- Prénom : Diane
- âge : 52 ans
- célibataire depuis : dix ans
- lieu de vie : une grande ville
- orientation sexuelle et amoureuse : « Dans les faits, hétéro, mais je ne suis pas fermée : je pense que je pourrais tomber amoureuse d’une femme »
- pronoms : elle/elle
Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ?
Je suis célibataire depuis 2013, soit bientôt 10 ans, et j’en suis très heureuse !
Quel est votre rapport au célibat ?
À 24 ans, j’ai rencontré le père de mes trois enfants. Nous avons passé ensemble 10 années correctes, et 10 ans à m’oublier.
Les 5 premières années, nous avons vécu comme des étudiants et notre relation se passaient bien. C’est quand nous sommes devenus parents que les choses se sont petit à petit dégradées : quand j’ai rencontré mon ex-conjoint, c’était un homme plutôt féministe, et pourtant, il a installé un schéma très patriarcal dans notre famille.
Quand notre premier enfant est né, il s’est occupé de lui à 50 % avec moi. Il s’est occupé à 25 % du deuxième, et quand le troisième est né, je m’occupais de tout. Je gérais tout à la maison, c’était une charge mentale et physique totale. Si j’essayais d’avoir un travail ou des projets en dehors de la maison, ça ne marchait pas parce qu’il ne me soutenait pas du tout.
Je n’étais plus moi-même en tant que personne. J’étais la mère de mes enfants, la femme de mon mari. J’ai fini par avoir un déclic et à voir tout ce qui n’allait pas dans cette configuration, alors je suis partie, sans argent ni travail. Et à partir de là, j’ai commencé à me reconstruire.
« J’ai retrouvé mon estime de moi quand je suis devenue célibataire »
C’est en étant célibataire que je me suis retrouvée, et j’ai redécouvert l’estime de soi. Je me suis rendu compte que je n’avais besoin de personne, que j’étais capable de vivre seule, que tout m’était accessible, que les décisions que je prenais étaient les bonnes… Et, avec beaucoup moins de charge mentale, j’ai pu faire beaucoup plus de choses par moi, et pour moi !
Je me suis remise à dessiner, j’ai repris la photographie, j’ai eu le temps de lire et d’aller au cinéma. Surtout, j’ai retrouvé les moments de rien qui sont très appréciables. Se poser dans un canapé, ne rien faire, c’est le pied ! Je n’avais pas eu l’occasion de le faire depuis très longtemps.
Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?
Même si j’avais plus d’amis que mon conjoint au début de notre relation, j’ai perdu beaucoup de proches dans la séparation. J’avais besoin de tourner la page, de me reconstruire de A à Z. Pendant cette période, je me suis recentrée sur moi.
Côté fratrie et parents, j’ai acquis un nouveau statut avec plus de reconnaissance. Je viens d’une famille où il n’y a eu qu’un seul divorce en tout et pour tout, celui de ma grand-mère après la Seconde Guerre mondiale. Juste après la séparation, il y a eu un moment d’incompréhension de la part de mes parents qui s’est rapidement transformée en admiration : ils me trouvaient forte d’avoir réussi à m’en sortir, et ont compris que je m’en sortirais quoi qu’il arrive.
Estimez-vous que le célibat a une influence sur votre moral, au quotidien ?
Pour moi, le célibat est une chance. Il me permet de voir à quel point je suis forte et indépendante. Et franchement côté moral, je me sens tellement mieux !
Pensez-vous qu’être célibataire vous permet des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ?
À nouveau, il me permet d’être libre de mes choix ! En fin de compte, je me dis que le couple et une notion à réinventer : le mariage, c’est sympa pour faire une fête, mais ça donne l’impression que tout est acquis, et que derrière, il ne faut plus faire d’efforts. J’ai besoin de mon propre espace d’indépendance, pour me trouver et m’épanouir.
Je n’ai pas de schéma fixé sur ce à quoi ressemblerait ma vie si je devais me remettre en couple, mais ce qui est sûr, c’est que j’éviterai la vie commune les premières années. Hors de question que je m’occupe de ses chaussettes !
À l’inverse, pensez-vous qu’il y a des choses que vous ne pouvez pas faire à cause de votre célibat ?
J’ai un frein à faire des voyages seule, et je trouve que les vacances en solitaire sont un peu tristes. Être à deux permet aussi d’échanger, de trouver des nouvelles idées, cela me manque un peu.
Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ?
C’est un peu aléatoire, ça dépend. En ce moment, je me sens bien seule. Parfois, j’ai envie de m’y remettre un peu et je passe par Tinder, j’avoue. Je l’utilise certains soirs. Au début, j’y trouvais surtout des amants, après des amitiés. Mais il faudrait inventer une application pour les gens de gauche et féministes !
Mes enfants m’ont dit que Tinder ce n’était que pour les plans culs, donc j’ai essayé Bumble, mais pour l’instant, ça n’a pas encore donné grand-chose. J’ai souvent l’impression de vite faire le tour, les profils se ressemblent beaucoup. Par ailleurs, trouver des partenaires d’âge équivalent n’est pas faciles : les hommes de mon âge cherchent souvent des femmes beaucoup plus jeunes (certains disent même qu’ils veulent avoir des enfants !) et les plus jeunes ne cherchent pas d’engagement.
Le célibat affecte-t-il votre vie sexuelle ?
Je n’était pas très comblée sexuellement dans mon mariage, et mon partenaire estimait presque que c’était ma faute. Moi, je ne ressentais pas d’intérêt pour notre vie sexuelle, qui n’avait rien de joyeux. Après la rupture, j’ai eu une période très active de rencontres sensuelles, et j’ai découvert que le sexe était drôlement sympathique !
Être célibataire m’a permis de me ré-approprier ma sexualité, ou parfois mon absence de désir : si je n’en ai pas envie, ça ne me dérange pas, je sais ce que je veux.
Est-ce que vous avez une anecdote à raconter sur le célibat ?
Après mon divorce, des amis m’ont demandée ce que j’allais faire, célibataire à 43 ans. J’ai pensé à mes parents qui ont 80 ans, et je me suis dit : j’ai encore la moitié de ma vie devant moi, c’est trop bien ! J’ai vécu cette rupture comme une vraie renaissance.
Et puis il y a les anecdotes de rendez-vous Tinder… J’en ai assez pour écrire un livre !
Crédit photo : Getty Images / Maria Dubova
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