Une rupture sous le sapin
Noël 2018, je suis en couple depuis près de deux ans. Une relation à distance : elle à Lille, moi à Lyon. On se voit au moins une fois par mois, soit chez l’un, soit chez l’autre et on se téléphone tous les jours pour tailler le bout de gras pendant des heures, débriefer la journée, prendre des nouvelles, faire des projets… Je suis aussi censé emménager chez elle, dans le Nord, quelques semaines plus tard pour mettre fin à l’éloignement.
Noël arrive. Cette année, ça se passe dans ma famille, en Bretagne. Nous ne nous sommes pas vus depuis un bon mois, et je l’attends, non sans une certaine impatience. Elle arrive quelques heures après moi, en même temps que mon frère, sa copine et leurs enfants (ai-je oublié de mentionner que ma copine est l’une des meilleures amies de ma belle-sœur ?). Repas de famille. Grande tablée. La soirée se passe. La nuit aussi.
Le matin arrive et je sens que quelque chose cloche. Nous sommes le 23 décembre. Au réveil, dans ma chambre d’ado, la tension est palpable. Un bonjour du bout des lèvres, une tête de six pieds de long, et une phrase redoutable (quoiqu’un brin clichée) : « Il faut qu’on parle. » Je reste calme, un peu anesthésié, et la discussion commence. Il y a des pleurs. De solides arguments aussi.
Elle ne m’aime pas. Elle pense que moi non plus (et elle a raison), et ne voit pas de raison de continuer. Mais pour en être sûre, elle devait me voir. Se prouver qu’il ne s’agissait pas uniquement de l’éloignement. Après quelques heures qui semblent avoir duré des années, toujours un peu hagard, nous descendons de la chambre, calmes. Je la ramène à la gare, et nous nous quittons « bons amis ».
Je rentre. La nouvelle s’est répandue et à mon retour, tout le monde marche sur des œufs. Les cadres avec nos photos sont retournés ou masqués. Ma belle-sœur vitupère : « Noël est gâché ». Tout le monde est très gentil avec moi. Trop gentil même. Je surprends régulièrement des regards pleins de commisération. Passons sur les cadeaux que j’ai reçus cette année-là, entièrement dédiés à « ma nouvelle vie Lilloise ».
Sans que je me l’explique, j’ai Last Christmas de Wham! qui tourne en boucle dans ma tête. Je passe toutes les fêtes dans du coton. Un peu absent. Aujourd’hui encore, cette période reste floue pour moi. Mais survolée par la certitude qu’elle avait pris la meilleure décision possible, et une certaine admiration pour le courage et l’honnêteté de sa démarche.
Cette rupture est pourtant la meilleure chose qui me soit arrivée. Je suis resté à Lyon – j’y habite toujours d’ailleurs – et deux mois plus tard, j’ai rencontré celle avec qui je partage désormais ma vie. Celle avec qui j’ai fondé une famille, et dont je suis complètement et éperdument amoureux.
Kévin
Une invitée de trop
Nouvel An 2019, c’est ma première année d’études supérieures et je sors avec un mec depuis huit mois. Ce même mec est fils unique et a comme tout le monde des soucis familiaux. Son père et sa mère venaient juste de se séparer après des années de conflits. Je vous le donne en mille, je suis tombée sur le typique cliché de la belle-mère qui surcouve son fils depuis qu’il l’a bénie de sa naissance. Je pense que selon elle, j’étais la pire personne pour son fils, je n’envisageais absolument pas de faire des études dans les sciences après mon bac S car j’ai décidé de faire un « métier passion ». Et j’étais trop excentrique à son goût car je possède un peu d’humour, chose qu’elle ne connaissait pas apparemment. Je lui ai également servi de psy pendant son divorce quand elle m’a emmené un jour dans sa voiture et que nous avons été bloquées ensemble pendant 45 minutes. Moi, 17 ans et demi, que pouvais-je connaître de la vie et conseiller une femme de 49 ans qui venait de divorcer de son mari après vingt ans de vie commune dont trois où elle se faisait tromper ? Absolument rien, et elle rabaissait son mari devant moi et mes parents, pour qu’on se mette à la haïr tous ensemble, comme elle.
Je voulais donc fêter notre premier Nouvel An ensemble, avec des amis qu’on avait gardés du lycée. Je ne sais plus trop comment on en est arrivés à décider de faire la fête dans la maison d’enfance de mon mec, mais qui vois-je en arrivant ? Sa mère ! Elle allait passer le Nouvel An avec nous : mon mec, nos deux amis et moi.
Ça a été les cinq heures les plus longues et interminables de ma vie. On a joué à des jeux barbants, mais le pire c’est que nos amis et mois étions extrêmement gênés car elle remettait « le divorce et le fait qu’elle soit seule pour le Nouvel An alors que son ex-mari était on-ne-sait-où avec sa nouvelle compagne, ho tiens ! Sûrement en Bretagne ! Il m’a jamais emmenée en Bretagne » sur le tapis toutes les cinq minutes. On a regardé le décompte à la télé : 5, 4, 3, 2, 1… Bonne année ! Suivi d’un : « La fête est finie les enfants, je vous ramène (personne n’avait le permis à ce moment-là) ! Sarah*, tu peux dormir ici, tu prendras le train demain. » Je me suis donc couchée toute seule à minuit et douze toute seule, en attendant que mon copain et sa mère reviennent.
Sarah*
La surprise de Noël
Je vivais avec un colocataire, qui m’avait prévenu qu’il prêterait sa chambre à son frère et sa femme quelques jours avant Noël. Mais quelle ne fut pas ma stupeur en m’éveillant le matin du 25, de découvrir qu’il y avait toute une flopée de personnes inconnues dans mon salon ! Tout le reste de sa famille s’était invité pour les fêtes, sans me prévenir. Je n’ai même pas osé leur dire que cela me dérangeait. Alors j’ai fait ma valise et j’ai échoué chez une amie. Eux, ont fêté Noël chez moi.
Jeanne*
Un Noël qu’on ne souhaite à personne
Fin d’année 2015, ma famille a exceptionnellement décidé de faire un grand Noël en invitant tous les cousins, les frères et sœurs, les grands-parents… Et de se donner rendez-vous dans un chalet-gîte pour fêter Noël tous ensemble, dans un cadre dont on n’avait pas l’habitude. C’est vrai que ça changeait des réunions de famille chez les grands-parents !
Quelques mois avant cette fête de Noël qui s’annonçait grandiose, notre famille a acheté une nouvelle maison, quoiqu’un peu ancienne, qui nécessitait pas mal de travaux de rénovation à faire à l’intérieur pour pouvoir y habiter. On y passait nos mercredis après-midi, nos week-ends, et nos vacances entières… Quelques jours avant Noël, durant une journée de travaux intensifs, mon père a fait un infarctus alors qu’il décaissait une grosse couche de terre à l’extérieur. Dans un premier temps, tout allait bien… Puis un faible cri est sorti de sa bouche, et enfin plus rien, immobile, et s’est effondré sur le sol. On a donc appelé les pompiers, qui l’ont tout de suite pris en charge et emmené à l’hôpital.
J’étais encore jeune à cette époque, et je ne me souviens plus des détails, mais il a été pris en charge correctement et est resté quelques semaines à l’hôpital. On est donc passés d’un Noël joyeux en grande famille dans un chalet exceptionnel, à un Noël tristounet en famille réduite au chevet de mon père à l’hôpital. Au moins, nous étions ensemble !
Heureusement aujourd’hui, il va mieux. On a pu reporter ce grand Noël à l’année d’après. Ce qui est assez étrange, c’est que ma mère nous a fait le même coup quelques années plus tôt, elle a eu une crise de la thyroïde quelques jours avant Noël, et a aussi passé le réveillon à l’hôpital. À croire que mes parents n’aiment vraiment pas les fêtes de fin d’année, et qu’ils feraient tout pour les éviter… (humour). En bref, mes deux parents, à quelques années d’intervalles, ont croisé la mort de très près à l’approche de Noël. Heureusement, aujourd’hui, tout est rétabli pour eux.
Damien
* Les prénoms ont été modifiés.
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires