Article initialement publié le 7 août 2013
Mise à jour du 8 août 2014 :
Pendant l’été, les besoins en produits sanguins ne diminuent pas, mais les donneurs disponibles se font plus rares, notamment à cause des départs en vacances.
Vous pouvez donner votre sang partout en France, y compris sur votre lieu de vacances ! Une carte des points de collecte est disponible en page d’accueil du site de l’Établissement Français du Sang, pensez-y !
Article du 7 août 2013 :
Le don du sang en chiffres : 10 000 dons de sang sont nécessaires chaque jour, beaucoup plus que les plaquettes, mais la durée de conservation des produits n’est pas la même.
Donner ses plaquettes pour agir
En trois ans, trois de mes amies proches ont perdu un parent, emporté par un cancer. Je suis incapable de me représenter ce qu’elles ont pu vivre, la force morale qu’il faut avoir pour surmonter une telle épreuve. De savoir un proche condamné à mort, et de l’accompagner jusqu’à ses dernières heures, entre agonie et espoir de rémission.
Je ne sais pas ce qu’elles ont vécu, ni comment elles y ont survécu. Moi, à côté d’elles, j’étais plus impuissante encore qu’elles ne l’ont été. Et l’impuissance me rend folle, elle m’est insupportable.
Je ne sais plus exactement comment j’ai entendu parler du don de plaquettes. Ça devait être lors d’une campagne de sensibilisation au don de moelle osseuse. En cliquant sur l’email, de pages en pages, j’ai lu quelque part « don de plaquettes : utilisées pour le traitement des malades de cancer, notamment de leucémie ».
C’était peu de choses, et c’était trop tard pour les parents de mes amies, mais c’était quelque chose. Enfin, je pouvais faire quelque chose, assez pour calmer ce sentiment d’impuissance.
J’ai poussé la porte d’un des centres de l’Etablissement Français du Sang, l’EFS St Louis, dans le 10ème à Paris. La première fois, c’était le 28 septembre 2012. Depuis, j’y retourne tous les mois pour faire un don de plaquettes et de plasma.
Le don en aphérèse : qu’est ce que c’est ?
Lorsque vous donnez votre sang, on vous prélève l’intégralité des composants, qui seront ensuite séparés, car on ne transfère au patient que les composants dont il a besoin. Il est également possible de donner uniquement vos plaquettes ou uniquement votre plasma. C’est ce que l’on appelle un don en aphérèse : on ne vous prélève qu’un seul composant. Si vous donnez plasma et plaquettes simultanément, on parle de don combiné ou d’aphérèse combinée.
Le don en aphérèse présente plusieurs avantages :
- Le fer : la carence en fer est très répandue chez les femmes (rapport au fait qu’on perd déjà pas mal de sang chaque mois). C’est un élément difficile à absorber par l’organisme. Or le don de plasma/plaquettes laisse votre stock de fer intact, et c’est vraiment un avantage (celles qui ont fait de l’anémie savent).
- La fréquence : une femme ne peut donner son sang que quatre fois par an (toujours cette histoire de perte de sang). Alors que le don de plaquettes peut avoir lieu toutes les quatre semaines, soit une fois par mois. Pour le don de plasma seul : toutes les deux semaines.
Et cette fréquence est essentielle compte tenu du produit : en effet, les plaquettes ont une durée de vie de 5 jours seulement ! Le besoin en plaquettes est donc continu sur l’année, puisqu’on ne peut pas en faire de stock.
- L’inconvénient : ne nous voilons pas la face, le don de plaquette, c’est LONG. On est attaché à une machine pendant 70-90 minutes environ. Il faut avoir ce temps devant soi. (Et il faut d’ailleurs prendre rendez-vous pour effectuer un tel don).
Quand j’ai compris qu’on allait me pomper mon sang pendant une heure et demi.
Les contre-indications concernant un potentiel don de plaquettes
Comme pour un don de sang « classique », vous commencez par remplir un questionnaire de trois pages sur vos antécédents médicaux. Au début je ne savais pas répondre à la plupart des questions portant sur mes antécédents familiaux (qu’est ce que j’en sais si tante Augustine avait des problèmes de circulation ?). Pas de panique : c’est aussi à cela que sert l’entretien avec le médecin.
Il (ou elle) vous posera toutes les questions critiques et discutera avec vous pour savoir si vous êtes aptes à donner.
Toutes les contre-indications ont en vérité deux objectifs :
- S’assurer que le don est sans danger pour le donneur : entrent dans cette catégorie toutes les contre-indications qui portent sur vos facteurs de risques (antécédents familiaux, état de santé, risques cardio-vasculaires, etc…)
- S’assurer que le don est sans danger pour le receveur : entrent dans cette catégorie les questions qui portent notamment sur votre historique médical récent, ainsi que toute une série de situations évaluées « à risque », même si vous ne les comprenez pas forcément.
C’est par exemple l’impossibilité de donner son sang si vous êtes dans une des situations suivantes. Si au cours des 4 derniers mois :
- vous avez fait faire un tatouage ou un piercing (y compris oreilles)
- vous avez changé de partenaire sexuel (même si vos rapports ont été protégés)
- vous avez été chez le dentiste (dans les deux dernières semaines).
La liste est longue, ceci n’est qu’un échantillon. On ne comprend pas forcément pourquoi certains facteurs deviennent des contre-indications, parfois ça semble arbitraire (le débat a notamment eu lieu sur la contre-indication permanente pour les homosexuels, qui devrait évoluer).
Cette stratégie participe d’une gestion des risques à grande échelle. On ne peut pas faire du cas par cas quand on gère des milliers de donneurs au quotidien. L’EFS est obligé d’instaurer un standard rigoureux afin d’assurer la sécurité des donneurs et des receveurs.
Des échantillons sont prélevés sur chaque donneur pour être testés. Mais ces tests ont un coût, ils ont vocation uniquement à assurer la sécurité du receveur, ils ne sont pas là pour offrir un dépistage au donneur.
Le dépistage est gratuit et prodigué dans centres dédiés. Ne donnez pas votre sang pour obtenir un dépistage, vous mettez en danger le receveur. Se faire dépister n’est pas un acte honteux, c’est un acte responsable.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur Sida Info Service.
Sur le site de l’EFS, il est précisé que 10% seulement des personnes qui se présentent au don du sang présentent des contre-indications, mais que dans 75% des cas, elles ne sont que temporaires.
Vous pouvez consulter la FAQ du don sur le site l’EFS pour vous faire une idée des principales contre-indications.
Le don de plasma-plaquettes : comment ça se passe ?
Vous avez rempli le questionnaire, passé l’entretien, vous n’avez pas oublié de prendre un bon petit-déjeuner (ou déjeuner) et vous vous êtes bien hydraté-e ? C’est parti pour votre don de plasma-plaquettes.
On vous installera confortablement dans un fauteuil relié à une machine. Comme j’ai les veines des bras très fines, je préfère les machines avec un brassard qui fait garrot pendant le don et se dégonfle pendant le retour.
Car le don de plasma-plaquettes est fractionné en cycles d’une dizaine de minutes. La machine prélève le sang « total », les composants sont séparés, puis on vous réinjecte les globules rouges, on ne prélève que le plasma (= le liquide) et les plaquettes. Le cycle est ensuite répété pendant une heure et demi environ.
La fameuse machine. Elle fait du bruit quand tu ne pompes pas assez (débit trop faible), quand c’est fini et quand il y a un problème quelconque (mais rassure-toi, le personnel médical veille au grain et interviendra AVANT que tu ne trépasses. Promis.)
Je ne vais pas vous mentir. Ce n’est pas une expérience particulièrement agréable. Pour plusieurs raisons :
- C’est long. Une heure et demi branchée à une machine avec une aiguille dans le bras, c’est vraiment long.
- C’est pas très agréable : l’anticoagulant (nécessaire pour assurer la fluidité du sang dans le circuit) a pour effet secondaire de provoquer une perte de calcium dans l’organisme. Ça se manifeste par des picotements au niveau de la mâchoire (les dents !), et une sensation de froid intérieur (comme si vous avaliez un Mister Freeze entier d’un trait). On vous donne évidemment des ampoules de calcium pour éviter ces désagréments, mais ça n’a pas très bon goût.
Quand j’ai ressenti le manque de calcium la première fois
Mais ces inconvénients sont à remettre en perspective :
- On ne sent pas l’aiguille. Elle est d’ailleurs plus fine que celle du don du sang « total ». Et quand je pense aux patient-e-s qui subissent une chimiothérapie, je relativise et je ravale ma douilletterie 5 minutes. Faudrait pas que je sois foudroyée par le ridicule non plus…
- C’est pas très agréable, certes, mais je me rappelle alors que le plasma est notamment utilisé pour le traitement des grands brûlés. Alors mes petits picotements de carence en calcium dans la mâchoire, comment vous dire ? Entre ça et une brûlure au 3ème degré, je prends.
ASTUCE de ninja : bouger/contracter les muscles pendant la phase de retour permet de dégrader plus vite l’anticoagulant. On ressent donc moins de picotements.
- C’est long : mais ils ont tout prévu ! Lecteur de DVD, film au choix, vous ne verrez (presque) pas le temps passer ! Ces temps-ci, j’opte plutôt pour la lecture. Un seul de vos bras est immobilisé. Avec une liseuse électronique, une main suffit pour tenir et tourner les pages. Que demande le peuple ?
ASTUCE de ninja bis : on peut aussi aller faire un don à plusieurs pour se tenir mutuellement compagnie. Ça marche bien.
« On n’est pas bien là, René ? » « Tout à fait Marie-Louise, vous avez toujours des idées si originales pour nos rendez-vous en tête à tête ! »
Après le don de plaquettes ? La collation !
Car après cette rude épreuve (rien ne vous empêche de glorifier l’exploit, ça fait du bien à l’ego), vous aurez le droit de MANGER. C’est fortement recommandé, attardez-vous au buffet. On vous répétera environ une demi-douzaine de fois de surtout, bien vous hydrater, et vous pourrez vaquer à vos occupations.
Une seule contre-indication pour le reste de la journée : ne pas faire de sport. Allons bon ! (Mais le regarder à la télé, on peut. Par-fait.)
Quand on m’a dit qu’il fallait que je mange un bon repas et que je ne fasse pas d’activité physique aujourd’hui.
Avant de partir, dernière mission de vigilance : on vous remettra un numéro de téléphone à contacter, si dans les deux semaines suivant votre don une maladie infectieuse se déclare (si vous avez de la fièvre, notamment).
Voilà. Vous avez fait une bonne action, gratuite et désintéressée (si on exclut l’accès au buffet gratuit !). Vous avez contribué à la recherche et aux soins dispensés à des milliers de malades. Ça vous a pris en tout et pour tout deux heures de votre journée. Mais c’est du temps et du confort de vie que vous avez fait gagner à d’autres.
Et entre l’amabilité du personnel d’accueil, la bonne humeur et l’attitude attentionnée du personnel médical, vous n’avez vraiment pas passé un mauvais moment, vous pouvez me croire !
Pour donner votre sang, votre plasma et/ou vos plaquettes, rendez-vous sur le site de l’EFS pour trouver un centre de prélèvement près de chez vous.
Eric Northman approuve ce message.
Renseignez-vous !
PS : il n’est pas rare que vous pour remercier de votre don, l’EFS vous envoie un courrier à votre domicile. Je ne vous cache pas que lorsque j’ai vu l’enveloppe EFS dans ma boîte aux lettres, mon sang n’a fait qu’un tour (JEU DE MOTS). Ça y est, me suis-je dit paniquée, j’ai le cancer de l’hépatite, le sida du foie, je vais mourir d’une maladie orpheline incurable et j’ai probablement tué quelqu’un avec mon sang contaminé.
Deux minutes plus tard, j’avais entre les mains une lettre de remerciement pour mon don. Bon. Voilà.
Évitez-vous donc une panique inutile quand vous verrez arriver ce courrier. C’est très certainement pour vous dire merci !
Alors, prête à tenter le don de plaquettes ? Des questions, des angoisses ? Dis-nous tout !
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
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