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Vie quotidienne

Mon complexe sur mes poils a fini par me gâcher la vie et la santé

Corps à cœur, Cœur à corps se fait le porte-parole de Cécile, qui souffre de dermatillomanie : elle charcute son corps pour le « nettoyer ».

Coucou toi ! La patate ?

Cette semaine, c’est Cécile qui vient te raconter comment elle est passée d’un complexe vis-à-vis de sa pilosité à une véritable pathologie : la dermatillomanie

. Elle va t’expliquer de quoi il s’agit…

Si tu n’as pas suivi, il s’agit d’une série de témoignages illustrés, mettant en avant des personnes qui ont décidé d’avoir un regard plus positif vis-à-vis de leurs complexes physiques.

Il ne s’agit pas de se sentir bien À TOUT PRIX (ça suffit les injonctions, oh !) ou de dire qu’il y a des complexes plus importants que d’autres, mais d’observer les chemins que prennent différentes personnes pour se sentir plus en paix avec elles-mêmes.

Tous les corps sont différents, ça te dit de les célébrer avec moi chaque semaine ?

Les illustrations sont faites par mes petites mains et à partir de photos envoyées en même temps que le texte. J’en reçois plusieurs et je choisis celle qui m’inspire le plus.

Donc, sans plus attendre, le témoignage de cette semaine.

Mon dégoût des poils m’a menée à la dermatillomanie

Je fais partie des adeptes des complexes.

Comme beaucoup de jeunes filles, j’ai commencé à les collectionner à partir du collège.

Il y a eu les oreilles trop décollées, les seins inexistants, les bras (et le reste) trop poilus.

Si aujourd’hui j’ai appris à faire avec les deux premiers et même à apprécier ces « défauts » qui font partie de moi, il n’en va pas tout à fait de même pour ma pilosité.

Je n’ai plus de problèmes avec mes avant-bras aux longs poils blonds. Bien que ce ne soit pas toujours des plus seyants, je passe la plupart de l’année en retroussant mes manches, ça leur fait voir le soleil, ils éclaircissent et tout le monde est content.

Mais mon aversion pour les poils ne s’arrête pas aux bras, bien sûr.

J’ai la grande chance d’être la fille d’une femme avec des troubles hormonaux qui lui font pousser des poils sombres et drus, et d’un homme dont le corps doit être recouvert à 90% de poils roux et longs. Merci Papa-Maman pour le patrimoine génétique d’orang-outan !

J’ai mis un certain temps avant de raser plus haut que les genoux ; ma mère, me répétant ce qu’on lui avait dit, me disait que si je les rasais, mes poils pousseraient encore plus.

Je me demande d’ailleurs comment elle n’a pas vu que c’était archi-faux !

Au lycée, je n’osais pas me mettre en maillot de bain ou même en short car j’avais les cuisses poilues. J’ai décliné plusieurs sorties à la piscine, ou alors me planquais dans ma serviette, dans des shorts de bain pour homme…

Je ne me changeais pas devant les autres dans les vestiaires et craignais de me mettre en culotte chez mes amies.

Puis un jour, j’ai tout rasé. Jambes, cuisses, maillot et même fesses. C’est là que les vrais ennuis ont commencé.

Dans ma quête de perfection, j’ai commencé à traquer tout duvet indésirable, passant des heures à éplucher ma peau du moindre poil à peine émergeant, extrayant chaque bulbe avec application.

J’ai développé un TCI, trouble du comportement impulsif, que je ne pouvais plus stopper. Mais ça, je ne l’ai appris que beaucoup plus tard.

Ça fait maintenant 10 ans que je pratique une sorte de dermatillomanie avec une assiduité qui ne diminue que par périodes, pour mieux revenir au premier signe de stress, de contrariété, d’ennui ou simplement par habitude.

Aujourd’hui je ne recherche plus la perfection de la peau, les poils ne m’intéressent plus, je chasse n’importe quelle impureté que mon épiderme peut receler…

Chaque petite bosse ou rougeur est scrupuleusement étudiée, puis charcutée avec l’outil de mon choix : ongles, pince à épiler, aiguille à coudre.

Je peux passer facilement une heure à la recherche de ces imperfections, passant d’une zone à l’autre, me contorsionnant pour mieux voir derrière les chevilles et les genoux ou devant une glace, à extraire des points noirs que personne ne voit… à part moi.

Parfois, je voudrais avoir des problèmes de vue ou les jambes dans le plâtre pour éviter de me détruire la peau comme ça.

Même quand je m’occupe, je touche la peau de mon visage ou de mes épaules, à la recherche de nouveaux trucs à gratter.

Si par malheur je me laisse tenter et découvre mes jambes pour les examiner, alors j’oublie toutes mes bonnes résolutions, toutes les choses que j’avais à faire, parfois même les personnes qui m’entourent.

Rien ne compte à part satisfaire mes pulsions.

Le pire dans cette ronde infernale c’est la culpabilité qui en résulte, je me sens faible et nulle de ne pas pouvoir arrêter, à chaque crise je me dis « STOP ! Maintenant tu arrêtes et tu fais autre chose ».

J’en pleurais de rage et d’impuissance.

La solution est bien sûr de rester occupée le plus possible, mais même lorsque je passe la journée à faire des choses, arrive le moment de me coucher. Et là, c’est reparti, tout y passe avant d’éteindre la lumière.

Comme on peut s’en douter, j’ai de sérieux problèmes de confiance en moi et c’est un gros chantier de reconstruction que je dois entreprendre, mais déjà aujourd’hui, je ne suis plus aussi complexée par ce trouble et par le résultat sur ma peau.

Je me soigne en essayant d’assumer le plus possible, en ne me refusant plus des tenues à cause de ma peau et en feignant la confiance en moi, faute de l’avoir en vrai.

Certes, il serait plus bénéfique que je stoppe carrément ces idioties. Mais en attendant d’avoir la force de le faire, je fais avec. Quand je vois que le regard des gens ne se dirige pas sur mes jambes et que personne ne fait de commentaire, je me rends compte que je m’empoisonne la vie pour pas grand-chose…

Les jours où je me sens vaillante, je me donne des défis en me poussant à porter des choses légères et à sortir sans maquillage.

Je profite de ces instants où je me sens bien pour les imprimer dans mon cerveau afin de me les resservir dans mes moments sombres.

Est-ce que ça fonctionne ?

En tous cas, je me sens mieux dans mes pompes, et même si la dermatillomanie est toujours là et que j’attends avec impatience le temps où je n’aurai plus que des petites cicatrices blanches, je n’ai plus peur du regard des autres sur mon corps et je ne pleure plus devant mon miroir.

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Témoigner sur ses complexes, ça fait quoi ?

J’ai également demandé à Cécile de faire un retour sur cette expérience : témoigner et voir son corps illustré, ça fait quoi, qu’a-t-elle ressenti ?

En participant à cette expérience, au départ j’ai eu peur qu’on me juge, qu’on me dise que c’était juste un problème de volonté, que si je voulais arrêter je n’avais qu’à le faire, etc.

Et puis je me suis souvenue du jour où j’ai vu un reportage sur la dermatillomanie et où j’ai compris que c’était ce qui m’arrivait. J’ai pu comprendre pourquoi je faisais ça, et que je n’étais pas seule.

Que si c’était dur d’arrêter, ce n’était pas parce que j’étais faible mais bien parce que j’avais un vrai problème et qu’il me faudrait beaucoup de courage et sûrement de l’aide pour m’en sortir.

Donc si mon témoignage peut servir à quelqu’un qui découvre ce TCI, ce sera déjà bien.

Pour ma part, pas de gros changement depuis que j’ai pris ces photos, même si en ce moment, je suis dans une période relativement calme niveau grattage, car je n’ai pas vraiment de source de stress.

Je sais que ça recommencera très vite.

Mes jambes, je les déteste. Enfin non, je déteste leur peau, c’est vraiment la partie de mon corps qui prend le plus cher.

Mais sur cette illustration je ne vois pas le sang et la douleur, je vois des taches, comme de nombreux grains de beauté, ça me plaît.

Je vois aussi les blanches, celles que j’aime, mes cicatrices de guerre contre moi-même, l’espoir de la victoire.

Et puis ces couleurs chaudes, c’est vraiment beau !

J’avais essayé de voir une hypnotiseuse pour régler mon problème, mais je n’étais pas très à l’aise avec elle, je n’ai pas voulu continuer après 3 séances.

Néanmoins, je crois que c’est en parlant que l’on peut se défaire de ces troubles, en en cherchant la cause.

Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, médicale, psychologique, familiale…

Merci Léa de m’avoir permis de participer à cette aventure, c’est vraiment quelque chose de spécial, j’ai l’impression d’être écoutée, comprise et ça me fait beaucoup de bien.

Et puis cette illustration est juste parfaite.

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Les Commentaires

12
Avatar de cococat
10 décembre 2018 à 22h12
cococat
@Cheech eh bien je ne sais pas si c est lié mais j ai fais un choix de vie qui a beaucoup déçu ma mère sur le coup. J avais toujours été l enfant parfaite et sans bavure, j avais beaucoup de pression. Et le jour où j ai fais MON propre choix de vie je pense que j ai eu moins besoin de m auto maltraiter. Je n avais plus autant cette pression d être parfaite et j avais accepté de décevoir. Bref ça fait un peu psycho de comptoirs mais je pense que le fait de ne plus autant me soucier du regard de mes proches sur m a libérée et m a fait arrêter ces séances d auto destruction ( d’ailleurs il m arruve parfois d avoir des petites rechutes lors de mes périodes de doute)
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