L’Espagne franchit un cap important dans la défense des droits sexuels et reproductifs. Le Sénat a voté ce mercredi 6 avril une modification du Code pénal afin de punir toute personne qui tentera de s’opposer par le harcèlement ou l’intimidation à ce qu’une femme ait accès à l’avortement.
« Entraver l’exercice du droit à l’interruption volontaire de grossesse par des actes gênants, offensants, intimidants ou coercitifs » sera donc passible d‘une peine de trois à douze mois de prison, ou bien à une peine de travaux d’intérêt général.
Cela signifie donc que des participants à un rassemblement anti-IVG devant un centre médical pourrait être concernés.
Il s’agit d’une mesure qui protège le personnel soignant mais aussi les patientes. Selon les chiffres de 2018 de l’association espagnole des cliniques accréditées pour l’interruption de grossesse (ACAI), 89% des femmes ayant eu un avortement en Espagne se sont senties harcelées et 66 % se sont senties menacées.
L’IVG en Espagne en quelques dates
Ce n’est qu’en 1985 que l’Espagne a légalisé l’IVG sous conditions. Il faut attendre 2010 pour qu’une nouvelle loi permette d’élargir l’accès à l’avortement, autorisant ainsi d’avorter jusqu’à 14 semaines sans justifications et 22 semaines en cas de malformation du fœtus ou de risque pour la mère.
Retour en arrière drastique quelques années plus tard, fin 2013, où le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a porté un projet de loi pour interdire l’IVG sauf en cas de viol ou en cas de risque pour la santé de la mère. Quasi un an plus tard, en septembre 2014, il est finalement retiré après une mobilisation de grande ampleur pour défendre le droit à l’avortement. Cela montre bien à quel point les féministes espagnoles doivent continuer à être vigilantes quant à la garantie de leurs droits sexuels et reproductifs.
Fin mars, des anti-IVG défilaient encore dans les rues de Madrid en signe de protestation contre un autre projet de loi. Ce dernier vise à faciliter l’accès à l’hôpital public pour les demandes d’IVG, y compris celles venant des mineures.
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Crédit photo : ProtoplasmaKid, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
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