Vous l’avez peut-être vu passer la semaine dernière dans vos fils d’actualité. Nous étions le 1er mars, à une semaine de la journée internationale des droits des femmes, et un représentant élu de l’Union Européenne tenait en plein hémicycle des propos d’un autre âge.
Janusz Korwin-Mikke, député polonais, s’exprimait à la tribune en ces termes :
« Savez-vous combien de femmes se placent dans le top 100 des joueurs d’échecs ? Je peux vous le dire : aucune.
Donc bien sûr, bien entendu, je peux vous le dire : les femmes DOIVENT gagner moins que les hommes, parce que les femmes sont plus faibles, plus petites, moins intelligentes.
Donc elles DOIVENT gagner moins. C’est tout. »
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« Bien sûr que les femmes doivent être moins payées »
Bon. Alors quand j’entends, parfois, que l’égalité salariale est une bataille gagnée, que certes il va falloir du temps pour qu’elle devienne effective dans les faits, mais qu’au moins dans les esprits, ce principe est acquis, je me permets de rappeler que c’est malheureusement loin d’être le cas.
Car la scène retranscrite ci-dessus ne se déroule pas au comptoir du Café du Commerce, et celui qui tient ces propos n’est pas l’ivrogne de service.
Nous sommes au Parlement Européen, et ces mots ont été prononcés par un élu du peuple. Voyez vous-même la scène, remontée et sous-titrée par Brut.
Fort heureusement, une députée espagnole présente dans l’hémicycle à ce moment, Iratxe Garcia Perez, a pris la parole pour répondre à son confrère.
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« Mon devoir est de défendre les Européennes contre des hommes comme vous »
On admirera sa retenue :
« Bon, selon vous, selon votre théorie, je n’aurais pas le droit d’être ici, en tant que membre du parlement européen.
Et je sais que vous êtes dérangé par le fait que nous, les femmes, nous puissions nous aussi représenter les citoyen•nes, sur un pied d’égalité avec vous.
Bien. Je pense donc qu’il est de mon devoir de défendre les femmes européennes contre des hommes comme vous. »
Plus encore que sa réponse, c’est sans doute la réaction de cette députée socialiste espagnole en entendant la tirade de son collègue polonais qui restera culte. Elle mérite de devenir un mème !
Faites-vous plaisir
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Le député Janusz Korwin-Mikke sanctionné sévèrement
La bonne nouvelle, c’est qu’en 2017, on n’a pas encore éradiqué le sexisme de la planète (la preuve avec ce vieux bouc n’est-ce pas), mais on y travaille sérieusement au sein de nos institutions.
C’est ainsi que le règlement du Parlement Européen sanctionne la tenue de propos racistes, xénophobes, et globalement discriminatoires en son sein.
C’est pourquoi notre fameux député polonais, si attaché à l’inégalité des salaires entre les femmes et les hommes, a écopé de sanctions « sans précédent dans leur sévérité » selon le président du Parlement européen Antonio Tajani, rapporte Politico :
- 10 jours de suspension de toutes les activités du Parlement
- Perte de ses indemnités journalières pendant 30 jours
- Interdiction de représenter le Parlement Européen.
Le Président Tajani a en outre déclaré :
« Je ne saurais tolérer un tel comportement, d’autant plus grave qu’il est le fait d’une personne qui devrait être le digne représentant des peuples européens.
En insultant toutes les femmes, il a foulé aux pieds nos valeurs fondamentales.
J’ai immédiatement ouvert une enquête que j’ai conclue dans les meilleurs délais avec des sanctions proportionnées à la gravité des violations. »
Beyoncé approuve
Des sanctions d’une sévérité exemplaire
La morale de cette histoire, c’est que notre société avance dans le bon sens – oui on aime regarder le verre à moitié plein. L’extrait vidéo reprenant les propos du député polonais Janusz Korwin-Mikke a interpellé de nombreux•ses internautes, il a touché d’autres membres du Parlement européen.
Loin de rester sourd à cet outrage, le Président du Parlement a réagi par une enquête, puis a décidé d’attribuer une sanction sévère exemplaire à Korwin-Mikke.
J’espère que cette anecdote servira d’exemple jusqu’au Parlement Français, où un député s’était cru autorisé à caqueter pendant l’intervention de la députée EELV Véronique Massonneau, où d’autres avaient sifflé la robe de Cécile Duflot, où de très nombreuses collaboratrices dénoncent le sexisme dont elles sont victimes ou témoin, où la parole s’est libérée suite à l’affaire Baupin.
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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