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Source : Madmoizelle
Société

« Dès lors qu’on porte la parole de notre enfant, on n’est pas crue, pas entendue » : Pauline Bourgoin raconte son douloureux combat contre l’inceste

Parce qu’elle a dénoncé un inceste présumé de la part de son ex-conjoint, Pauline Bourgoin a perdu pendant plusieurs mois la garde de sa fille, placée à l’Aide sociale à l’enfance. Pour Madmoizelle, elle raconte le calvaire que vivent, comme elle, de nombreux parents, privés de leur·s enfant·s pour avoir voulu les protéger.

« C’est beaucoup plus confortable de se dire qu’un parent manipule plutôt que l’autre commet de l’inceste. »

Maman d’une petite Louise de 3 ans, Pauline Bourgoin a vu sa vie s’effondrer en janvier 2022, lorsqu’elle a reçu un appel téléphonique de la crèche.

« Elles me disent que ma fille tremble au moment de chaque change. Elle est paniquée, tétanisée. Elles me disent qu’elles n’ont jamais vu ça, qu’il y a quelque chose de très, très inquiétant. »

Pauline prend le temps d’interroger sa fille. De qui a-t-elle peur ? « C’est là qu’elle me révèle avoir subi une potentielle agression sexuelle de son père. »

Sur le moment, la jeune femme de 32 ans reconnaît avoir été dans le « déni ». « Je cherche un peu toutes les hypothèses (…) C’est peut-être pas lui, c’est peut-être le beau-père, mon nouveau compagnon. »

Mais le comportement du père interpelle Pauline. « Il ne s’inquiète pas du tout de ce qu’elle aurait subi. Il ne cherche pas plus loin, il ne se renseigne pas auprès de la crèche. »

« Trop à l’écoute, trop bienveillante »

Pauline Bourgoin prend alors la décision de prendre conseil auprès du 119, un numéro national dédié à la protection de l’enfant, et dépose plainte contre le père de sa fille, sur les conseils des services sociaux.

« Si je ne le fais pas, cela voudra dire que je ne suis pas en mesure de protéger mon enfant et qu’ils saisiraient le juge des enfants pour qu’ils le fassent à ma place. » 

Pauline Bourgoin s’exécute. « J’ai cru que c’était la fin des problèmes, mais ça n’était que les débuts. »

Quelques semaines plus tard, la maman de Louise tombe des nues lorsqu’elle reçoit un appel des services sociaux l’informant qu’ils vont demander le placement de la petite fille.

« Je tombe des nues, on me dit que je suis trop à l’écoute de ma fille, trop bienveillante, (…) que ma santé mentale pose question. »

À lire aussi : #MeTooInceste : quand le système judiciaire broie les mères qui protègent leurs enfants

« Je me suis retrouvée comme une criminelle »

En mai, le verdict tombe : Louise est placée en famille d’accueil.

« Je me suis effondrée dès que la juge a énoncé le verdict. J’appelle la référente sociale pour savoir comment s’organise le départ de Louise. Elle me dit qu’il ne s’organise pas parce qu’il est déjà fait. En fait, ils sont allés la chercher à la crèche. Trois inconnus l’ont enlevée. Je n’ai pas eu le droit de savoir comment elle allait, où elle était. Je n’ai même pas eu le droit de savoir si elle était en bonne santé. Rien. J’ai eu droit à des visites médiatisées, c’est-à-dire sous surveillance des services sociaux, une heure toutes les deux semaines. Je me suis retrouvée comme une criminelle, comme si je n’aurais pas dû croire ma fille pour la protéger. »

Soupçonnée d’être atteinte du syndrome d’aliénation parentale, une notion controversée désignant la manipulation psychologique qu’exercerait, en cas de séparation, l’un des parents sur l’enfant pour le détourner de l’autre parent, Pauline Bourgoin a médiatisé son histoire pour alerter sur l’opinion publique sur sa situation et sur celles de dizaines d’autres parents protecteurs, privés de leurs enfants après avoir dénoncé des violences sexuelles. 

À lire aussi : « Les associations de pères représentent le mouvement masculiniste »

Ça a payé : en novembre, elle a obtenu que Louise soit placée à son domicile. Mais son combat n’est pas pour autant terminé. « Quand mon affaire a commencé à être médiatisée l’an dernier, j’ai des dizaines et des dizaines d’appels à l’aide de parents protecteurs dans ma situation », témoigne Pauline Bourgoin, qui milite aujourd’hui auprès des associations Protéger l’enfant et WeeToo Stop Child Abuse pour venir en aide aux enfants et à leurs parents protecteurs, et faire tomber le tabou qui entoure l’inceste

Pour Madmoizelle, elle a accepté de raconter son histoire et celle de Louise, et de revenir sur le combat qui est désormais le sien : celui contre l’inceste et les violences sexuelles envers les enfants.

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Les Commentaires

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Avatar de Charlotte Arce
13 novembre 2023 à 09h11
Charlotte Arce
Merci pour ce témoignage.
Je ne sais pas si vous connaissez l'affaire Priscilla Majani, une mère qui a dû fuir la France pour protéger sa fille. Sa fuite a duré 11 ans, elle a été retrouvée et condamnée à 2 ans de prison et 30 000 euros pour préjudice moral.
Sa fille de 17 ans a porté plainte contre le père en Suisse
Article
Je ne sais plus si vous aviez évoqué le cas mais pour moi, c'est vraiment le cas qui illustre le plus le problème en France.
Je pense qu'il est important de préciser que l'ONU s'inquiétait de cette situation en France depuis 2003:
Rapport ONU
Nations unies
Vous savez, il y a quelques années même si le terme "conspirationniste" n'était pas populaire mais toutes ses mères qui cherchaient de l'aide, toutes les personnes qui questionnaient les décisions de justice concernant les enfants passaient pour des hystériques. Et pourtant il y a des témoignages qui font froid dans le dos et qui sous-entendent que de nombreux pays ont donné le statut de réfugiés à des mères et des enfants français en raison de la position de la justice. C'est limite s'il n'existe une sorte d'associations clandestine aidant les mères dans ses situations.
Bonjour @Neverland90, merci pour votre message ! Avec @Elisa Covo, nous parlons de l'affaire Priscilla Majani dans la 2e partie de notre enquête sur les mères protectrices et le traitement judiciaire des affaires d'inceste, ainsi que du rapport de l'ONU la mentionnant : https://www.madmoizelle.com/meres-m...entale-pese-sur-les-affaires-dinceste-1591085
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Voir les 3 commentaires

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