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"Crédit photo : Gabriel Tovar / Unsplash"
Éditos de la rédac

Dix ans qu’on attend la PMA pour toutes, on se foutrait pas un peu de nous ?

Le Sénat s’est prononcé contre l’ouverture de la PMA à toutes les femmes mardi 2 février, un rebondissement dont je me serais bien passée…

Mise à jour du 4 février 2021 : Dans la nuit de mercredi à jeudi, les sénateurs et sénatrices ont adopté en deuxième lecture le projet de révision de la loi Bioéthique, mais sans la PMA pour toutes… Le texte devra maintenant passer en commission mixte paritaire pour que l’Assemblée Nationale et le Sénat tentent de se mettre d’accord sur une nouvelle version commune.

On vient donc de se reprendre plusieurs mois de délais dans la face, et même si on s’en doutait un peu, ça pique.

Article initialement publié le 3 février 2021.

Tiens, ça faisait longtemps que le Sénat ne m’avait pas mise en rogne ! Au moins quinze jours, non ?

Aujourd’hui, c’est en menaçant la PMA pour toutes qu’il a fait augmenter ma pression artérielle.

PMA pour toutes : le Sénat joue la montre

Le projet de révision de la loi Bioéthique passe en effet au Palais du Luxembourg en deuxième lecture cette semaine, et dans un bel élan de n’importe quoi, les sénateurs et sénatrices ont rejeté mardi 2 février l’article 1 qui doit permettre d’ouvrir la procréation médicalement assistée (et donc, le don de sperme) à toutes les femmes.

Un deuxième vote doit avoir lieu jeudi et mon petit doigt me dit que les élu·es de droite sont bien décidés à brosser leur électorat dans le sens du poil en piétinant nos ovaires (oui, c’est technique comme mouvement).

Ce n’est pas la première fois que le Sénat tente de jouer la montre. En première lecture déjà, il avait voté contre le remboursement de la PMA pour les femmes seules et les couples de femmes.

Après tout, il faudrait quand même continuer à maintenir d’une manière ou d’une autre une injustice flagrante envers les femmes —ces sorcières— voulant mettre au monde un enfant hors des liens sacrés du couple hétéro.

PMA pour toutes : ça fait dix ans qu’on l’attend !

Sauf que là, franchement, la coupe est pleine. Ça va bientôt faire dix ans que les gouvernements successifs nous promettent d’adopter une loi pour ouvrir la PMA à toutes les femmes. Et je me sens encore plus prise pour une pigeonne que la fois où j’ai acheté une veilleuse « miracle » très cher en espérant que ça réglerait tous les problèmes de sommeil de ma fille.

Sœur Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Je ne vois que la Manif Pour Tous qui éructe et les élus qui lambinoient.

En mars 2012 déjà, Najat Vallaud-Belkacem promettait la PMA pour toutes lors d’un meeting de campagne en soutien au candidat François Hollande. Sauf qu’une fois au pouvoir, le gouvernement se concentre uniquement sur le mariage pour les couples de même sexe et laisse tomber la PMA. Temporairement, assure-t-on… Mais le projet de loi qui devait la porter n’aboutira pas pendant le quinquennat. Et bim, cinq années de perdues !

En 2017, l’ouverture de la PMA à toutes les femmes est dans le programme d’Emmanuel Macron, mais là encore, une fois au pouvoir, cela ne semble plus faire partie des urgences à traiter… Il faut attendre septembre 2019 pour que le texte arrive à l’Assemblée nationale. Et depuis, il se balade entre les deux hémicycles, comme si on n’avait que ça à faire.

Dix ans d’attente, c’est beaucoup en matière de fertilité

Oui, parce que dix années, à l’échelle d’un pays, ça ne paraît pas grand-chose, mais dix années dans la vie d’une femme, ça représente tout simplement pour certaines la possibilité d’avoir ou non un enfant.

Je ne vais pas vous faire un cours de bio sur la reproduction humaine, mais vous savez certainement que la fertilité décline avec l’âge. Alors les atermoiements des parlementaires condamnent certaines femmes à devoir purement et simplement faire le deuil de la maternité.

Et pour celles qui ne renoncent pas, les chemins qu’elles doivent emprunter sont bien périlleux.

Laissez-moi vous parler de celles qui font des allers-retours en Belgique ou en Espagne et dépensent des milliers d’euros pour réaliser leur rêve.

Ou de celles qui cherchent un donneur pour faire une insémination artisanale, en sachant qu’elles risquent non seulement des IST, mais aussi des galères juridiques si le gentil donneur voulait soudain reconnaître l’enfant…

Laissez-moi enfin vous parler de toutes ces femmes qui doivent adopter leur propre enfant, pour être reconnues légalement comme la mère de ce bébé qu’elles ont pourtant désiré, attendu et accueilli avec leur épouse.

Vous allez perdre, mais en attendant vous faites courir des risques aux femmes

Chers sénateurs et sénatrices, toutes vos tentatives pour empêcher cette loi d’être adoptée ne font que retarder l’inéluctable, tout en faisant courir des risques sanitaires et juridiques aux femmes (et à leurs enfants).

Même si l’article 1 n’est pas adopté jeudi, même si le texte de révision de la loi Bioéthique doit refaire un passage devant les parlementaires, vous allez perdre.

Pas parce que c’est le sens de l’Histoire (encore que…) mais parce qu’après la commission mixte paritaire, autrement dit la prochaine étape où vous ne parviendrez pas à vous mettre d’accord avec les député·es, c’est l’Assemblée nationale qui aura le dernier mot. Et ça sera oui.


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