Le 23 avril 2013, l’Assemblée nationale adoptait la loi dite Taubira (même si la loi n° 2001-434 du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité porte, elle aussi, ce surnom) sur le mariage pour tous, autorisant les couples de même sexe à se marier, au même titre que les hétérosexuels. Mais avant réparation d’une inégalité homophobe, les ravages de la Manif pour tous ont eu le temps de marquer durablement des générations de personnes LGBTI, traumatisées par leurs discours de haine.
Dix ans après l’adoption en seconde lecture le 23 avril 2013 à l’Assemblée nationale, à 331 votes pour, et 225 contre, après une longue bataille parlementaire, la loi pour le mariage pour tous ensuite promulguée le 17 mai laisse donc de nombreuses traces dans les consciences, comme on peut l’entendre dans de nombreux podcasts qui permettent de se faire une idée de ses conséquences concrètes sur la vie des personnes LGBTI+ ou non, leur façon de faire couple et surtout de faire famille. Dix ans après, que reste-t-il de nos amours ?
« Un papa, une maman » de Sixtine Lys
Les droits des enfants étaient souvent instrumentalisés par les homophobes de La Manif pour tous afin de s’opposer à l’ouverture du mariage aux couples de même genre, arguant qu’il était absolument nécessaire d’avoir « un papa, une maman » (n’en déplaise aux familles monoparentales) pour que la société fonctionne. Détournant ce slogan binaire pour en faire le titre de son podcast, la journaliste Sixtine Lys nous présente deux parents d’un nouveau genre : Florent qui est gay et approche de la quarantaine, et Pascale, qui a accouché à 49 ans d’un bébé né de leur amitié le 8 mars 2021. Le podcast documentaire « Un papa, une maman » nous plonge, en dix épisodes d’environ 30 minutes chacun, en immersion dans leur quotidien vers la parentalité : leur parcours de fertilité, leur PMA, leur grossesse et leur coparentalité. De quoi illustrer, s’il le fallait, qu’on peut faire famille autrement qu’en étant un homme et une femme cisgenres, en couple hétérosexuel monogame. Loin des normes de genre et des inégalités qui vont souvent avec, on peut élever un enfant avec autant d’amour, si ce n’est plus encore.
« Quouïr » de Rozenn Le Carboulec
Après deux premières saisons consacrées respectivement au coming out et à l’homoparentalité, le podcast « Quouïr » de Rozenn Le Carboulec donne à entendre au fil de sa saison 3 intitulée « Au nom du fils » Augustin, 19 ans. Celui-ci se présente comme un « rescapé » de La Manif pour tous, car ses parents l’ont conduit, dès l’âge de 12 ans, aux rassemblements homophobes de ce mouvement s’opposant à l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même genre. À travers six épisodes, l’adulescent aujourd’hui ouvertement queer décrypte les impacts de son éducation catholique, homophobe, et hétéronormée, sur sa vie, son genre, et sa sexualité. On y entend également sa mère et ses sœurs, mais surtout d’autres personnes personnes LGBTI+ qui racontent les ravages du mouvement homophobe qui s’autoproclame depuis 2023 comme le « syndicat de la famille ».
« Coming out » de Elise Goldfarb et Julia Layani
Il n’existe pas une bonne manière unique de faire son coming out. À vrai dire, il existe autant de façon de le faire qu’il existe de personnes trans. C’est ce qu’on peut se dire en écoutant chaque personnalité invitées dans le podcast « Coming out » de Elise Goldfarb et Julia Layani (récemment adapté en livre). Chaque épisode donne la parole à une personne de la communauté LGBTI+ pour qu’elle raconte comment elle a pris conscience de son identité de genre et/ou sexuelle, comment elle l’a annoncé à son entourage, comment elle a appris à vivre avec, etc. De nombreux témoignages reviennent justement sur combien La Manif pour tous et les débats interminables sur les questions de mariage, d’adoption et de PMA ont pu traumatisées des générations de personnes LGBTI+.
10 ans de mariage pour tous en 3 chiffres
D’après l’Insee, entre 2013 et 2022, plus de 70 000 unions de personnes de même sexe ont été célébrées. Dont 7 300 dès l’année de la promulgation, et un boom de 10 500 en 2014, avant d’atteindre une stabilisation d’environ 6500 unions par an depuis. À noter que les lesbiennes se marient davantage que les gays désormais : 2021 a connu 3550 mariages entre femmes contre 2856 entre hommes. Vives les marié.es !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Je connais pas les 2 autres podcast mais ils ont l'air bien aussi!!