Coucou toi ! Tu vas bien ?
Ce dimanche, Corps à cœur Cœur à corps donne la voix à Lucie, qui a réussi à trouver un terrain d’entente avec son corps. Jusqu’ici, elle le voyait pourtant comme un poids.
Cette solution c’est d’apprendre à jouer avec son image… devenir coquette
, tout simplement !
Si tu n’as pas suivi, il s’agit d’une série de témoignages illustrés, mettant en avant des personnes qui ont décidé d’avoir un regard plus positif vis-à-vis de leurs complexes physiques.
Il ne s’agit pas de se sentir bien À TOUT PRIX (ça suffit les injonctions, oh !) ou de dire qu’il y a des complexes plus importants que d’autres, mais d’observer les chemins que prennent différentes personnes pour se sentir plus en paix avec elles-mêmes.
Tous les corps sont différents, ça te dit de les célébrer avec moi chaque semaine ?
Les illustrations sont faites par mes petites mains et à partir de photos envoyées en même temps que le texte. J’en reçois plusieurs et je choisis celle qui m’inspire le plus.
Donc, sans plus attendre, le témoignage de cette semaine.
Jouer avec mon corps pour apprendre à l’aimer
Mon corps et moi, nous entretenons un rapport de cohabitation, de coexistence.
Je ne suis pas mon corps : je vis avec.
Et comme toute vie qui se déploie avec quelqu’un, et non en étant ce quelqu’un, on se divise, ou on s’accorde. On se regarde avec méfiance ou avec amour.
Mon rapport à mon corps est conflictuel.
Longtemps je me suis battue contre lui, j’ai essayé de le vider au maximum, comme on vide un ballon de baudruche de tout son air.
Le plus rapide aurait probablement été de le faire éclater. Mon corps me déplait, me fatigue, me dégoûte parfois.
J’ai des jambes trop maigres, un ventre trop mou, une peau rougie, poilue trop poilue, mon nez m’est désagréable : long, bossu…
Longtemps j’ai haï les photos où je ne me reconnaissais pas. Détesté le maillot de bain. Fui l’idée de me retrouver nue face à quelqu’un — même dans l’obscurité.
Et puis progressivement j’ai changé d’attitude.
La solution résidait dans le problème : la cohabitation. Vivre avec quelqu’un c’est faire en sorte d’échanger, de comprendre l’autre, de construire ensemble l’espace qu’on partage, de savoir y rire ou y pleurer, de trouver des passions communes.
Il fallait que mon corps et moi nous puissions nous amuser ensemble.
Abstrait, dites-vous ? Je vous assure qu’on ne peut faire plus concret.
Si j’aime si peu mon corps, à l’inverse, je me passionne pour celui des autres et pour ce qu’ils en font. Je ne peux pas regarder un film sans me demander comment une actrice a été maquillée, je passe mon temps à détailler les allures dans les rues, un vêtement dans le tram…
Jouer avec mon corps s’est résumé à cela : se promettre à l’un et l’autre qu’on ne s’ennuierait plus mais qu’on innoverait constamment.
Je suis simplement devenue coquette…
Aujourd’hui je me réserve du temps pour les friperies, les magasins, pour chiner sur Internet, pour trouver un vêtement original, une pièce dont mon corps et moi, nous serons fières, qui nous mettra en valeur.
Je me fabrique des accessoires, je change de rouge à lèvres, de fard à paupières, j’expérimente. J’ai déjà 24 ans et je commence tout juste à m’intéresser aux sous-vêtements.
C’est devenu le moyen de désirer me dévoiler un peu plus, de me mettre à nu, le coquet secret que je garde jusqu’au dernier moment.
Je ne crois pas qu’il y ait quoique ce soit de superficiel là-dedans. Ni même que je tente vainement de masquer un problème.
C’est simplement un jeu commun à mon corps et moi, un pacte que nous avons passé pour désirer nous montrer ensemble et trouver des solutions face à notre situation un peu orageuse.
Aujourd’hui j’ose porter des vêtements que je n’aurais pas espéré mettre il y a quelque temps, parce que trop originaux, trop féminins…
J’en suis fière à présent parce qu’ils sont mon droit de paraître aux yeux des autres dans le monde, l’enveloppe qui nous enserre, mon corps et moi, dont nous sommes fières, notre espace de vie commune.
C’est une solution que je sais pérenne parce qu’à tout âge, il nous sera possible d’innover, lui et moi.
C’est une solution que je crois partageable parce que le vêtement, le maquillage, la coiffure, comme un masque que l’on choisit, est un moyen de se cacher autant que de s’affirmer, un moyen encore une fois de s’amuser tout en prenant très au sérieux le rôle que l’on choisit.
C’est plus qu’un simple « aimez-vous » ou « prenez soin de vous », c’est selon moi une technique concrète et accessible pour trouver un terrain d’entente avec celui qui nous suit partout, parce qu’il fait partie intégrante de ce que nous sommes.
Si on doit éclater lui et moi, comme ce foutu ballon de baudruche que je l’ai longtemps soupçonné d’être, ce sera dans un grand éclat de rire !
Témoigner sur ses complexes, ça fait quoi ?
J’ai également demandé à Lucie de faire un retour sur cette expérience : témoigner et voir son corps illustré, ça fait quoi, qu’a-t-elle ressenti ?
J’ai longtemps hésité à envoyer ce texte parce qu’il ne contenait finalement pas de réel problème. Je l’ai d’ailleurs écrit un jour où je voulais mettre au clair ma relation actuelle à mon corps, sans songer à le partager, puis en lisant tes articles je me suis dit… pourquoi pas ?
Participer a, au final, été un réel plaisir parce que je me trouve à un moment de ma vie où je regarde en arrière, et je constate que j’ai fait du chemin vis-à-vis de mon corps.
J’ai eu un rapport à mon physique longtemps détestable, au moins durant toutes mes années lycée, et un peu après encore.
J’ai choisi d’éclipser ces moments-là de mon témoignage pour me centrer sur ma victoire présente… et parce que je ne peux tout simplement plus me mettre dans l’état d’esprit qui était le mien il y a quelques années.
Plaisir, donc, puisque je me suis obligée à me concentrer sur ce qui me fait du bien et sur ce qui me permet de vivre plus librement avec mon corps.
Ça n’a pas réellement changé mon regard, mais ça m’a permis de prendre conscience de ce qui avait changé, et pourquoi.
L’illustration est très belle, comme toujours. Et oui je me reconnais, je reconnais mon petit ventre et la veste que j’avais choisi de mettre ce jour-là !
Je me souviens également du temps monstrueux que j’ai pris à me photographier, car le plus « difficile » pour moi dans cette expérience ce n’est ni le texte, ni l’illustration. Encore une fois, les deux furent un plaisir.
Le plus difficile ça a été les photos.
Je reste toujours très pudique, et j’ai pris conscience au moment de t’envoyer tout ça que c’était un véritable exercice et qu’il y avait encore un peu de travail à faire avant de pouvoir entièrement m’assumer !
Donc oui ce fut une expérience fructueuse et je garde précieusement ton dessin.
Mille mercis à toi Léa.
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