Publié initialement le 2 octobre 2018
Dans un couple, il arrive que l’on ait pas envie de regarder le même film ou de manger japonais au même moment. Il arrive aussi que l’un ait envie de sexe, et l’autre de dormir.
Mais lorsque le désir ne coïncide plus sur la durée, la différence de libido peut créer tristesse, frustration, voire colère.
Coach spécialisée en amour et psychologue, Nina Luka donne trois conseils pour en parler sereinement avec son ou sa chéri·e.
Accepter que l’amour et le sexe ne soient pas indissociables
Quand on aime, on couche. C’est le schéma simpliste et erronné qui teinte nos représentations en matière de sexe dans le couple.
La personne qui a le plus envie de sexe et se sent rejetée peut l’interpréter comme une baisse des sentiments de l’autre à son égard.
Mais pour Nina Luka, il est important de nuancer cette idée reçue :
« Il faut casser le mythe que l’amour et le sexe vont ensemble, sont indissociables, simples et devraient rouler tout seuls. Le sexe n’est pas instinctif, cela s’apprend. L’érotisme de soi et du couple, ça se cultive.
Ça nous fait plus de mal qu’autre chose de penser que tout devrait rouler tout seul car ensuite, si ce n’est pas le cas, on pense qu’il y a un problème avec notre façon d’être ou nos sentiments pour l’autre.
Il faut être ouvert à l’idée qu’il y a par exemple des couples platoniques. »
Ne pas avoir envie de relations sexuelles avec son ou sa partenaire ne remet donc pas automatiquement en cause l’amour qu’on lui porte. Nina Luka invite celui ou celle qui se sent rejetée à relativiser :
« Dans un couple, on ne se pose pas la question de savoir si l’on veut systématiquement aller au ciné au même moment. Il arrive que l’un ait envie de sortir et l’autre non, et cela peut se produire au lit aussi. »
Mais quand la différence de rythme est très marquée, qu’elle s’inscrit dans la durée et que cela pèse à l’un des partenaires, il faut trouver les mots pour en parler.
Gérer la culpabilité, des deux côtés
La différence de libido est difficile à gérer tant pour celui qui est en demande, que pour celui qui refuse car elle peut créer de la culpabilité des deux côtés.
Celui qui a toujours envie pense qu’il est obsédé, que sa libido devrait être refrénée. Celui qui n’a jamais envie pense que quelque chose cloche chez lui, qu’il est incapable de satisfaire l’autre.
Pour aborder la situation sereinement, il est important de réaliser que ce n’est pas l’excès de désir de l’un ou le manque d’envie de l’autre qui est « anormal »
et pose problème.
D’ailleurs, si tu es heureux avec ton désir qu’il soit petit ou grand, rien ne pose problème dans l’absolu et il n’existe pas un niveau « normal » de libido.
C’est quand la différence entre les deux pèse à l’un des partenaires (ou aux deux) que le couple fait face à une difficulté.
Personne ne porte donc la faute de la frustration de l’autre (être celui qui dit toujours non peut aussi être frustrant).
« Nous n’avons pas à culpabiliser l’autre ou nous-même pour notre niveau de libido. C’est à nous-même de prendre la responsabilité de la satisfaction de nos besoin. »
Dans tous les cas, il est contre-productif de forcer la personne qui n’a pas envie, et inutile à terme de tenter de brider celle qui est en demande.
« Si l’on reproche à quelqu’un de ne pas assez faire l’amour, la personne va bien naturellement répondre qu’elle n’a pas à se forcer. Il faut aller au-delà des reproches pour que l’autre ne se sente pas agressé.
Mieux vaut dire : je respecte tes désirs, ton rythme mais je vis mal cette situation, car… »
Et pour compléter cette phrase, il va falloir mettre en œuvre quelques capacités d’introspection.
Communiquer ses besoins pour trouver des solutions
Taire ses frustrations, passer ses incompréhensions sous silence et de ne pas oser verbaliser ses besoins peut aggraver les choses.
Pour Nina Luka, le fait de mettre des mots sur la situation peut permettre de mieux la vivre :
« Il est important de passer par des mots. Si on ne passe que par le corps, en se rapprochant pour tenter d’initier un rapport, le fait que l’autre nous repousse physiquement peut être difficile à encaisser. »
Le simple fait d’aborder le sujet avec l’autre peut déjà lui permettre de prendre la mesure de ce que vous ressentez, que vous soyez frustrée par ses refus ou sous la pression de ces sollicitations permanentes.
Avant d’ouvrir la conversation, il est important de se pencher ses propres besoins. Cerner clairement ce qui nous chagrine donne à l’autre la possibilité de nous comprendre et de pouvoir chercher des solutions.
Nina Luka donne des pistes pour celles et ceux qui se retrouvent toujours à dire « Non » :
« La personne qui a le moins envie peut se demander si son rythme lui convient. Si oui, à elle de voir quelles solutions trouver avec son partenaire qui aimerait plus de sexe.
Si elle-même se rend compte qu’elle aimerait avoir plus de désir, elle pourra travailler à réveiller son érotisme ou à déconstruire les conditionnements vierge/putain.
Elle peut aussi se demander s’il y a des raisons particulières à sa faible libido : des traumas ou des premières expériences qui n’étaient pas cool.. »
Du côté de celles et ceux qui sont perpétuellement en demande, il est aussi possible d’aller chercher ce qu’il y a « en-dessous » de l’envie de sexe, pour aller au cœur du problème :
« Il est important de mettre des mots sur ce qui nous manque quand notre partenaire ne veut pas de rapport.
Est-ce un besoin purement physique qui n’est pas comblé ? Une envie d’être désiré, aimé ? D’être rassuré parce qu’on soupçonne une infidélité ou qu’on pense qu’on est pas attirant…? »
Aller plus loin que la question de la fréquence des rapports permet à chacun de se sentir respecté et de créer une ouverture pour trouver des solutions qui conviennent aux deux parties.
À chacun de choisir sa manière de s’adapter à la situation, que soit en ouvrant son couple, en explorant un éventail de connexions corporelles plus larges (câlins, masturbation à deux, sexe sans pénétration…), ou simplement en rassurant l’autre sur ses sentiments et en trouvant une autre manière de les lui exprimer.
Nina Luka conclut :
« La différence de libido n’est pas la mort assurée d’une union. C’est à vous de juger si votre couple peut dépasser la différence. »
Et toi, est-ce que la différence de libido en couple t’a déjà pesé ? Comment tu as géré la situation ?
À lire aussi : Je suis une sexothérapie avec mon copain, pour lutter contre la routine au lit
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Et c'est sur que ça se fait à deux, sinon, c'est pas un compromis mais une négation de soi, et c'est clair que c'est pas viable.