Depuis des années, on rêve de paillettes biodégradables qui puissent nous permettre de les utiliser sans pour autant qu’elles finissent par tapisser les fonds marins ou se retrouver dans la poussière que l’on peut inhaler.
Malheureusement, il semble que toutes les déclinaisons qui ont pu voir le jour jusqu’à aujourd’hui (microplastiques, cellulose, mica ou verre) restent très polluantes et qu’aucune d’entre elles ne disparaît vraiment après utilisation. C’est en tout cas ce qu’explique Meral Yurtsever, professeur agrégé d’ingénierie environnementale à l’université Sakarya en Turquie, au magazine Allure.
« Après une seule utilisation, des milliers de [morceaux de paillettes] peuvent passer dans les eaux ou le sol et s’accumuler dans l’environnement. Ces morceaux de paillettes resteront intacts pendant des siècles. »
Que reproche-t-on vraiment aux paillettes ?
Lorsqu’on se démaquille, les paillettes se mélangent à l’eau et finissent par s’écouler dans les égouts pour être filtrées dans les usines de traitement des eaux usées.
Si les plus grosses sont emprisonnées tout de suite et deviennent le plus souvent de la boue pour fertiliser les sols, les plus petites, elles, passent à travers les filtres et finissent… Dans les océans, les rivières, les lacs, bref, tous les endroit où il y a de l’eau.
Reflétant la lumières, ces dernières sont souvent prises pour de la nourriture par les poissons, qui les ingèrent. Le problème, c’est que certaines d’entre elles sont faciles à digérer et d’autres, à bords tranchant, peuvent provoquer des problèmes de santé chez l’animal. Des problématiques qui peuvent même aller jusqu’à sa mort.
Et les alternatives « biodégradables » alors ?
Eh bien c’est là que le bat blesse. Souvent faites à base de fibres de cellulose régénérée, les paillettes dites « biodégradables » agissent de la même manière que les billes en microplastique selon une étude menée par les docteurs Dannielle Senga Green, Megan Jefferson, Bas Boots et Leon Stone.
La présence de ces fameuses paillettes réduirait d’environ un tiers la longueur des racines des plantes marines, et les scientifiques constatent même une multiplication par deux des escargots de boues depuis l’arrivée de ces déclinaisons que l’on pensait jusqu’alors plus clean. Il faut savoir que l’on retrouve souvent ces fameux escargots dans les eaux polluées.
D’après Lisa Erdle :
« Les paillettes sont comme un Reese (un chocolat fourré au beurre de cacahuète). Le noyau en cellulose donne forme et structure, mais doit être enveloppé dans d’autres matériaux qui le rendent brillant et le maintiennent — et c’est presque toujours de l’aluminium et un film de polymère en plastique. »
Cette fameuse étude ne s’arrête pas là ! Elle a même tenu a examiner un autre matériau plébiscité pour créer des « paillettes biodégradables ». Son nom ? Le mica. Et ce qui a été trouvé par les scientifiques n’est pas bien glorieux d’après Dannielle Green, professeure agrégée d’écologie à l’université Anglia Ruskin de Cambridge en Angleterre…
« Nous avons constaté que chaque type de paillettes, dont celles qui sont faites en mica, peut affecter négativement certains aspects des microalgues et des plantes aquatiques. Ce qui pourrait avoir des effets en cascade sur le réseau tropique ».
Qu’en est-il du verre ?
Le verre fait partie des matériaux utilisés pour fabriquer des paillettes. Pour ce faire, « Il est traité et recouvert de minéraux pour produire des effets holographiques », explique la chimiste cosmétique Marisal Mou à Allure.
Mais est-il pour autant plus fiable que les autres ? Visiblement non selon le chimiste cosmétique Krupa Koestline.
« Je suis sûr que les revêtements présents sur le verre affectent son potentiel biodégradable. »
Une étude menée sur une forte concentration de paillettes
Il faut savoir que le scientifiques à l’initiative de cette étude ont utilisé de fortes quantités de paillettes pour pouvoir établir leur diagnostic. Le but ? Pouvoir appréhender certains évènements comme la coupe du monde, Halloween et autres festivals. Des moments clés, où les paillettes sont très souvent utilisées par de nombreuses personnes.
Malheureusement, même si on connaît l’impact de leur utilisation à forte dose, à ce jour, « Nous ne savons pas si les effets persistent à des concentrations plus faibles ou dans d’autres contextes », explique Dannielle Green, l’une des scientifiques ayant mené cette étude.
Il nous faudra donc attendre encore un tout petit peu afin de savoir si, à toute petite dose, ces paillettes alternatives sont aussi nocives que les autres. À suivre au prochain épisode !
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Crédits de l’image de une : Unsplash – @Camille Brodard.
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