La première saison de Selling Sunset, diffusée dans son intégralité le 21 mars 2019, m’a mis le doigt dans un engrenage dangereux : celui des extensions de cheveux et autres prothèses ongulaires.
Trois jours après avoir vu le premier épisode, j’avais donc une crinière jusqu’aux fesses et des mains fuchsia, prête à en découdre avec le premier Zara qui croiserait ma route (j’ai pas les moyens d’aller chez Gucci).
Parce que Selling Sunset, c’est une histoire d’immobilier, mais aussi et surtout de mode — et de dramas bien sûr.
Cette année, pour sa quatrième saison, l’émission de télé-réalité de Netflix a fait les choses en grand, upgradant ses moyens de production et mettant le paquet sur les histoires personnelles des promotrices immobilières.
L’occasion, parfois, de découvrir que le programme est moins superficiel qu’il n’y parait.
Selling Sunset, du drama et des maisons de luxe
Si vous avez loupé le programme américain de Netflix, vous n’avez pas encore fait la délicieuse connaissance de Christine, Chrishell, Heather, Davina, Maya, Jason, Amanza, Brett et consorts.
Et votre vie doit s’en trouver bien démunie.
Cette joyeuse troupe fait partie de l’Oppenheim Group, une agence immobilière située à Los Angeles, qui permet aux riches Américains d’acquérir le foyer dont ils rêvent, à base de piscines miroir, de dressings de 500 m2, de jardins luxuriants et de garages suffisamment grands pour y accueillir leurs douze Porsche.
Ainsi, la série est l’occasion pour nous, pauvres mécréants, de siroter un peu de la vie de luxe que nous n’aurons jamais.
Mais sous cet argument se cachent bien sûr les rouages habituelles de la télé-réalité classique, c’est à dire l’entertainment par les clashs, les romances et les potins.
Voilà comment un programme censé décrypter l’état du marché immobilier américain devient finalement un prétexte aux drama en tous genres !
Par exemple, Christine et Chrishell se sont fait la guerre pendant plusieurs saisons ; Christine et Mary, anciennement meilleures amies, ne se parlent plus ; de nouvelles meufs sont entrées à l’agence, parmi lesquelles Emma, la copine de l’ex de Christine, etc.
Bref, Selling Sunset c’est Dynasty mais dans la (presque) vraie vie.
Selling Sunset : sous le Botox, de vrais sujets
Il serait facile, puisque la société nous encourage à dévaloriser les femmes qui prêtent attention à leur physique au point de se faire refaire de la tête aux pieds, de se moquer des protagonistes de Selling Sunset.
Et on en serait bien mal avisées.
En effet, sous les cascades de faux cheveux platines et sous les talons aiguilles griffés se cachent des femmes ambitieuses, intelligentes, menant leur carrière à la baguette et conjuguant vie pro et vie privée.
Par exemple, Christine, dans cette quatrième saison, vient d’avoir un bébé et compte vite reprendre le travail — en dépit des conseils de son patron, qui la daronnise dans les grandes. largeurs.
Elle ambitionne alors de se démener pour être à la fois une mère et une agente perchée sur des talons de 15.
Mary, quant à elle, a élevé seule son fils d’aujourd’hui 18 ans, tout en vendant des baraques à plusieurs millions de dollars.
Et que dire d’Amanza qui se bat contre son ex-époux pour la garde de leurs enfants, de Vanessa dont la vocation d’agente immobilier lui vient de feu sa sœur, de Chrishell qui doit cette année surmonter son divorce, le décès de ses deux parents, tout en évoquant le souvenir douloureux de son enfance difficile, à ne pas avoir toujours un toit au-dessus de la tête ?
Oui, il serait trop facile de se moquer de ces femmes parce qu’elles crient en permanence, parce qu’elles sont sur-sapées pour aller à la piscine et parce qu’elles sont très refaites. Parce qu’elles ne sont pas que cela.
Elles sont aussi et surtout des combattantes qui n’ont pas peur d’exprimer leur ambition, et traversent la vie avec une attitude féroce — dont on pousse les femmes à avoir honte, généralement.
Fières de qui elles sont et de qui elles veulent être, elles précisent souvent qu’il est difficile pour les hommes qui les ont accompagnées dans leur vie d’envisager une existence avec des femmes qui mènent si bien leur barque toute seules.
Mais aucune ne renoncerait à son ambition pour un homme, et toutes mènent une carrière brillante qui assouvit leur envie de luxe.
Par ailleurs, et si elles vivent désormais dans le faste, ça n’a pas toujours été le cas pour elle.
Chrishell, comme précisé plus haut, s’est parfois retrouvée sans-abri et Mary, issue d’un milieu modeste, a dû se démerder seule avec un môme à seulement 16 ans.
Qu’on ne s’avise pas, alors, à diminuer la réussite et l’accomplissement de ces femmes simplement parce que leurs extensions font la taille de la Tour Eiffel !
Selling Sunset et le harcèlement
Toutefois, ce qui vient mettre un coup de talon au féminisme potentiel du programme, c’est sans doute l’acharnement régulier d’un groupe de personnes sur une de leurs collègues.
Par exemple, dans les premières saisons, Christine, armée de sa clique, a harcelé moralement Chrishell, allant jusqu’à la rabaisser publiquement à plusieurs reprises.
Cette année, la vapeur s’est renversée : c’est désormais à Christine d’être au cœur de l’acharnement de ses collègues et anciennes amies.
Il est donc fréquent d’assister à la descente aux enfers de l’un des protagonistes, littéralement harcelée par les autres agentes.
Ce qui donne une piètre image de la sororité, et dégrade de manière conséquente mon appréciation du programme, qui aurait pu sans cela être un exemple de télé-réalité presque féministe.
Mais bon, si je suis honnête 5 minutes, est-ce que les clashs ne font pas partie du top des raisons de mon addiction au programme ? Mon dieu, l’homme est vraiment un loup pour l’homme !
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