Si Bob l’éponge s’en sert comme maison, la marque Carel en fait des chaussures. La maison française fondée en 1952 met en effet son savoir-faire bottier au service de la création de souliers en Piñatex.
Cela ressemble à du cuir, s’avère même aussi souple et résistant, mais c’est une matière végétale fabriquée à partir de fibre cellulaire extraite des feuilles d’ananas. Donc un déchet de la culture d’ananas.
On doit cette innovation à la Dr. Carmen Hijosa, après près de dix ans de recherches.
De l’ananas au service de babies so sixties
Forcément, une telle proposition a un coût important. Le modèle de babies « Caren » se décline ainsi en Piñatex lamé argenté pour 295€, soit le même prix que celles en cuir conventionnel. Avec son décolleté carré, son talon évasé confortable et stable, cette chaussure à un charme rétro so 60s. Une esthétique qui revient d’ailleurs fortement à la mode, réinventée pour aujourd’hui par des marques comme Coperni, Courrèges, Paco Rabanne, ou même des youtubeuses telles que Clarinette et ses make-up à la Twiggy
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Si cela ne correspond pas forcément à toutes les bourses, cela reste une bonne nouvelle pour la mode éco-responsable en général, puisque Carel a pris la sage décision d’y aller mollo en misant sur des bestsellers afin de tester les eaux et sûrement mieux convertir sa clientèle.
En plus de modèles éco-conçus à partir de chutes de cuir, la marque compte également décliner en Piñatex ses iconiques babies à trois brides, les Kina au printemps, puis un modèle de bottes à l’automne. De quoi s’assurer que leur stratégie sera payante.
« Cuir végétal » ≠ « cuir végan » : comment s’y retrouver ?
Et peut-être même qu’elle fera des émules dans ce secteur où le cuir a naturellement la peau dure. D’après le Conseil national du cuir, la filière française dénombre près de 9.400 entreprises, 130.000 salariés et représente 25 milliards d’euros de chiffres d’affaires.
Quatrième producteur mondial et troisième exportateur de maroquinerie et de cuir brut, la France fait figure de mastodonte dans le secteur du cuir. Qui peut vite s’avérer déroutant d’ailleurs : le « cuir végétal » ne désigne pas une matière végane, mais bien une peau animale tannée à l’aide de produits végétaux, en opposition au polluant tannage au chrome encore répandu.
Tant qu’il ne sera pas produit plus massivement, le Piñatex risque bien de rester onéreux encore longtemps. Même chose pour son cousin le Pellemela, matériau réalisé à partir de 50% de déchets de pommes recyclés. En attendant, « cuir vegan » ne désigne pas forcément des matières si éco-responsables que ça.
Cette expression peut aussi bien désigner du plastique ni recyclé ni recyclable (comme la plupart du skaï et du polyuréthane), du plastique recyclé et recyclable (comme le fait très bien la marque Matt & Nat), des chutes de cuir animal reconditionnées (ce que fait l’entreprise Recyc Leather qui travaille avec les marques OTH Paris ou French Connection UK sur certains produits, par exemple), ou des matières végétales issues de fruits, de champignons ou même de bactéries ! On n’arrête pas le progrès…
Le meilleur moyen de s’y retrouver reste donc de s’informer et de réclamer plus de transparence, en boutique, sur les e-shops et sur les réseaux sociaux des marques, afin d’encourager la mode à devenir plus responsable et éthique.
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