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Cowspiracy, le docu qui m’a fait devenir végé du jour au lendemain

Naguère énorme consommateur et adorateur de viande, Fab est devenu végétarien notamment grâce à un docu appelé Cowspiracy, qu’il te présente ici.

Le 3 juin 2016

J’ai toujours été du genre à aimer LA BONNE VIANDE. Je pense même que j’étais ce qu’on appelle communément un « viandard ».

Je ne disais jamais non à un bon morceau de barbaque, de préférence cuite bleue. La côte de bœuf était mon amie et je kiffais l’idée d’une tranche d’onglet bien tendre.

ron swanson meme
« Il y a erreur, vous m’avez donné la nourriture que ma nourriture mange » (Ron Swanson, viandard forever, devant des légumes)

Puis, ces dernières années, de discussions en lectures, petit à petit, j’ai commencé à être un peu plus sensibilisé au végétarisme.

Devenir végétarien en repensant son rapport aux animaux

Clémence Bodoc a été mon premier lien avec le sujet, mais son véganisme me paraissait trop inaccessible.

Le premier qui a réussi à me marquer, c’est Patrick Baud (bisous Patoche), qui m’a dit au détour d’un apéro une ou deux phrases dont il a le secret, du genre :

« Je pense qu’on regardera dans cent ans le fait de manger de la viande comme on regarde aujourd’hui l’esclavagisme, c’est-à-dire une aberration.

L’humanité élargit sans cesse sa « sphère de considération morale », comme dit Aymeric Caron. »

« L’esclavage est devenu inacceptable, puis les femmes ont eu le droit de voter, puis les mariages entre personnes du même genre ont été légalisés, etc.

Le fait de considérer que les autres espèces ont le droit de vivre et ne sont pas de la matière première pour nous fait partie de ce cheminement éthique, je pense.

C’est la prochaine étape, et elle sera de toute façon indispensable. »

Wow. J’me suis dit « Ah ouais, pas con »…

Mais pour autant, la problématique végétarienne ne m’interpellait pas plus que ça.

Les abattoirs et le militantisme végétarien

Les images horribles des abattoirs dont se servent les militants pour dénoncer l’industrie de la viande ne me touchaient pas outre-mesure, je le confesse.

Car l’idée que des salopards puissent exploiter autrui pour leur profit, et pour mon plaisir (ne soyons pas hypocrites), jusqu’à la cruauté, ne m’a jamais vraiment étonné…

Ma misanthropie latente et mon manque de confiance envers le genre humain dans sa globalité m’avaient un peu trop vacciné.

Mais bon, l’idée faisait son chemin, sans que je sois capable pour autant de changer de comportement. Les oeillères étaient solidement arrimées.

Devenir végétarien grâce au documentaire Cowspiracy

J’avais un samedi après-midi à tuer, mes filles logées dans des anniversaires, ma femme au boulot et pas spécialement de travail urgent — situation suffisamment rare pour que je prenne un peu de temps pour moi.

J’ai lancé Netflix, je suis tombé un peu par hasard, et sans trop comprendre pourquoi, sur cette vache bizarre qui sert d’illustration au documentaire Cowspiracy.

J’ai cliqué, sans vraiment être intrigué, plutôt poussé par l’envie de creuser un peu les conversations du passé, j’ai commencé à regarder et le docu qui m’a accroché dès les premières minutes.

Le pitch est ultra simple : le réalisateur se pose la question que tout militant écolo est en droit de se poser.

Ça fait des années qu’il fait attention à sa consommation d’eau, à éteindre les lumières, à se déplacer à vélo… et il s’étonne qu’aucune ONG ne parle de l’impact de l’industrie agro-alimentaire sur la planète.

Il va donc chercher, tout au long du docu, d’où vient ce silence.

Cowspiracy est diablement efficace, particulièrement pour moi : pas d’images d’abattoirs ou de violences horribles, juste DU PRAGMATISME et des chiffres.

Plein de chiffres, plein de comparaisons, de métaphores, qui aident à comprendre l’impact incroyable de l’industrie agro-alimentaire sur la planète.

Devenir végétarien pour la planète

Quelques chiffres m’ont marqué. Je vous les livre en vrac.

  • Saviez-vous que l’industrie agro-alimentaire est responsable à elle seule de 50% des émissions de gaz à effet de serre ?
  • Saviez-vous qu’une vache mange CHAQUE JOUR entre 60 et 70 kilos de nourriture et boit entre 100 et 150 litres d’eau ?
  • Saviez-vous qu’on élève sur la planète actuellement 70 MILLIARDS de bêtes (10 fois plus que la population mondialeà qu’on nourrit et engraisse uniquement pour qu’une infime partie des gens puissent les manger ?
  • Saviez-vous que pour produire un steak haché de 150g, il faut environ 2500 litres d’eau ? Si on part du principe qu’une douche utilise environ 50 litres d’eau, un hamburger correspond donc à un mois et demi de douches.

À lire aussi : Manger plus sain et plus équilibré, un défi – Le Petit Reportage

Le docu regorge de ces données, appuyant chaque séquence par des schémas qui vous obligeront sans doute à faire pause pour vérifier que vous avez bien saisi les propos de la voix-off.

devenir végétarien
Les humains consomment 20 milliards de litres d’eau et 9 milliards de kilos de nourriture ; les vaches, 170 milliards de litre et 61 milliards de kilos de nourriture.

Devenir végétarien en repensant mon rapport à la viande

Il y a aussi une scène qui m’a particulièrement marqué et qui m’a mis la claque finale.

Kip Andersen, qui se demande si on peut réussir à manger de la viande à « petite échelle », s’arrête chez un fermier possédant 40 canards, qu’il élève au grain et que sa famille mange pour leur consommation personnelle.

Le fermier chope alors deux canards, qu’il abat de sang-froid sous l’objectif de la caméra. Un grand coup de hachette dans le cou.

Tout au long du plan où il est en train de placer le canard, je pensais naïvement que le réalisateur ne le montrerait pas se faire abattre.

Un plan sur le hachoir, le bruit du métal contre le bois, sur un fond noir, auraient permis de comprendre l’idée. Mais non, on voit bien l’oiseau se faire dégommer.

Je me suis senti tellement mal que j’ai dû faire pause sur la vidéo, reprendre mes esprits deux secondes avant de me poser deux questions :

  • Mais bordel, pourquoi je me sens aussi mal de voir ce canard se faire tuer, alors que j’aime vraiment le magret ?
  • Qu’est-ce qui fait que j’ai perdu toute notion de rapport à ma nourriture, alors que mon grand-père avait des cages dans son jardin, où il élevait des lapins pour en tuer un chaque dimanche avant de le faire mijoter ?

Je serais aujourd’hui incapable de buter un lapin, encore moins de le dépecer, et je tourne de l’oeil en voyant à la télé un canard se faire couper le cou.

À quel point en deux générations, on a réussi à perdre complètement ce rapport à notre nourriture ?

Deuxième énorme claque, après celle des chiffres et l’impact environnemental de l’industrie agro-alimentaire : j’avais ENFIN pigé que derrière les barquettes de viande se trouvaient des animaux qu’on abat pour que je les mange.

Oui je sais, je suis lent. Ça m’aura pris 37 ans à déconstruire, mais l’électrochoc fut tel que j’ai arrêté du jour au lendemain de manger de la viande.

Je continuais à manger du poisson depuis, j’ai arrêté il y a un mois.

8 mois après être devenu végétarien

Ça fait huit mois maintenant, c’est encore peu, mais ça me permet de dresser un rapide premier bilan.

Ma seule envie de viande depuis que je suis végétarien

En huit mois, j’ai ressenti une seule envie de viande, le seul moment où mon cerveau de carnivore m’a trollé… le jour où j’ai senti l’odeur d’une côte de boeuf que Margaux cuisinait à la rédac.

Malgré ça, l’envie m’est passé en quelques secondes, et je n’ai même pas eu envie de piquer dedans quand j’ai vu la viande rouge, qui était pourtant TELLEMENT mon péché mignon !

L’envie de viande et de poisson m’est vraiment passée à tout jamais et je sais pertinemment que je ne ferai pas comme ces fumeurs qui s’arrêtent un an ou deux pour reprendre : le végétarisme fait désormais partie intégrante de ma vie.

Affirmer auprès des autres que je suis végétarien

Du coup, je commence à affirmer mon choix, petit à petit — la preuve avec cet article.

Je considérais que mon végétarisme était ma petite contribution à mon échelle, et je n’avais pas vraiment envie de le crier sur tous les toits comme pour me donner une bonne conscience…

Durant les premiers mois, je n’osais pas (ou je n’avais pas envie de) demander à la serveuse d’enlever le jambon dans des pâtes qui me faisaient vraiment envie. Mais c’est fini, je tente, au pire elle me dira non !

Être végétarien en famille

Au niveau de la famille, ma femme a commencé à suivre mon chemin ; même si elle continue à manger de la viande, elle en consomme moins qu’avant.

Ça sera beaucoup plus compliqué pour mes filles, à qui j’ai fait ce cadeau empoisonné de les conditionner à l’idée que « la viande c’est la fête ».

Elles demandent d’ailleurs régulièrement si elles vont « devoir » passer au régime végétarien.

Si ça ne tenait qu’à moi, je les y mettrais… mais c’est sans compter la cantine de leur école, qui n’est de toute façon pas prête à offrir aux enfants des alternatives à la viande et au poisson.

Le végétarisme et les autres

Je commence à comprendre pourquoi c’est si compliqué, socialement, de devenir végétarien…

Les gens se sentent pris en défaut quand tu leur dis que tu ne manges plus de viande, et commencent à se justifier, même si tu ne leur as strictement rien reproché.

Je ne ferai d’ailleurs jamais culpabiliser les personnes mon entourage sur leur consommation de viande, chacun sa route chacun son chemin ! Mais le mécanisme d’auto-défense est assez marrant à voir fonctionner.

Les effets du végétarisme sur mon corps

En changeant de régime, j’en ai profité pour faire attention à ce que je mangeais et j’ai perdu plusieurs kilos.

Je n’ai jamais eu autant d’énergie que depuis que j’ai arrêté la viande. Un constat tellement contradictoire avec ce que la société m’avait fourré dans la tête depuis le plus jeune âge !

Quand j’ai annoncé à mon père que j’étais végétarien, il m’a dit :

— Mais comment tu vas faire pour trouver de l’énergie ?

Attention ! Je ne dis pas que vous devriez devenir végétarien pour perdre du poids, pas du tout ! Simplement, un tel changement de paradigme permet parfois de remettre complètement sa façon de vivre en question.

Un jour, le véganisme ?

En arrêtant le poisson il y a quelques semaines, je me suis rendu compte que je pouvais vraiment m’adapter à n’importe quel régime ; je sais que le chemin emprunté vers le végétarisme m’amènera tôt ou tard au véganisme.

Et encore une fois, c’est Cowspiracy qui m’en a fait prendre conscience.

Cowspiracy, le végétarisme, et le climat

s’achève en démontrant à quel point le véganisme devient l’une des seules solutions viables pour que les (presque) 10 milliards d’humains et humaines vivent sans épuiser la planète.

Mais encore une fois, il le fait sans prosélytisme, juste par des faits difficiles à contrer… enfin, sans y mettre une bonne dose de mauvaise foi !

De mon côté, je ne vais pas changer mon régime alimentaire du jour au lendemain et passer au véganisme comme je l’ai fait avec le végétarisme.

Déjà parce que je ne suis pas prêt mentalement à arrêter le fromage et la crème, par exemple. Mais on fait désormais en sorte d’acheter des frometons chez le fromager du coin plutôt qu’en grandes surfaces…

À lire aussi : Du fromage vegan de synthèse : WTF ou révolution ?

Mais je sais que je vais avancer doucement vers le véganisme, petit à petit, à mon rythme, en coupant petit à petit les produits issus des animaux.

C’est inéluctable et je me dis que c’est l’un des petits trucs que je peux faire à mon niveau pour offrir à mes mômes, et à ceux des autres, une planète la moins ravagée possible !

À lire aussi : Le Défi Veggie, une semaine 100% végé pour le climat !


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Les Commentaires

303
Avatar de Cha_215
11 août 2019 à 11h08
Cha_215
@Elanore je sais pas si ça peut t'aider, mais en termes de goût je trouve que celui du paprika fumé ressemble vachement au goût du chorizo (je dis ça par rapport à ta dernière remarque).
Ca m'avait rassurée parce que j'avoue qu'abandonner le chorizo (le saucisson et le bacon aussi. Certaines charcuteries en fait) me rendait un peu triste quand j'ai décidé de transitionner vers le végétalisme

De mon côté c'est assez "rigolo" parce que j'ai décidé de devenir au maximum végétalienne (pour l'instant je suis plutôt flexitarienne, même si j'aime bien le terme - qui n'existe pas à ma connaissance - de flexitalienne ^^) pour des raisons environnementales mais maintenant, j'avoue que j'ai de plus en plus de mal à ne pas imaginer l'animal mort quand je vois de la viande dans une assiette.
Ca me gêne de plus en plus même si ce n'était pas ma motivation première. Ca doit être la fin de ma dissonnance cognitive à force de me renseigner.
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