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Comment j’ai réappris à vivre seule, même si ça me terrifiait — Carnet de rupture #3

Après l’infidélité, puis la rupture, Audrey essaie de se reconstruire. Et pour guérir, elle a appris qu’il faut d’abord regarder sa douleur bien en face.

Dans Carnet de Rupture, Audrey, une lectrice de madmoiZelle, raconte la fin de son histoire d’amour, à cœur ouvert. Une histoire d’amour, mais aussi d’infidélité, et de reconstruction.

Après le deuxième épisode sur la charge mentale, voici le troisième épisode de cette série, à lire chaque mardi sur madmoiZelle.com

Écoutez ce texte en audio, lu par Mymy :

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Il y a quelques semaines, j’ai recommencé à vivre seule après avoir mis fin à une longue relation.

Ça fait drôle, de réapprendre à vivre seule. Parmi les choses qui m’effrayaient le plus dans cette décision, il y avait :

  • m’endormir seule
  • me réveiller seule
  • perdre un partenaire avec qui passer des moments fous
  • ne plus avoir personne à qui penser de façon obsessionnelle

Si tu es passée par là, tu dois savoir de quelle peur je parle, celle du fond des entrailles qui t’empêche parfois de prendre des décisions qui te feront du bien sur le long terme. T’as beau le savoir, dans l’immédiat, ça ressemble à une mauvaise idée.

Après une rupture, la peur de la solitude

La vérité, c’est que j’avais peur de me retrouver avec moi-même.

Je connais ma tendance à m’enfouir la tête et le cœur dans le boulot pour éviter de me scanner et de m’écouter. Je craignais d’enchainer les soirées pour oublier, d’ensevelir une poignée de sentiments que je ne savais pas gérer.

Et puis j’ai vu le strip de Léa sur la rupture et j’ai compris que si je mettais la tête dans le sable, je ne ferai que repousser le problème.

rupture

J’ai rassemblé toute ma colère, convoqué un instinct de survie que je me connaissais pas, j’ai emmagasiné toute la force que me donnait mon entourage pour me confronter à cette peur.

Et j’ai commencé à m’écouter.

Comment j’ai écouté ma douleur, après la rupture

Au début, c’était horrible.

Quand je lâchais les vannes, je ne me reconnaissais pas. Je me revois accroupie dans la salle de bain, en larmes à en crier, avec l’impression que mon cœur s’était décroché, simplement parce que j’avais aperçu une chemise de mon compagnon.

J’avais envie de le faire souffrir, j’avais des envies de vengeance, je me disais que j’allais me taper le premier venu, de préférence quelqu’un qu’il connaissait.

Jamais je n’avais eu des pensées aussi violentes, j’avais l’impression qu’une inconnue avait pris le contrôle, j’étais hors de moi.

J’ai cru que cette souffrance ne partirait jamais, que je n’arriverais pas à vivre seule, que je finirais ma vie avec Netflix et un chat aigri pour seuls partenaires.

Mais après 2-3 épisodes similaires, ça a commencé à faiblir. Plein de petites choses m’ont sortie de ma torpeur.

Le chemin vers la guérison après une rupture

J’ai commencé la série The Good Wife il y a quelques semaines – si tu n’es pas encore tombée dedans, VA DONC, elle est exceptionnelle – et j’y suis accro.

À la fin d’une saison, le personnage principal Alicia découvre que son mari lui a caché une autre infidélité et elle le vire de son appart en une soirée.

J’ai tilté : si elle est capable de le faire, pourquoi pas moi ?

Les pensées négatives se sont espacées et j’ai recommencé à planifier des sorties.

Des soirées avec mes amis m’ont rappelé l’étrange banalité de ma situation. Tellement de proches sont passés par la même épreuve… Ça me rassurait et m’affligeait en même temps.

Comment ne plus être en colère après une infidélité ?

Ce sont les sages paroles de

Christophe André sur l’impuissance qui ont fini par me détacher définitivement de la colère.

Ce qui la provoquait, c’était l’injustice de cette situation. Pourquoi moi ? Pourquoi comme ça ? Qu’est-ce que je pouvais bien faire ?

J’ai fini par accepter mon impuissance. Je n’ai pas choisi cette situation, elle me rend malheureuse mais je ne peux rien faire d’autre que l’accepter.

Les semaines s’écoulant, les nuages se sont progressivement dissipés.

Un jour, j’ai même aperçu des rayons de soleil. Je me suis rendu compte que dans mon malheur, j’avais de la chance.

De l’importance de demander de l’aide

Je sais ce que je vaux et j’ai conscience que je ne mérite pas ce qui m’arrive. Personne ne le mérite. Je suis droite dans mes bottines.

J’ai beau me flageller en me demandant comment j’ai pu ne pas soupçonner une infidélité, je sais au fond que je ne suis pas totalement irrécupérable.

Et puis, j’ai trouvé la force de demander de l’aide, à mes amis, à ma famille, à ma psy — sans eux, je ne me serais sans doute pas relevée aussi vite.

Mais ils n’auraient jamais pu m’aider si je n’avais pas choisi de briser ma carapace d’invulnérabilité et de leur dire « là, ça va pas, j’ai besoin de toi ».

C’est quand la dernière fois que tu t’es montrée vulnérable auprès de tes proches ? Moi, ça remontait à bien longtemps, et ça m’a frappée.

Je croyais au début que cela me protégerait. Que comme une sorte de méthode Coué : si je n’en parlais pas, si je ne montrais que le bon côté, ça irait mieux…

Après la rupture, j’avance, pas à pas

Aujourd’hui, je suis toujours un peu triste mais ça fait partie du jeu.

Comme tu l’as peut-être fait après une rupture, j’ai changé de tête, j’ai commencé à me maquiller différemment, je me suis acheté de nouvelles fringues.

Je me répète « je suis forte et indépendante » tous les jours.

Je jauge le chemin parcouru depuis ma PLS dans la salle de bain et même si je suis surprise par mes capacités, même si je baigne encore dans les doutes, je vois que je sortirai grandie de cette épreuve.

J’ai décidé d’affronter ma boule de peur de la solitude dans le ventre, j’ai commencé à l’apprivoiser. Je lui ai donné un nom, une forme, une image. Je la déplace dans mon corps, je l’enferme, l’observe ou la titille.

Elle est là, elle fait partie de moi et peut-être qu’un jour, elle disparaîtra.

J’ai l’impression d’avoir presque bouclé le deuil de ma relation. Il ne me reste plus qu’une seule chose à faire : pardonner.

Pas pardonner pour excuser, mais pardonner pour me libérer des résidus de souffrance qui m’empêchent de devenir la future moi.

Là dessus, Christophe André dit :

« Il ne s’agit ni d’effacer ni d’oublier ni de banaliser ce qui s’est passé : pardonner, c’est décider de s’en libérer et de ne plus en souffrir. »

J’attends d’être prête.

À suivre le mardi 6 mars

Comment j’ai confronté « l’autre fille » — Carnet de Rupture #4

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Les Commentaires

15
Avatar de BarbarelladeParis
9 mars 2018 à 19h03
BarbarelladeParis
Je reviens poster ici parce que cette semaine, je ne sais pas pourquoi, ça a été vraiment un enfer...je ne fais que penser à lui et parfois j'ai l'impression que je vais devenir dingue
J'ai beau à pleurer à nouveau, à ne pas me forcer à quoi que ce soit, mais rien n'y fait...j'arrive pas à me dire que c'est fini, qu'il n'y a plus rien à faire et que je dois passer à autre chose. Je me sens tellement con parfois...
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