Article initialement publié le 2 juillet 2013
Suite à des soucis de santé qui auraient vraisemblablement été causés par ma pilule, ma gynéco m’a ordonné de l’arrêter sur-le-champ pendant trois mois pour voir un peu l’impact que ça pourrait avoir sur ma santé.
Dérèglement hormonal : on m’avait prévenue
Avant de me laisser repartir, elle m’a mise en garde sur les effets secondaires possibles que pourrait entraîner cette interruption : mes cycles allaient partir en vrille et mes hormones allaient organiser une grosse kermesse dans mon corps dans les semaines à venir.
Tout ce qui avait été régulé par la pilule pendant toutes ces années allait se casser la gueule, organiser une révolte, et tout péter dans mon organisme.
Persuadée d’être une super-héroïne, j’y ai pas cru : mon corps était plus intelligent que ça, il saurait gérer ça dans le calme et m’offrirait une transition douce et sereine.
Mon dérèglement hormonal, ou à quel point mon corps est un gros con
Sauf qu’en réalité, mon corps est un gros con qui s’est laissé prendre au piège comme un débutant, me rebalançant des règles apocalyptiques pour la deuxième fois du mois et me jetant au cœur d’une tornade hormonale aux proportions cosmiques.
Pour résumer, c’est comme si la partie de mon cerveau qui gère les émotions avait pris un gros cocktail de drogues mélangées à une énorme quantité d’alcool pour tourner cinquante fois sur elle-même, avant de foncer dans un mur.
Je me retrouve incapable d’assimiler ce qui m’arrive et les émotions provoquées par chaque petit évènement sont complètement disproportionnées, désorientées et inappropriées.
Du coup je sais que quelque chose ne tourne pas rond, mais je suis incapable de faire quoi que ce soit pour que ça s’arrête.
24 heures de dérèglement hormonal
Voici donc comment se sont déroulées les dernières 24 heures.
Si vous avez déjà vécu un bouleversement hormonal d’une telle ampleur, sachez que vous avez désormais tout mon soutien, mon amour, ma compassion, mes larmes et mes éclats de rire hystériques.
Dimanche, 14 heures. Je me réveille après avoir fait un rêve bien pourri qui m’a mise de mauvaise humeur, j’ai naïvement cru que ce que je ressentais n’était lié qu’aux images qui s’était succédées dans ma tête pendant mes heures de sommeil.
Ce petit coup de cafard ne pouvait être que passager, il suffirait sûrement d’une bonne douche pour me remettre d’aplomb.
Des tornades et des corbeaux dans la tête
Après avoir passé une heure à grogner, soupirer, mettre des coups de pied dans ma couette en geignant comme un enfant sur le point de faire un gros caprice et en mettant des patates dans mon matelas, j’ai fini par me bouger le cul.
Il était grand temps de prendre cette fameuse douche salvatrice pour me sortir de ma torpeur et affronter la montagne de boulot qui m’attendait.
Dérèglement hormonal : impossible d’ouvrir mon gel douche, LE DRAME
Ce fut le début d’une longue agonie dont je n’ai pas encore trouvé le moyen de me sortir.
Mais après avoir pleuré, le cul dans ma baignoire vide, parce que je n’arrivais pas à ouvrir mon gel douche, j’ai compris que j’étais foutue pour la journée.
Résultat, ça fait maintenant 24 heures que je pleure toutes les vingt minutes pour rien, que je grogne-soupire-râle-trépigne, que je regarde dans le vide pendant de longues minutes avant de me remettre à pleurer, que je pousse des cris stridents en tapant dans les meubles et que je ris d’épuisement en rêvant du moment où je pourrais enfin retrouver ma couette.
D’abord, j’ai pleuré parce que j’ai mal ouvert mon paquet de Cheetos. Ensuite, j’ai pleuré parce que j’étais en train de manger des Cheetos trempés dans le bouillon de mes nouilles instantanées entre deux tranches de boulot, parce que paye ton dimanche de merde.
Après, en faisant une pause sur Instagram, je suis tombée sur les photos de vacances de 80% de mes amis et j’ai pleuré parce que moi je suis en jogging devant mon ordinateur et que ça va bientôt faire un an que j’ai pas de vacances et que je suis pas prête d’en avoir, parce qu’être freelance, c’est de la merde finalement.
Les dernières heures de mon dimanche se sont déroulées selon le schéma suivant :
- Mmmmmmggggnnnnn.
- Soupir.
- Long soupir.
- Quinze minutes de « je fixe le mur, la bouche ouverte, l’œil vide ».
- Je reprends mes esprits et pleure parce que j’ai perdu quinze minutes à fixer le mur.
- Je lance un film pour me changer les idées.
- Je pleure devant le film parce qu’il y a une bande d’amis et que moi je suis seule sous mon plaid en moumoute.
- Je me tape la tête sur toutes les surfaces dures que je peux trouver (même si c’est juste un carnet posé sur mon lit) en espérant que ça passe.
- Je traverse l’appartement enroulée dans mon plaid, tête comprise, et retourne pleurer dans ma chambre après avoir croisé les regards compatissants de mon cousin/coloc et de sa copine.
- Je jette mon portable à l’autre bout de mon lit parce qu’il ne sonne pas (bien que je n’ai cherché à contacter personne).
- Je jette d’autres trucs à travers la pièce, des stylos, des boules de papier, des limes à ongles, mais bizarrement ça change rien.
- Je mange tout ce qui me tombe sous la main : bonbons, chips, fromage, vieille tranche de jambon, boite de maïs, bol de nouilles instantanées (le deuxième de la journée), reste de pâtes, tablette de chocolat.
- Je me roule en boule dans mon plaid en pleurant avec mon ours en peluche dans les bras, seul compagnon fidèle, qui m’aime lui (dans ma tête).
- Je suis seule, seule au monde, tout le monde m’a quittée et j’ai l’impression que Hulk est en train de faire un bras de fer avec mon coeur tellement il est tout serré.
J’ai fini par me forcer à dormir vers trois heures du matin, le visage trempé de larmes, en espérant que ça aille mieux après une bonne nuit de sommeil.
Mais quand j’ai ouvert les yeux à huit heures, réveillée par le cul de mon chaton délicatement posé sur mon menton, j’ai compris que j’avais pas fini d’en chier.
Dérèglement hormonal : petit zizi qui fait pleurer
Je m’installe à mon bureau, je prends une grande inspiration, j’expire, je suis prête, c’est parti.
Je lève les yeux et tombe sur le petit zizi dessiné sur un post-it que j’avais fait pour un pote lors d’une conversation en Face Time quand on était bourrés, et devinez quoi ? Ben ouais, je pleure.
Un portrait bouleversant.
Parce que mes potes me manquent, que je veux m’amuser, rire, danser, courir dans la rue, profiter de la vie, mais qu’au lieu de ça faut que
je travaille parce que paraît que j’ai des factures à payer.
J’ai envie de retourner mon bureau, de tout jeter par la fenêtre, de hurler et de foncer dans la rue en arrachant mes vêtements avant de disparaître dans l’horizon.
Dérèglement hormonal : mes « Tchoutches »
Le corps paralysé par des crampes titanesques, le moral en berne, la larme au coin de l’œil, je vais voir Fab pour lui demander de l’aide parce que j’arrive pas à écrire.
Au téléphone, il prononce le mot « tchoutches » (dans un contexte que j’ai oublié) et j’explose de rire, jusqu’à ne plus pouvoir respirer. Quand je reprends ma respiration, je pleure.
Et comme lui se marre à l’autre bout du fil (normal), ben je me marre aussi, mais sans m’arrêter de pleurer. Et je sais toujours pas pourquoi, ni comment m’arrêter. (NDFab : c’était effectivement un moment bizarre)
Alors je m’y remets, mais comme ça coule pas tout seul comme d’habitude, je me tape la tête sur le bureau, une fois, deux fois, dix fois, quinze fois, j’ai mal, vingt fois, j’ai le tournis, trente fois, je veux me recoucher, pitié, s’il vous plaît, laissez-moi dormir pour oublier.
Voilà. Vive la pilule, vive les hormones, vive la France.
À lire aussi : Un an sans pilule, les changements physiques, et la peur du DIU racontés par Sophie Riche
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Les Commentaires
Interdite de pilule classique j'ai plus de 10 ans été sous Luteran que j'ai arrêté pour tomber enceinte en 2014. Je n'ai eu aucun souci d'humeur suite à son arrêt et j'ai d'ailleurs très bien vécu mon arrêt de contraception que je ne souhaitait pas reprendre.
La vie étant ce qu'elle est je me suis séparée du papa et ai dû reprendre une contraception quand j'ai rencontré quelqu'un avec qui c'est devenu sérieux.
Couac en début d'année, une tumeur bénigne dans la tête dont j'ai été opérée et là ma gygy me dit que je n'ai plus le droit au Lutéran qui favorise ces tumeurs. Elle me passe sous Antigone Gé que je supporte plutôt bien, pas d’hémorragie intempestive comme ça peut arriver. Cela fait 3 mois que je la prends et je me décide à l'arrêter il y a maintenant 4 semaines car projet bébé ....
Au bout de quelques temps libido exacerbée, je n'ai pas été surprise je savais que ça pouvait arriver, mais depuis une semaine je suis à fleur de peau ! J'ai mis ça au début sur le fait que mon fils était parti en vacances avec son papa et que ça me rendait triste car on a beaucoup passé de temps ensemble depuis mon opération (il n'a plus été chez la nounou pendant 4 mois) et qu'avant qu'il parte avec son père il a été quasi 15 jours avec moi car plus de nounou pour les congés.
Bref, cela fait une semaine que mon gremlin est parti, c'est quelque chose que je vis normalement plutôt bien même s'il me manque mais hier j'étais en mode madeleine à chialer pour oui un non, ressentir une sorte de boule dans le ventre, la gorge serrée, prendre mal la moindre parole de mon chéri et fondre en larmes sous la douche, en matant une série, en allant étendre mon linge, etc ... Me sentir seule à un point incommensurable (ma meilleure amie a aussi refait sa vie et c'est vrai qu'on se voit moins, on n'arrive plus à passer du temps à papoter comme avant, je sais que ça me manque mais au point de me sentir seule au monde non), me dire que je n'avais personne à qui parler et pleurer de plus belle.
En vous lisant je me dis que ce sont simplement les hormones, 4 semaines d'arrêt ça doit encore se chambouler là dedans, mes règles ne sont pas encore de retour, ça avait pris 3 mois après l'arrêt du Lutéran, là on verra bien mais honnêtement j'ai hâte même si elles sont douloureuses et que je dois prendre du doliprane les premiers jours et que je sais pertinemment quand j'ovule tellement j'ai mal au moment T !