J’aime l’été. J’aime la fête. J’aime la musique. Mais chaque année pour moi, la Fête de la Musique tombe comme un cheveu gras sur la délicieuse soupe du jour le plus long de l’année.
Trop longtemps, j’ai couvé ma colère, étouffée par les binious hurlants et les accords approximatifs des groupes de mon village.
Aujourd’hui, je ne veux plus me taire.
La Fête de la Musique, de l’amour à la haine
Longtemps pourtant, ce rendez-vous culturel a été pour moi un incontournable.
Il faut dire que la Fête de la Musique représentait ma seule opportunité annuelle de traîner en « ville » (je viens d’Ardèche), le soir, avec mes potes (avec la Fête des Vins sous chapiteau, mais c’est une autre histoire).
Je me revois encore pleurer devant mon téléphone assailli de textos amicaux, quelques jours seulement après la fin du bac :
« Tu viens à la Fête de la Musique ?? »
NON, je ne viens pas parce que je prépare un fucking concours, et que je suis enfermée chez mes grands-parents qui habitent à côté de la prépa qui me bourre le crâne pour un tarif exorbitant.
Cet évènement charnière m’a poussé à remettre en cause l’importance de cette bruyante célébration, jusqu’à… la détester.
La Fête de la Musique, une gloire de naze
Pour des raisons qui nous sont communes, Alix aussi angoisse lorsqu’on lui demande ce qu’elle a prévu pour la Fête de la Musique :
Cette question me hante presque autant que « Tu fais quoi pour le Nouvel An ? ».
Tout le monde me la pose, et moi, le seul truc que j’ai envie de faire, c’est rester au fond de mon lit.
Pourtant j’adore la fête, j’adore la musique, mais la FÊTE DE LA MUSIQUE, je trouve ça ATROCE.
Les rues sont remplies de musiciens médiocres qui s’époumonent dans des micros mal réglés, et c’est la seule gloire qu’ils n’auront jamais.
Je le sais, car je l’ai vécu. Je me souviens de m’être sentie comme une star, du haut de mes huit ans, à chanter pour tous ces gens qui hurlaient qu’ils m’aimaient…
En réalité, ils hurlaient pour couvrir ma voix chevrotante, et étaient de toute façon bien trop éméchés pour comprendre un traitre mot des textes de Pink Floyd que je baragouinais.
Car la Fête de la Musique, c’est aussi la fête du vomi public et des portables volés.
La Fête de la Musique, lieu de tous les dangers
À la différence du Nouvel An, autre belle arnaque qui a le mérite de se dérouler en privé, la Fête de la Musique a lieu dans la rue. ENFER.
La voie publique y est saturée de badauds traînant la patte qui, pour la plupart, s’imbibent d’alcool jusqu’à oublier les paroles des Lacs du Connemara.
Ce qui aurait dû ressembler à un concert en plein air devient rapidement un pogo suant, qui sépare les groupe d’amis et fait valser les bières, durement acquises à un tarif déraisonnable.
À partir de 2h du matin, le public a le choix entre se faire détrousser derrière un ampli, prendre part à une bagarre pour désaccord musical ou glisser par mégarde sur du vomi.
Cette année encore, je ne pourrai pas empêcher la majorité de mes congénères de se bousculer entre un fest noz et une reprise ratée de Cher, sans savoir vraiment ce qu’ils font là.
Mais j’ai au moins assez d’assurance pour pouvoir dire : NON, je ne prendrai pas part à votre délire.
Si vous me cherchez, je suis au lit, avec mes écouteurs.
Et toi, apprécies-tu ce grand rassemblement populaire et cacophonique ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Forcément si on va à la fête de la musique à Paris (pardon mais je hais cette ville) à 2h du matin ça ne m'étonne pas que ce soit insupportable.
Personnellement, cette année j'y suis allée entre 18h et 20h30 avec ma meilleure amie car je travaillais le lendemain. Ce qui était dommage c'est que beaucoup de groupes n'avaient pas encore commencé, mais c'était quand même super sympa de se balader au soleil en écoutant plein de trucs différents. Certains chantaient mal, c'est vrai, mais il suffisait de se déplacer pour trouver quelque chose de mieux. On a même vu un groupe de gospel ! ça c'était vraiment bien.
Pour l'instant rage, je laisse un message clivant : la techno, c'est non. Il est urgent d'arrêter de faire comme si c'était un genre musical qu'on peut mettre n'importe où et n'importe quand. Certaines musiques peuvent effectivement passer avec la plupart des gens et mettent une bonne ambiance partout. Ce n'est pas le cas de la techno. Sortez du déni par pitié.