Mardi 5 septembre se tenait la projection presse en avant-première du nouveau documentaire Un silence si bruyant d’Emmanuelle Béart. L’actrice (et coréalisatrice du film) y révèle avoir été victime d’inceste de ses 10 à 14 ans.
« Aucun cri ne sort de ma bouche »
Aujourd’hui âgée de 60 ans, l’actrice revient, dans son film, sur ce drame :
« J’ai 11 ans, c’est la nuit, j’en suis sûre. Tu déchires mon sommeil comme tu déchires sans bruit ma chemise de nuit. Comme si cet arrêt dans le temps, ce silence polaire te laissait tout l’espace. Et comme si déjà, il était inscrit que personne jamais ne témoignerait. J’ai très froid. Aucun cri ne sort de ma bouche, les mots ne se forment pas dans ma bouche, ma bouche est cousue. Quand il fait jour à nouveau, tout semble intact, comme si de rien n’était. »
Elle poursuit : « Mon père, ma mère, mon école, mes amis ne voient rien. Tout peut recommencer et tu recommenceras pendant quatre ans. »
Étant absente de la projection, c’est la coréalisatrice Anastasia Mikova qui précisera pour elle que son agresseur n’était pas son père, l’auteur-compositeur Guy Béart : « Elle ne souhaite pas révéler son identité, ce n’est pas sa démarche, ce n’est pas un règlement de compte. »
Dans le documentaire, Emmanuelle Béart ajoute d’ailleurs : « Si ma grand-mère n’était pas intervenue, si elle ne m’avait pas mise dans un train à 15 ans pour aller rejoindre mon père, je ne sais pas si j’aurais pu vivre. »
« Un film choral, collectif »
Le documentaire raconte également les vécus de trois adultes, Norma, Pascale et Joachim, et d’une enfant, victimes d’inceste. « C’est un film choral, collectif » explique Anastasia Mikova, rappelant au passage que l’inceste concerne « 10 % de la population française, 6 millions de personnes ».
Si Emmanuelle Béart n’a jamais porté plainte, craignant l’inaction de la justice et redoutant qu’on remette en question sa parole, elle raconte avoir alerté ses proches et s’être heurté à des « cercles de silence ».
« C’est quoi cette société qui n’écoute pas ses enfants ? » s’insurge l’actrice dans une longue interview exclusive accordée au magazine ELLE. En 2008, Emmanuelle Béart s’était déjà confiée au féminin sur « une blessure de chair inguérissable ». Dans ce documentaire et son entretien avec ELLE, elle dénonce l’incurie de la justice, les peines dérisoires dont écopent les auteurs, « la parole de l’enfant anéantie par le cadre juridique ».
Et surtout ce « silence familial » et « sociétal » auquel les victimes d’inceste sont trop souvent confinées malgré elles.
Le film « Un silence si bruyant » sera diffusé le 24 septembre sur M6.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Non seulement, elle concerne énormément de foyers français, mais j'ai l'impression que c'est tout un système sous-marin qui est en place et à chaque nouvelles générations on a des millions d'enfants victimes ce qui donnera des adultes traumatisés.
Les conséquences psychologiques et même psychiatriques restent opaques et c'est seulement maintenant que c'est un peu étudié.
A noter que beaucoup de personnes ayant le TDI ont souvent été victimes d'inceste et parfois même avant l'âge de 3 ans. Il y a aussi l'inceste inter générationnelle, des familles entières de l'arrière grand parents aux parents qui pratiquent l'inceste sur l'enfant et dont chaque membre a été à la fois victimes et ensuite bourreau.
C'est une énorme avancée que les victimes prennent la parole et cassent les cycles mais je pense que les neurosciences devraient aussi étudier le phénomène.
Sans compter la violence quotidienne sous forme de micro agression aussi bien des médias que de l'entourage ou de violence oure(sexisme, racisme, homophobie, viol, pedocriminalité, transphobie, violence conjugale..) si on ajoute l'inceste qui se combine très bien avec les autres phénomènes, cela veut dire qu'on a la majorité de notre population qui est traumatisée.
Quant à la justice, au vu de la politique actuelle c'est le même problème que la santé. Par contre les peines dérisoires des auteurs sont effectivement incompréhensibles même si apparemment ils ont une obligation de soin souvent. Mais bon, comme il n'y a pas de suivis ou très peu... Ce n'est pas efficace.