Est-ce que dessiner des vulves sur le mur est en passe de devenir la nouvelle blague féministe ? Si les croquis plus ou moins réussis de pénis semblent avoir pris leur place sur tous les supports possibles et imaginables, d’un petit coin de carnet à la joue du pote qui s’est endormi un peu trop tôt lors d’une soirée appart, le motif vulve lui se fait plus rare.
À qui la faute ? Certain•es accuseront une morphologie plus compliquée à représenter… D’autres le simple fait qu’un chibre, c’est marrant quand une schnek ne l’est pas. Discrimination, je crie ton nom.
Comme m’avait dit un monsieur très raffiné, « appelons un chat un chat et une chatte une vulve ». Un dessin de bite, un dessin de foufoune, dans tous les cas, c’est un dessin d’organe génital !
La question du dessin de vulve est venue jusqu’à mon oreille via le collectif Vagina Guerilla. Ce groupe a décidé de lancer une ligne de badges, stickers et sacs ornés de vulves. Dans son manifeste, on peut lire :
« La Vagina Guerilla est une tentative d’inception dans la société d’un signe universel de la vulve. Pour que demain, des teuchs et des teubs cohabitent sur nos murs et y inscrivent un peu plus d’égalité. »
Le tabou de la schneck
Au musée d’Orsay, l’origine du monde, oeuvre de Gustave Courbet représentant l’entre cuisse d’une femme était jusqu’à il y a peu dans une pièce dont l’accès était camouflé par un rideau… Alors que l’on voit partout et depuis des années (toujours ?) des statues pénis à l’air, sans pression. Aujourd’hui, un vulgaire dessin de bite fait hausser des épaules quand la représentation d’une vulve surprend.
Coucou !
Fabien, l’un des créateur du projet Vagina Guerilla, explique ce qu’il pense de ces différenciations entre les deux :
« Ce déséquilibre dans les représentations graphiques en dit long sur la vision des hommes et des femmes dans notre société. On s’est dit qu’on allait essayer de lancer un mouvement à notre petit niveau, pour rééquilibrer les forces. »
La shneck, ce tabou dont on viendra tou•tes à bout !
On la représente comment, la teuch ?
On n’est pas très habitué•es à en voir en gros plan dans les médias, alors comment représenter ? Si on reprend les basiques, cet organe génital vu de dessus est constitué de deux trous (l’urètre, le vagin), d’un clitoris, de petites lèvres et de grandes lèvres.
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Est-ce que tous éléments sont nécessaires pour une bonne représentation ? Le collectif a pour sa part décidé de simplifier.
« Au final, on s’est dit qu’il fallait voir : des lèvres, un clitoris et des poils. Pour la couleur, on ne voulait pas une teinte « chair », car tout le monde n’a pas la même carnation, donc nous avons choisi un rose pas réaliste, et un trait bleu, couleur « des garçons », pour jouer avec les clichés. »
Tadaaaah !
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Mais on pourrait représenter une chatte différemment. Parce qu’il y en a de tailles de formes et de couleurs différentes et qu’elles sont toutes aussi normales. Chacun•e peut en faire sa propre représentation.
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Dessiner des chattes, c’est politique !
Dessiner des vulves, c’est un peu s’engager dans un combat pour la diversité du dessin. Ce n’est ni plus ni moins vulgaire qu’un chibre, et pourtant, c’est quasi inexistant. Voir un tel symbole apparaître peut permettre au public de se questionner. Le collectif Vagina Guerilla témoigne :
« Les discussions qui suivent sont toujours très intéressantes. Le dessin est comme une porte d’entrée pour parler de choses plus profondes. »
Questionner c’est bien, c’est même un premier pas qui permet de faire évoluer les mentalités. Et pour savoir quand ça aura marché, c’est simple. Ce sera quand, à la vue d’un dessin de vulve, les gens hausseront les épaules sans se questionner. Un peu comme quand, aujourd’hui, ils voient un zizi dessiné sur un coin de page !
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