Mardi 18 avril, un documentaire consacré aux femmes vidéastes a été publié sur la chaîne des Internettes ! Les Internettes, c’est un collectif créé en avril 2016 dont l’objectif est simple : redonner de la visibilité aux femmes sur YouTube.
Aujourd’hui devenue une asso, Les Internettes relaient chaque jour des chaînes de Youtubeuses sur leur page FB, organisent des masterclass pour les créatrices et oeuvrent pour la mise en avant de la gent féminine sur la plateforme vidéo.
Elles prennent la parole est l’oeuvre de deux meufs de talent, co-fondatrices du collectif : Léa Bordier, vidéaste, réalisatrice et ex-responsable de la rubrique vidéo chez madmoiZelle et Lisa Miquet, photographe, auteure pour Konbini et ancienne OrchestreuZ chez madmoiZelle
Elles ont été interroger des femmes vidéastes de tous horizons pour qu’elles nous parlent de leur quotidien en tant que « youtubeuse » et de ce que ce métier leur apporte. Le résultat ? Un documentaire aussi juste que motivant.
Elles prennent la parole… quand elles osent
« Quand je fais des vidéos […] j’ai trop peur qu’on me trouve pas assez pointue » Lola Dubini
Ce quotidien, s’il est constitué de points positifs, de rencontres et de richesse créative, il n’en reste pas moins compliqué. Pour les femmes vidéastes, la réalité du harcèlement en ligne reste l’un des freins majeurs à la création sur Internet.
Alors qu’est-ce qu’on fait ? On arrête tout ? On évite de se lancer pour se protéger ? Les intervenantes prennent la parole et nous montrent que chacun•e à notre niveau, on peut contribuer à changer ça.
Le sentiment de ne pas être légitime à parler de ce qui nous intéresse est un des premiers freins évoqués par les vidéastes.
C’est un problème notamment évoqué par Lola Dubini et Klaire Fait Grr, qui expliquent que le manque de modèles et le poids des stéréotypes sexistes dans la société constituent un premier stop à oser créer du contenu.
C’est l’idée du « pas le droit à l’erreur » qui empêche beaucoup de femmes de se lancer et de se trouver pertinente dans leur domaine. Comme ça a été le cas pour Esther qui n’osait pas parler de sciences… alors qu’elle rédigeait une thèse d’astrophysique.
Bref le premier frein, c’est l’auto-censure.
Elles prennent la parole… même si c’est pas évident
« C’est comme si t’avais une personne qui venait tous les jours au quotidien derrière ton épaule et qui te disait à l’oreille : tu sais, t’as un nez de cochon, t’as un nez de cochon, t’as un nez de cochon. » Charlie Danger
Quand elles réussissent à passer outre leur propre censure, de nouveaux obstacles peuvent se dresser contre elles. Le harcèlement en ligne est une réalité à laquelle les vidéastes les plus visibles sont confrontées.
Et ça peut aller de l’insulte aux menaces de viol et de mort, en passant par les (nombreux) commentaires sur le physique.
Du stalking
au harcèlement en masse qu’a notamment affronté Marion Seclin après avoir posté deux vidéos sur le harcèlement de rue : le sexisme de la société est une vraie plaie qui, sans surprise, se répercute aussi sur Internet.
Comme on vous l’avait montré dans l’article sur le harcèlement de Marion, on ne parle pas ici de deux ou trois commentaires de relou mais d’un vrai phénomène de violence, que d’autres vidéastes expérimentent aussi.
Ces jeunes femmes se retrouvent prises entre la tentation de se défendre et de répondre aux attaques et celle de tout simplement ignorer les offenses gratuites. Et ce, parce qu’elles sont souvent seules à gérer ça.
Le documentaire de Lisa Miquet et Léa Bordier montre cette réalité dont trop peu de gens ont conscience, avec justesse, et sans tabous.
Le harcèlement en ligne, ça va au-delà du cliché de trolls de 15 ans, c’est un problème trop gros pour être simplement ignoré par tout le monde et pour moi, il ne rend ce documentaire que plus essentiel et important à diffuser.
Elles prennent la parole et toi aussi tu peux la prendre !
Alors, face à tant de témoignages de la violence du cyber-harcèlement, d’aucuns pourraient se dire « SUPER INTERNET 20 SUR 20 JAMAIS JE FAIS DE VIDÉOS ».
Sauf que c’est là tout le brio et la justesse de Elles prennent la parole : montrer que la meilleure réponse et le meilleur remède au traitement différent des hommes et des femmes sur YouTube, c’est encore de prendre soi-même la parole.
Commencer par sortir de la masse silencieuse, dire quand on a aimé un contenu. Et bien sûr, s’exprimer soi-aussi quand on en a envie. Parce qu’on a pas moins de légitimité qu’un•e autre pour parler de nos passions.
Plus on osera créer sa place sur Internet, plus ça deviendra la norme et on ne sera plus « une meuf qui fait des vidéos » mais juste une vidéaste lambda parmi d’autres.
Alors certes, le harcèlement, ça fait peur. Mais en se lançant, on devient la motivation de quelqu’un d’autre et si chacune inspire une autre, eh ben ça fera des tas et des tas de meufs cool qui viendront parler de ce qui les passionne : que ce soit sur la beauté, la politique, la cuisine, la musique ou encore l’Histoire enfin tout quoi.
Célébrons les femmes qui créent des choses, sans snober leur sujet. Contrer le bashing constant que certaines affrontent, à l’image de EnjoyPhoenix.
L’idéal, c’est que dans quelques années, on regarde à nouveau ce docu en pensant « haha qu’est ce que ça a changé YouTube », en attendant, devenons les modèles qu’on aimerait connaître, devenons les prochaines références dans nos domaines parce que la diversité qui enrichit YouTube et Internet en général.
Il n’y avait pas meilleures personnes que Lisa Miquet et Léa Bordier, amoureuses d’Internet et toutes les deux pointures dans leurs domaines (photographie pour Lisa, réalisation pour Léa) pour donner la parole à ces vidéastes.
Leur passion et leur bienveillance envers ces femmes, c’est ce qui donne aussi envie de se lancer. Elles montrent qu’en faisant front à plusieurs, on arrivera à bousculer les choses sur Internet, et par extension, dans la société.
Encore merci et bravo pour ce documentaire si juste et mention spéciale à Cy. qui en signe la charte graphique !
Pour en savoir plus sur les réalisatrices de Elles Prennent la parole :
- La page Facebook de Léa Bordier
- La page Facebook de Lisa Miquet
- La page Facebook des Internettes (dont je suis membre)
- Adhérer aux Internettes
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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