est estimé aujourd’hui à un don de sang non dépisté VIH positif tous les 2 ans.
Cette première évolution a fait l’objet d’une étude, nommée « Complidon », qui a notamment permis d’évaluer ce nouveau critère concernant les HSH, publiée en janvier dernier dans la revue Transfusion. [...]
3 questions à Josiane Pillonel et Claire Sauvage, Santé publique France
Quel est le principal enseignement de l’étude Complidon ?
Aujourd’hui, la France fait un pas de plus en réduisant la période d’ajournement des HSH de 12 à 4 mois. Quels ont été les scenarios envisagés dans l’analyse de risque ayant conduit à cette décision et lequel a été retenu ?
Suite à la volonté des pouvoirs publics de faire évoluer le critère de sélection concernant les HSH, deux scénarios ont été étudiés. Le premier scenario consistait en une réduction de la durée d’ajournement de 12 à 4 mois et le deuxième prévoyait un alignement des critères à l’ensemble des donneurs, à savoir un seul partenaire sexuel au cours des 4 mois précédant le don.
L’impact des deux scénarios sur le risque résiduel de transmission du VIH par transfusion a été évalué à partir de 3 enquêtes réalisées par Santé publique France (Baromètre Santé 2016, Enquête Rapport au Sexe 2017 et Complidon 2017), afin d’estimer, d’une part, le nombre d’HSH supplémentaires susceptibles de donner leur sang dans chaque scénario et, d’autre part, l’incidence du VIH parmi ces donneurs HSH supplémentaires.
Quel que soit le scénario étudié, le risque résiduel lié au VIH reste très faible. Cependant, alors que pour le premier scénario, le risque résiduel reste strictement identique à celui observé pour un ajournement de 12 mois des HSH, pour le deuxième scénario, il est 1,5 fois plus élevé et l'analyse de sensibilité montre que l’estimation est moins robuste aux variations des paramètres utilisés dans le modèle ayant permis d’estimer ce risque. En juillet 2019, sur la base de ces résultats, la ministre de la Santé a opté pour le premier scénario, qui sera mis en application le 2 avril 2020.
Des analyses de risque similaires ont récemment été réalisées dans certains pays. [...]
L’adoption de critères de sélection indépendants de l’orientation sexuelle, à savoir un seul partenaire sur les 4 derniers mois est-elle actuellement envisagée ?
Cette évolution du critère a été envisagée par le ministère de la Santé, puisque c’est un scénario qu’il nous a été demandé d’étudier dans le cadre de l’analyse de risque. Avant d’envisager cette ultime étape, le ministère souhaite une évaluation d’un ajournement de 4 mois pour les HSH, nouveau critère mis en œuvre le 2 avril 2020. Cette évaluation consistera à une estimation du risque résiduel lié au VIH sur la période 2020-2022 et à la mise en œuvre d’une nouvelle enquête, sur le modèle de Complidon, afin de mesurer la compliance des donneurs HSH à ce nouveau critère. Un risque résiduel lié au VIH qui n’augmente pas et une compliance au nouveau critère qui s’améliore seront autant d’indicateurs positifs qui permettront d’envisager cette évolution.
D’autre pays, comme la Grande Bretagne, le Canada, l’Australie, les États-Unis,… envisagent l’adoption de critères de sélection indépendants de l’orientation sexuelle. Cependant, pour ces pays, aucune évaluation de risque pour un alignement du critère HSH sur celui des autres donneurs n’a, pour le moment, été publiée."