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Culture

Docteur Sleep, la suite de Shining, un pari réussi

Docteur Sleep est la suite, trente-six ans après, des aventures de Dan Torrance, l’enfant surnaturel au coeur de Shining. C’était pas forcément gagné d’avance, mais c’est réussi !
Cet article dévoile les grandes lignes de l’intrigue de Docteur Sleep, sans en révéler la fin bien sûr, mais si vous voulez découvrir le livre avec un esprit tout propre tout frais, finissez le roman avant de scroller, vous kifferez davantage !

Certes, je suis fan devant l’éternel de Stephen King, mais je sais reconnaître que parfois, il chie dans la colle. Tous ses bouquins ne se valent pas, et j’avoue que le voir reprendre les héros de Shining près de quarante ans plus tard, c’était un pari risqué. Surtout que les deux livres les plus récents de King, 22/11/63 et Joyland, ne m’ont pas totalement emballée.

À lire aussi : L’auteur de la semaine : Stephen King

C’est donc avec une certaine circonspection que j’ai entamé Docteur Sleep… pour finalement le dévorer en trois jours (et encore, c’est parce que j’avais de la compagnie, sinon il n’aurait pas tenu une journée) ! Défi relevé et réussi, donc. Chapeau, Stephen.

Ici Dan Torrance en liaison télépathique, ne quittez pas

Le héros de Docteur Sleep est Daniel Torrance, le petit garçon de Shining qui grondait « REDRUM » en parlant à Tony, son ami imaginaire, et qui a échappé de peu à la folie meurtrière de son père. Après avoir grandi avec sa mère maintenant décédée, Dan n’est pas en grande forme…

http://youtu.be/RsmyZGrS91A

Même si Dick Hallorann, le gentil cuisinier de l’hôtel Overlook, lui aussi doué du shining (un don surnaturel de télépathie et d’intuition), lui a appris à enfermer les fantômes et les peurs de son enfance dans de jolis coffres mentaux, Dan a été marqué à vie par cette tragédie — et on le comprend. Devenu alcoolique, il erre de ville en ville, de petit boulot en petit boulot, jusqu’à ce qu’une bagarre alcoolisée ou une gueule de bois carabinée ne le force à reprendre la route.

Il trouve enfin un peu d’espoir dans la petite ville de Frazier, où il déniche un emploi dans un hospice et use du shining

pour aider les patients mourants à passer de l’autre côté. Il découvre les Alcooliques Anonymes et sa vie reprend un semblant de normalité.

Mais le danger rôde sur les routes américaines. Le Noeud Vrai, une ancienne association d’êtres maléfiques, traque, torture et tue les gens doués du shining pour absorber leur « vapeur » lorsqu’ils meurent, ce qui permet à ses membres de vivre très longtemps, de se soigner et de rendre leur propre pouvoir plus puissant. Ils finissent par localiser Abra Stone, une adolescente extrêmement puissante, et en font leur objectif principal.

doctor-sleep

Sauf qu’Abra, de son côté, a entendu le pouvoir de Dan bipper dans son radar mental et est très contente d’avoir trouvé un ami qui la comprend et peut lui parler sans utiliser de mots. Ils vont devoir, ensemble, tenter de lutter contre le Noeud Vrai et sa chef, Rose, une femme diabolique qui fait d’Abra une affaire personnelle…

Un bijou d’humanité enrobé dans du surnaturel

Comme souvent chez King, l’aspect surnaturel de Docteur Sleep enrobe et émaille la vraie histoire, qui est celle de personnages résolument humains. Même la maléfique Rose ressent de la haine, de la peine, de la frustration, et une certaine forme d’amour ! Quant à Dan et Abra, ils forment un adorable duo, l’un tentant d’échapper à ses démons, l’autre se préparant à affronter son tout premier, du haut de ses treize printemps.

L’un des thèmes-clés du roman est d’ailleurs l’apparente normalité des « Vrais », qui ont choisi pour leurs sinistres activités la couverture la plus anodine du monde. Ils ont l’apparence de retraités plus ou moins jeunes, et circulent en camping-cars, bob vissé sur la tête, sticker « I <3 AMERICA » sur la porte, sillonnant le pays sans éveiller le moindre soupçon. Il y a de quoi devenir parano… mais de toute façon, lire un Stephen King, c’est rarement bon pour la tranquillité d’esprit !

On retrouve dans Docteur Sleep un de mes décors favoris chez l’auteur : une petite ville de Nouvelle-Angleterre (cette fois, on quitte le Maine pour le New Hampshire), avec sa petite attraction touristique, ses personnages hauts en couleurs et sa vie tranquille… seulement en apparence. J’ai toujours aimé cette plongée dans des bourgades au premier abord inintéressantes, du genre qu’on ne fait que traverser, mais qui contiennent autant d’émotions, d’humanité et d’Histoire que de grandes métropoles.

new-hampshire

Un manichéisme de façade pour des démons bien réels

A priori, il est facile de distinguer méchants et gentils dans Docteur Sleep : le Noeud Vrai kidnappe, torture et assassine des innocent-e-s, généralement jeunes (puisque le shining s’étiole avec les années, surtout à la puberté), alors qu’Abra n’est qu’une enfant et que Dan fait le bien autour de lui, dans la mesure du possible.

Mais ce n’est pas forcément aussi simple, et tant mieux, sinon on s’ennuierait. Dan lutte contre ses propres démons, ses propres faiblesses, et sa plus grande peur : devenir comme son père, un alcoolique terrifié, incapable de soigner son addiction, vulnérable au point de céder devant la puissance néfaste de l’hôtel Overlook. Abra, en grandissant, connaît ses premiers conflits et est tentée d’utiliser ses extraordinaires pouvoirs pour des raisons pas forcément très nobles.

D’autres personnages secondaires ont leurs failles, et certains membres du Noeud Vrai ne sont pas que des goules affamées de sang frais : l’une d’entre elles, Andi, a été traumatisée à vie par les viols répétés commis par son père lorsqu’elle était enfant…

En conclusion, Docteur Sleep est un vrai pari réussi, et c’est toujours agréable de redécouvrir un personnage qu’on a aimé. Même si Dan Torrance a pris bien cher et n’est pas devenu le plus sain et le plus sage des hommes, il reste un héros passionnant, et le Noeud Vrai est un ennemi redoutable. Enfin, je suis contente de voir que Stephen King gagne en modernité avec le personnage d’Abra, une pure ado des années 2010, fan de Daenerys et accro à Fruit Ninja !


Les Commentaires

4
Avatar de Mymy Haegel
19 août 2014 à 16h08
Mymy Haegel
@Denderah : j'ai essayé de m'en tenir aux grandes lignes de l'intrigue, après je pars du principe que si on ne veut rien savoir sur une oeuvre on ne va pas en lire les critiques, moi je n'ai rien lu sur Docteur Sleep avant de l'entamer ! Cela dit un averto au début ne peut pas faire de mal, je vais l'ajouter, on ne sait jamais

Après pour les critiques que tu soulèves ainsi que @Beth Greene je passe en spoiler

Contenu spoiler caché.

Enfin pour le grand nombre de marques citées ça me semble être quelque chose de récurrent chez King, ça ancre l'histoire dans une réalité, par contre généralement je ne les connais pas puisque c'est des trucs américains des années 40 à 90 qui n'ont pas forcément traversé l'Atlantique. Là c'est vrai que ce sont des marques plus connues et plus mondiales (Subway, Mc Donald's...) mais je ne suis pas sûre qu'il y en ait beaucoup plus que d'habitude, c'est juste qu'on les connaît mieux (enfin, moi je les connais mieux en tout cas) !
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