Ce qui est chouette à l’université, c’est que j’ai parfois l’occasion d’assister à des événements scientifiques : conférences, tables rondes, séminaires de recherche voire colloques.
Dernièrement, j’ai eu la chance de rencontrer Itziar Pascual, une dramaturge, pédagogue, chercheuse et journaliste espagnole.
Dans l’une des conférences qu’elle a données, elle a parlé créativité : qu’est-ce que c’est, depuis quand le concept existe-t-il, comment la développer, et… quels en sont les inhibiteurs.
Je me suis sentie particulièrement concernée, et me suis donc dit que j’allais partager avec toi quelques réflexions qui me sont venues suite à son intervention.
Qu’est-ce qui entrave ma créativité ?
Itziar Pascual nous a proposé un petit exercice d’introspection, en nous invitant à nous demander :
« Y a-t-il des obstacles qui rendent difficile le développement personnel de ma créativité ? Lesquels sont-ils ? »
À bien y réfléchir, il est évident que je rencontre moi-même des problèmes lorsque je dois faire appel à ma créativité. Je me suis bien vite rendu compte qu’ils étaient certainement plus nombreux que ce que je pensais.
Syndrome de l’imposteur, syndrome de la bonne élève, auto-dépréciation, peur du jugement, procrastination, manque de temps, manque d’énergie… Voilà autant de concepts qui me sont venus à l’esprit immédiatement.
Quelque part, l’acte de les nommer, ces inhibiteurs, m’a permis de mieux les comprendre, de mieux comprendre mon fonctionnement, et de commencer à mettre en place une stratégie pour lutter contre ces entraves.
Mais avec ces termes me sont venues d’autres questions.
- Quels sont exactement ces obstacles ?
- D’où viennent-ils ? Est-ce moi qui me les impose, ou sont-ils plutôt externes ?
- Pourquoi sont-ils une barrière à mes élans créatifs ?
- En quoi le sont-ils ?
- Comment puis-je lutter contre eux ?
Les 3 trucs qui bloquent la créativité
Tu commences un peu à me connaître : j’ai tendance à me poser beaucoup de questions, et chaque question en entraîne deux autres.
Le doute, chez moi, c’est l’Hydre de Lerne, ce monstre dont les têtes repoussent en double chaque fois que l’une d’entre elles a été coupée !
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Alors si je t’expliquais où est parti mon raisonnement, je risquerais de me perdre complètement. Heureusement, Itziar Pascual est parvenue à classer les inhibiteurs de créativité en trois grandes catégories.
Bien que non-exhaustives, elles permettent de s’y retrouver un peu mieux – en tous cas, toujours mieux que si je t’offrais une dissert’ sans queue ni tête en posant là ma pensée en arborescence.
Voici le chemin le plus court selon mon cerveau pour passer d’une idée à une autre
Selon Itziar Pascual, donc, les trois grands inhibiteurs de créativité sont le jugement, la peur et le devoir.
Le jugement, gros blocage pour la créativité
Le jugement, selon elle, peut être interne ou externe. Il peut très vite s’avérer bloquant, particulièrement lorsqu’il arrive en anticipation.
Dans une société où « être critique » est bien vu et considéré comme une forme d’intelligence, de vivacité d’esprit, cette propension au jugement peut également devenir un ennemi, qu’il vienne de nous-mêmes ou des personnes qui nous entourent.
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Itziar Pascual, pour sa part, ne parle pas de ses projets et créations lorsqu’ils sont en cours d’élaboration. Elle considère que le temps et l’énergie passés à disserter sur ce qu’elle fait, c’est du temps et de l’énergie qui ne sont pas consacrés à ses œuvres.
Cela lui évite aussi tous les jugements anticipés, d’autrui ou d’elle-même, ou encore les critiques, une fois ses travaux terminés et publics, venant de personnes se retrouvant déçues par un résultat non conforme à leurs attentes.
Ce jugement mène parfois à ce qu’elle appelle « l’auto-boycott », c’est-à-dire qu’on ne va pas s’autoriser à créer, persuadée que de toutes manières, ce que nous faisons sera imparfait.
Spoiler : c’est vrai.
Mais, pour reprendre les mots d’une poète espagnole, Gloria Fuertes, citée par Itziar Pascual, « L’expression utile est plus importante que l’inutile perfection ».
M’auto-boycotter, c’est m’assurer que je ne vais pas réussir, bien mettre tout en place pour que ce soit le cas, et après avoir échoué, me dire que j’avais raison.
C’est une manière d’accomplir par moi-même ma prophétie défaitiste.
J’ai envie de dire qu’à ce stade, si j’essaie, j’ai un risque de rater, et aussi un risque de réussir. Si je n’essaie pas, en effet, mes chances de rater sont bien plus importantes.
Affronter ma peur pour dynamiser ma créativité
La peur, pour sa part, serait un inhibiteur aux multiples facettes : la peur de l’échec, de la déception, de n’être ni brillante ni intéressante, de ne pas savoir, de ne pas pouvoir ou ne pas pouvoir terminer ce qu’on entreprend, ou encore que le résultat ne reflète pas ce qu’on imaginait.
Pour lutter contre la peur, Itziar Pascual a sa propre méthode : faire exactement ce qui lui fait peur. Faire face à la peur avec des actions.
Cette philosophie m’a fait penser à cette vidéo pleine de bon sens qu’avait tournée il y a quelques temps cette belle personne qu’est Marion Séclin.
Dans cette vidéo, Marion évoque un conseil marquant : « Fais chaque jour quelque chose qui te fait peur ».
C’est vrai que j’ai souvent peur de foirer. Et même si je sais que je réussis souvent, je ne me départis pas de cette angoisse.
Oui, je suis la relou qui sort de partiel persuadée qu’elle a tout raté et qui a finalement 18. Même en en ayant conscience, c’est un véritable stress, pas juste une manière pour moi de me la péter ni de la fausse modestie.
Pour ce qui est de la créativité, la control freak qui est en moi est encore plus paniquée, parce qu’il n’y a pas de règles. Pas de consigne, pas de manuel.
Mais en appliquant autant que possible ce principe de me dire « meh. » quand j’appréhende, et de me lancer malgré tout, je me retrouve aussi face à mes plus belles réussites !
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Le sens du devoir, bâton dans les roues de ma créativité
Le dernier gros inhibiteur de créativité, selon Itziar Pascual, c’est le devoir. D’autant plus dans un monde souvent sexiste.
Oui, quelque part, on intègre dès toute petite que les femmes sont personnes au service général de tous. Qu’elles doivent viser toujours plus haut, toujours plus difficile, toujours plus adéquat… bref, toujours mieux.
L’exigence extérieure et l’auto-exigence, couplées aux critiques machistes et misogynes, peuvent détruire complètement un élan de créativité.
De plus, la charge mentale et l’auto-censure empêchent souvent de prendre le temps de créer.
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C’est vrai, combien de fois me suis-je dit « Quand j’étais petite, je rêvais de faire du violon, mais je n’ai pas le temps » ; « J’aimerais prendre des cours de dessin, mais j’ai trop de travail » ; « J’aurais bien monté une chaîne YouTube, sauf que je dois faire mon ménage » ?
Et si je n’ai toujours pas commencé ce roman que je rêve d’écrire, c’est très certainement parce que je sais qu’il sera imparfait.
Et alors ?
Si je ne le fais pas, il n’existera pas. Alors j’ai décidé de balancer cette notion du devoir aux oubliettes, et de consacrer volontairement du temps dédié à créer.
Comme si c’était une tâche obligatoire.
Parce que c’est une tâche obligatoire.
Créer est vital pour moi. Comment puis-je m’oublier derrière tout le reste, comment puis-je m’empêcher moi-même de me faire du bien, de m’offrir une respiration dans la création ?
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L’erreur est source de création si je m’autorise à que ce soit le cas. Les Rolling Stones eux-mêmes le disent dans une de leurs chansons les plus célèbres :
« And I try, and I try, and I try… I can’t get no [satisfaction] ! »
Pas déso si tu l’as dans la tête
Me voilà bien décidée à créer, toujours plus, et à échouer avec allégresse, pour réussir chaque fois un peu mieux !
Et toi, rencontres-tu parfois des blocages dans ta créativité ? Comment luttes-tu contre ? Viens me raconter ça en commentaire !
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