Suite à la mort du jeune Nahel, tué par la police lors d’un contrôle routier, et les révoltes urbaines qui en ont découlé, le gouvernement a donc choisi de pointer la responsabilité du déroulé des événements sur les parents des jeunes révoltés.
Pour lutter contre les violences urbaines dans les quartiers populaires, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a eu une idée brillante : distribuer des flyers aux parents.
Le ministre a donc annoncé le 5 juillet au Sénat que ce prospectus, élaboré en des « termes simples », est supposé rappeler aux parents les « responsabilités » qu’ils « auraient oubliées », et sera distribué dans toutes les juridictions pour être donné aux parents dont les enfants sont présentés à la justice.
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Des parents condamnés à payer des réparations en cas de destructions de biens
Ce document, que l’Agence France Presse a pu consulter, commence par mettre en avant la responsabilité civile des parents dans les violences commises par leurs enfants. Ainsi, on peut y voir que les parents seront condamnés à payer les réparations en cas de destruction de biens : « Lorsque votre enfant vole, abîme ou détruit quelque chose […], c’est vous parents qui serez condamnés à payer les réparations », est-il écrit.
Dans un autre élan de paternalisme, le flyer mentionne également la responsabilité pénale des parents, qui doivent être les garants du respect d’une interdiction de sortie qui aurait été prononcée par la justice, si par exemple « vous n’intervenez pas pour vous opposer à une sortie du domicile qui pourrait être dangereuse pour la santé ou la sécurité de votre enfant ».
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Déjà des flyers pour lutter contre le harcèlement de rue
Le prospectus élaboré par le gouvernement rappelle également aux parents qu’ils ont l’obligation de se présenter à une convocation devant la justice lorsque leur enfant est mis en cause. S’ils ne se présentent pas, ils risquent de se faire amener par la force publique, ou de se voir infliger une amende.
Une criminalisation des parents qu’Eric Dupond-Moretti se garde bien d’infliger à lui-même, son fils étant soupçonné de violences conjugales, et ayant été placé en garde à vue en janvier dernier.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le gouvernement actuel use du pouvoir de la distribution de flyers pour lutter contre des violences. En mai dernier, Gérald Darmanin avait annoncé distribuer 5 millions de flyers, dans le cadre d’une « grande opération de sécurité pour les femmes », pour mieux protéger les femmes du harcèlement de rue. Une nouvelle lubie ?
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