C’est une des grandes menaces qui pèsent sur nos valeurs républicaines. Promis, ce coup-ci, ce n’est pas encore l’écriture inclusive ou les menus sans viande. Non, cette fois, ce sont les réunions en non-mixité qui font à nouveau l’objet d’un grand débat médiatique, dans lequel chaque politique se donne le droit d’y ajouter son grain de sel.
Mais au fait, aviez-vous remarqué toutes ces réunions en non-mixité qui se tiennent déjà partout et tout le temps sans qu’on ne s’en soit jamais indigné ? Parce qu’en fait, pour certains, la non-mixité est déjà une réalité. Tous les jours.
Cette non-mixité qui ne fait peur à personne
Je vous assure, il y a déjà PLEIN, de ces réunions effrayantes
d’entre-soi et de communautarisme. La preuve ci-dessous dans un enchaînement d’exemples qui doit, nous le précisons, être réservé aux âmes sensibles.
Trigger warnings : costumes mal taillés et cheveux gris.
Non-mixité : quand l’hôpital (de l’entre-soi blanc masculin) se fout de la charité
Tout ça pour dire qu’en gros, la non-mixité, c’est visiblement ok quand ça concerne les hommes blancs de plus de 50 ans, hétérosexuels, cisgenres et valides. Qu’ils aient le droit de se rassembler entre eux dans des lieux d’échanges et de prises de décisions, ça ne scandalise personne.
Par contre, quand il s’agit pour des personnes issues des minorités de tenir des espaces d’échanges et de réflexions… là, tout de suite, cela devient un problème. Car là, vous risquez fort d’être accusée de faire de la discrimination, avec vos réunions « interdites aux blancs », « interdites aux hommes », voire aux deux, imaginez donc !
« La pratique de la non-mixité est tout simplement la conséquence de la théorie de l’auto-émancipation. L’auto-émancipation, c’est la lutte par les opprimés pour les opprimés », explique la sociologue féministe Christine Delphy.
La non-mixité n’est pas une finalité en soi, contrairement à ce que les accusations de séparatisme et de ségrégation voudraient nous laisser croire. S’organiser en non-mixité, c’est donc avant tout un outil politique : c’est créer un espace où la parole d’une personnes opprimée ne sera pas remise en question, où celle-ci pourra s’exprimer sur ce qu’elle vit et être comprise, et surtout où pourront émerger des stratégies collectives contre les discriminations.
Monter des polémiques tous les six mois pour les dénoncer en les accusant de racisme, n’est qu’une façon de plus d’empêcher les minorités de s’organiser pour lutter contre les oppressions qui les concernent. Et qui, comme les réunions non-mixtes de quinquagénaires blancs, ne choquent personne.
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