Plus j’y pense, plus je me dis qu’en fait, mes parents sont des hipsters qui s’ignorent. Là où d’autres familles écoutaient Daniel Balavoine sur la route des vacances (aucun jugement, j’adore Danny et je connais Le Chanteur par coeur), ce qui nous accompagnait dans la voiture c’était plutôt l’album Discovery des Daft Punk.
En plus de m’avoir fait découvrir ce qui est (pour moi) le plus grand groupe d’électro de tous les temps, mes parents m’ont aussi forgé une sacrée culture cinématographique. Je fais partie de l’autre genre de cinéphiles : si je ne cours pas au cinéma dès qu’un nouveau Nolan sort pour aller m’amuser de quelques explosions (je n’aime pas trop les blockbusters même si je sais qu’il y en a de très bons, notamment de ce monsieur), je regarde beaucoup d’oeuvres classiques chez moi, issues des années 1920 à 1970.
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Moi quand je montre mes vieux films préférés à mes potes
Cet attrait des vieux films, je le tiens donc de mes parents. Les acteurs et réalisateurs qui ont le plus fait d’apparitions dans mon poste de télévision et dans mes yeux d’enfant étaient des Gabin, des Ventura, des Belmondo, des Kelly (Grace et Gene) et des Hitchcock.
Mais l’autre amour que m’ont transmis mes darons — comme disent les jeunes — c’est celui des premiers dessins animés, souvent ceux des années 30, au début de l’arrivée de la couleur.
Car si j’aimais regarder Starla et les Joyaux Magiques et les Animaniacs (love sur eux) sur France 3 en rentrant de l’école, j’aimais aussi beaucoup regarder les cassettes (je vous entend rigoler les jeunots du fond) que mes parents nous achetaient — souvent des compilations de films d’animation courts relatant les aventures de Félix le Chat, des Looney Tunes ou encore les Silly Symphonies de Disney.
L’avantage d’avoir regardé ce genre de dessins animés dans les années 1990, c’est que ceux qui étaient très limites voire carrément racistes (mais malheureusement acceptés dans les années 30) n’étaient évidemment pas dans ces best-of ! J’ai donc grandi en regardant les oeuvres totalement faites pour les enfants, avec de gentilles poules qui chantent, et ça m’allait très bien comme ça.
Faisons donc un petit tour d’horizon de ces films qui ont bercé mon enfance, et qui emplissent mon petit coeur d’amour quand je les revois.
Les Silly Symphonies, ou les premiers Disney en couleur
Les Silly Symphonies sont les dessins animés dont nous avions le plus de cassettes à la maison. Ce sont des productions des studios Disney mettant en scène des personnages non récurrents (pas comme dans les aventures de Mickey ou Donald, donc), créées entre 1929 et 1939.
Elles reprenaient parfois les fables de Jean de la Fontaine, avec, entres autres, une adaptation du Lièvre et la Tortue, mais aussi de contes plus populaires comme Le Vilain Petit Canard, Le Joueur de Flûte de Hamelin, Les Trois Petits Cochons…
Mais les Silly Symphonies c’était aussi des scénarios originaux, et la création de tout nouveaux personnages qui vivront plus tard leurs propres aventures, dans de nouveaux cartoons. Comme dans Une Petite Poule Avisée de 1934 où l’on voit pour la première fois un canard avec un costume de marin, qui devait à la base n’apparaître que dans ce court-métrage… Et finira par être un des personnages les plus emblématiques de l’écurie Disney.
http://youtu.be/1hdYREVHHYQ
C’est ma Silly Symphony préférée je vous avoue : je l’aime beaucoup beaucoup.
Si j’aime autant ces cartoons, ce n’est pas seulement car ils ont une valeur sentimentale (même si ça joue évidemment), c’est aussi parce qu’ils sont époustouflants de réalisme, de technique et de savoir-faire, et qu’ils n’ont pas pris une ride alors qu’ils ont été dessinés il y a maintenant 81 ans !
Ces dessins animés impulseront la création de bien d’autres, car on raconte que c’est après le succès de Music Land en 1935 que Walt Disney aura l’idée de créer à nouveau un film qui sensibilisera les enfants à la beauté de la musique classique… Soit Fantasia, sorti en 1940, mais aussi son adaptation de Pierre et le Loup de 1946.
Si vous n’avez pas (re)vu tous ces jolis cartoons, je vous invite à vous rendre sur cette chaîne YouTube, qui les rassemble tous. Attention aux larmes de nostalgie.
Les aventures de Félix le Chat
Félix le Chat est un personnage très connu dans la culture populaire, mais dont, au final, peu de personnes ont pu suivre les aventures en dessin animé. Ce célèbre félin noir et blanc était effectivement beaucoup plus connu en BD qu’en cartoon, du moins, dans les années 1980 et 90 !
Mais je ne pense pas non plus être la seule à avoir pu suivre ses (presque) premières péripéties dans des compilations VHS, qui rassemblaient des films d’animations datant des années 30.
Je n’ai pas réussi à les retrouver en français sur Internet, malheureusement.
Si Félix est arrivé en 1919 (donc 9 ans avant Mickey Mouse et 4 ans avant même la création des studios Disney), il est beaucoup plus connu outre-Atlantique qu’en Europe, car les oeuvres de ce bon Walt ont happé les aventures du chat bicolore.
Quoiqu’il en soit, Félix le Chat et ses aventures restent gravées dans ma mémoire, tant j’ai pu les regarder étant petite. Je trouve d’ailleurs que l’esthétique de l’animation est tout à fait différente de celle que l’on peut voir dans les cartoons de Disney, même si le savoir-faire se vaut !
C’est assez intéressant de noter les dissemblances de style entre les mouvements d’un Félix le chat et ceux de Mickey ou Donald, tout en remarquant chez les deux studios cette beauté inexplicable que l’on ne retrouve que dans les vieux cartoons. Je suis fan, perso.
Les cartoons des studios Fleischer
On a souvent l’impression que Disney et Warner Bros avaient le monopole des films d’animations dans les années 1920 et 1930. Mais que nenni, mon amie, il existait jusqu’en 1942 un tout autre studio de dessins animés, qui nous a notamment donné le personnage de Betty Boop : les studios Fleischer.
Cette entreprise qu’il n’a pas fait long feu a produit un nombre très conséquent de cartoons (presque 500 en 21 ans), mais est aussi malheureusement connue pour avoir énormément souffert de la concurrence de Disney, et surtout pour avoir copié les créations originales du plus célèbre studio d’animation…
Bref, avant de plonger, notamment à cause de ces accusations de plagiat (une histoire souvent reprise dans la culture populaire, notamment dans un épisode des Simpson, Le jour où la violence s’est éteinte), les frères Fleischer ont réalisés quelques cartoons qui se trouvaient eux aussi dans les cassettes que nous achetaient mes parents.
J’étais à la fois terrifiée et fascinée face à ce cartoon.
Les premiers Looney Tunes
Terminons ce petit tour d’horizon par les aventures des personnages les plus connus des studios Warner, qui ont commencé à la toute fin et des années 30, mais surtout au début des 40s (oui, je sais, ça fausse un peu le titre de l’article mais bon ¯\_(ツ)_/¯), j’ai nommé ceux dont on voit encore les aventures à la télé, pour mon plus grand bonheur : les Looney Tunes.
Si l’entreprise avait elle aussi ses premiers dessins animés indépendants avec (quasiment) aucun personnage récurrent, les Merry Melodies (qui ont notamment donné naissance à Bugs Bunny), je ne pourrais pas en parler plus que ça, vu que je n’en n’ai presque pas vu.
Bref, les aventures de certains des personnages que l’on connaît le plus aujourd’hui ont toutes débuté dans ces années-là, qu’il s’agisse de Porky Pig, de Titi et Grosminet, de Daffy Duck ou encore de l’inénarrable Bugs Bunny !
Je rigole encore, 18 ans après la première fois où j’ai vu ce cartoon
Tout comme chez Disney et ses Silly Symphonies, les oeuvres n’ont vraiment pas pris une ride, et les scénarios que l’on y trouvait à l’époque sont ceux que l’on peut retrouver aujourd’hui. C’est d’ailleurs ce qui fait tout le style des dessins animés Warner, mais aussi leur fore. Eh, c’est pas pour rien qu’ils sont encore dans le game en 2015 !
En revanche, l’animation à l’époque était légèrement moins bonne que celle que l’on pouvait voir chez Disney ou dans les aventures de Félix le Chat, on ne peut pas tout avoir ! Mais ces mini-films restent eux aussi de très bons souvenirs d’enfance, que je regarde toujours avec plaisir les jours de déprime.
https://youtu.be/L7QgVZ2SPC0
Alors, le style des dessins animés des années 1930, ça te touche, ou tu es plus de la team années 80/90 ?
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Les Commentaires
En revanche, pour avoir visionné ces dessins-animés il y a quelques mois, y compris les "très limites/clairement racistes", certains "détails" m'ont bien sauté aux yeux alors que je n'y faisais évidemment pas attention petite - d'ailleurs je ne sais pas si je suis la seule mais je b*tais la moitié du contenu des chansons alors bon...
Par exemple, dans un film avec trois petits chatons venus se réfugier dans une maison par un soir de grand froid, le personnage de la mama noire est assez flippant, dans la mesure où l'on sent que les stéréotypes envers les femmes noires sont non seulement présents (jusque là, rien de très étonnant compte-tenu de l'époque et de l'endroit malheureusement), mais en plus volontairement accentués pour la faire paraître vraiment "mauvaise", bête, vulgaire, j'exagère peut-être mais ça m'a laissé une impression désagréable