Il faut que je te parle de ma dernière épiphanie.
Aujourd’hui, j’ai arpenté la Croisette sous des trombes d’eau, pour me rendre à une conférence.
« Conférence »… c’est un mot dont je déteste la sonorité et l’image.
Austère, presque vieillot, il déclenche mon alarme « je vais m’emmerder sec » et m’évoque, va savoir pourquoi, une odeur de vieux revêtement de voiture.
Les seules conférences auxquelles j’ai assisté, c’était à l’école et sur des thèmes soporifiques.
J’étais toujours coincée entre plusieurs camarades très bons élèves qui écoutaient d’un air inspiré. Ensuite, ils prenaient des notes, et encadraient leurs titres.
À mille lieues de ces sérieuses activités, je préférais me perdre aux confins de ma tête. En esprit, j’étais parfois une comédienne française éthérée, parfois une espionne fatale d’origine tchèque…
Cela dit, la conférence d’aujourd’hui serait différente, je le savais.
Et j’avais raison.
CanneSeries Institute, la résidence d’écriture qui aurait du exister plus tôt
Cette conférence avait plusieurs qualités.
La première : être courte. C’est un facteur primordial pour se concentrer.
La seconde : présenter un sujet passionnant.
Abritée au sein de la gare maritime de Cannes, la salle In Development, réservée aux professionnels des séries, accueille aujourd’hui des masterclass et symposiums.
L’une d’entre elle présentait un programme annexe de la compétition de CanneSeries : CanneSeries Institute.
Alors qu’est ce que c’est ? Cette question était justement l’axe principal de cette conférence.
CanneSeries Institute, c’est une résidence d’écriture dédiée aux séries qui accueille 8 résidents français et internationaux, du 5 mars au 11 avril 2018.
À l’issue de cette formation, l’un d’entre eux se verra offrir l’opportunité de signer une convention de développement avec Canal+.
En gros, il s’agit d’un programme TRÈS intense d’écriture.
CanneSeries Institute, un défi stimulant
Tu imagines un peu ? Cinq semaines, ce n’est rien du tout. Ça a dû passer en un clin d’œil.
Lors de cette petite conférence, des scénaristes professionnels, comme Sarah Linton, la scénariste de Downton Abbey
et Franck Spotnitz, qui a notamment travaillé sur X-Files et The Man in the High Castle sont intervenus pour parler de leur métier.
Complètement nouveau en Europe, le développement d’une résidence d’écriture de séries est un énorme pas en avant.
Ces writing rooms sont des espaces importants, et il était temps qu’ils débarquent !
Nous avons donc pu rencontrer les 8 scénaristes, tous diplômés d’écoles prestigieuses comme Serial Eyes, Le Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle, ou la London Film School.
Tous étaient émus, au bord des larmes.
Il faut dire que ces 5 semaines de vie commune les a énormément rapprochés. Ils ont du apprendre à travailler ensemble, à écrire ensemble, à progresser ensemble.
Certains d’entre eux ont écrit un nombre incalculable d’histoires avant d’intégrer la résidence.
Imaginer, créer, réfléchir une intrigue : c’est leur travail. Et ils en sont passionnés.
Il y a 5 semaines, quand ils ont débarqué à Cannes, certains étaient en plein jet-lag, d’autres timides… Mais dès leur arrivée, il leur a fallu mettre le pied à l’étrier, et pitcher leurs idées, en dépit de leurs réserves, de leur fatigue.
Tour à tour, les professionnels les ont corrigés, aiguillés, conseillés. Comme l’a expliqué Franck Spotnitz :
« C’est cliché mais c’est vrai : l’écriture, c’est 99% de réécriture. »
Alors ils ont dû parfois recommencer. Mais c’était pour mieux atteindre leur but : livrer le meilleur script possible.
Quelque chose de simple mais d’impactant, capable de marquer les esprits.
Et au bout de ce tunnel compliqué bien que stimulant, la récompense est là : avoir donné le maximum, être fier de sa production.
Pendant 30 minutes, les intervenants se sont succédés, racontant leurs expériences au sein de la résidence, ou en tant que professeur.
Et sans mentir, j’ai arboré un sourire gaga de bout en bout. Devant moi, que des conteurs d’histoires !
L’écriture de séries et moi
Tu sais, l’écriture, c’est mon métier.
Pas comme les scénaristes, bien sûr, on a clairement pas le même niveau. Mais c’est tout de même ce qui compose l’essentiel de mon activité. Du matin au soir, chez madmoiZelle, on écrit.
Mais relayer des informations n’était pas mon objectif de vie. Ce qui m’anime depuis toujours, c’est raconter.
Même romancer mes vacances me rend heureuse — les raconter par ordre chronologique en essayant de leur donner une vie, un élan, une énergie !
Je me suis aussi libérée à travers le théâtre, une activité que j’ai exercée pendant 10 ans et qui m’a permis d’inventer, mais aussi d’interpréter les histoires des autres.
Et au niveau écriture, chez madmoiZelle j’aime à commencer mes articles par une petite histoire, une anecdote.
J’aime ce que je fais, mais je veux aller beaucoup plus loin. J’aimerais imaginer des histoires folles, donner vie à des personnages hauts en couleur, et me glisser dans leur peau !
J’aimerais vivre dans un roman, un film ou une série. J’aimerais m’enfermer dans les histoires.
Alors, CanneSeries Institute m’a fait rêver. J’ai admiré chaque personnalité dont j’ai croisé le regard, et qui a osé vivre de sa plume.
J’ai été inspirée, j’ai eu envie d’essayer, et je vais le faire. C’est décidé !
Bon, ce ne sera probablement pas une série, ce sera peut-être juste une nouvelle. Les enjeux et les dynamiques ne sont pas les mêmes mais peu importe, ce que je retiens de CanneSeries Institute, c’est le bel élan qu’il donne.
Cette tape sur l’épaule, nécessaire à une impulsion créative.
Alors merci à CanneSeries pour cette initiative nécessaire, qui aurait du exister bien plus tôt.
Tu rêves de devenir scénariste ?
C’est ce que tu veux depuis toujours ? Déjà gamine tu vivais d’incroyables odyssées, tout au fond de ta tête ?
Le format série te passionne, et tu souhaites tenter l’aventure ?
Cette année, comme tu t’en doutes, c’est cuit.
Mais l’année prochaine, il y a de TRÈS fortes de chances que CanneSeries Institute lance une deuxième édition. Et tu pourras candidater.
Pour connaitre toutes les conditions de participation, je t’invite à aller sur le site, où tout est détaillé.
Et n’oublie pas de ne jamais te laisser abattre !
Certains des scénaristes en herbe présents aujourd’hui essayent de pénétrer cette sphère depuis des années. Et leur opiniâtreté a fini par payer.
Il est temps de croire en toi.
À lire aussi : CanneSeries, chroniques d’un festival pop et branché, jour 2
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
En tout cas, bonne nouvelle Kalindi si ça a pu te donner un élan d'inspiration pour la suite