Bon. On sait bien que parler de ses exs, parler à ses exs, ce n’est pas toujours facile, et ça fait remonter des souvenirs qui peuvent être compliqués. Mais il y a aussi des histoires qui nous laissent un souvenir sucré. Des ex qui nous aident à découvrir des nouvelles parties de nous, qui nous portent, et qu’on quitte encore pleine d’affections.
Ça, c’est que Mymy a vécu avec Julien. Un ex qui l’ai aidée à ouvrir une porte, et à vivre plus libre.
Ce que Mymy aurait dû dire à son ex
Cher Julien,
J’espère que tu vas bien. Je n’ai plus trop de tes nouvelles, on n’est pas restés potes. On a bien pris ce verre, deux ans après notre séparation, et ce n’était pas désagréable, j’ai même hésité à en recommander un… mais il y avait quelque chose de bizarre. Comme revenir dans un appartement qu’on a habité, mais que quelqu’un a depuis redécoré. Tu avais coupé tes longs cheveux, changé de lunettes, tu étais un peu plus mature, un peu moins joueur. Moi aussi, j’avais grandi. On en est restés à une pinte ; depuis tu vis ta vie, et moi la mienne.
Mais je crois que ce que tu ne sais pas, c’est à quel point tu as changé ma vie. Car depuis notre histoire, je ne suis jamais revenue en arrière.
Tu étais aimant, respectueux, passionné. Tu étais un amoureux solide, un partenaire de vie loyal malgré notre couple à distance, un amant atypique qui m’a fait explorer des facettes insoupçonnées de ma sensualité, un ami aventureux tout aussi capable de me parler des étoiles et de leurs secrets que de m’emmener crapahuter en pleine nuit dans la montagne enneigée.
Mais surtout, tu étais un amour libre.
Tu as été le premier de mes partenaires à me proposer une relation libre, moi qui ne savais même pas que ça existait. Le premier à me dire, tout simplement :
« Ce n’est pas parce que je t’aime que ton corps m’appartient, c’est important de te dire que tu peux, selon moi, vivre ta vie et ta sexualité avec d’autres si tu le veux, sans que je ne te le reproche ».
Le premier à m’entrouvrir la porte du couple traditionnel et me faire remettre en question les normes sociales qu’on m’avait présentées comme la seule option possible.
Nous avons vécu trois ans d’amour heureux, et pendant ce temps, nous avons aussi vécu des aventures, des papillons à droite à gauche, nous avons embrassé d’autres lèvres, étreint d’autres corps. Sans jamais perdre de vue que nous étions, pour chacun, la priorité.
Tu m’as appris que mes besoins confus et honteux étaient tout à fait légitimes et qu’il n’y avait rien de honteux à ne pas associer sexe et sentiment, à ne pas me reconnaître dans le sens traditionnel de la fidélité.
Tu m’as appris qu’il est possible de réinventer chaque pan de sa vie pour qu’il nous convienne au maximum, sans s’intéresser aux conventions sociales ni au qu’en-dira-t-on. Tu m’as appris que je peux être une femme aimante, vibrante, alignée avec mes désirs comme avec mes convictions.
Tu m’as appris aussi, en corollaire, à assumer mes choix. Être dans des relations atypiques, c’est se heurter en permanence aux incompréhensions, aux jugements, aux idées reçues des autres qui projettent sur nous leurs propres insécurités, leur propre éducation, leurs propres convictions. Parler librement de cet aspect de ma vie, de notre couple pas comme les autres, m’a forcée à me frotter aux esprits étriqués et à me défendre face à leurs attaques. Quelques débats plus tard, j’ai le menton relevé, les épaules droites, la tête haute, et je sais que je peux réclamer haut et fort mon droit à ma liberté de vivre ma vie comme je l’entends.
Depuis toi, Julien, je n’ai plus jamais tourné les talons. Je ne suis plus jamais revenue au couple exclusif, puisque je sais maintenant qu’il ne me convient pas, et qu’un autre monde est possible — pour moi, et pour toutes les personnes auxquelles ce type d’amour convient.
Et puis tu sais ce que c’est, la liberté : on y goûte une fois, et on a envie d’y replonger. Puisque le couple traditionnel qu’on m’a présenté comme une évidence n’en est pas une, qu’est-ce qu’il y a d’autre dans ma vie qui ne me convient pas, au final, ou pas autant que ce que je le pensais ? Est-ce que je me reconnais dans l’hétérosexualité traditionnelle, dans le salariat traditionnel, dans un mode de logement traditionnel, dans un parcours de vie traditionnel ?
À ces questions, je n’ai pas toujours la réponse. Et je l’avais encore moins quand nous étions ensemble, du haut de mes vingt-deux printemps ! Mais ce n’est pas grave de ne pas avoir la réponse. Je crois que le plus important, c’est que tu m’as appris une chose : on a toujours le droit de se poser des questions.
Et on n’est pas cassée parce qu’on ne s’épanouit pas dans les schémas classiques. On n’est pas défectueuse. On n’est pas anormale. On est juste nous, je suis juste moi ; ce n’est pas à moi de changer pour m’adapter au monde, c’est à moi de créer le petit monde dans lequel je me sens bien, cent pour cent fidèle à mes valeurs, à mes envies, à mes désirs, à ma philosophie.
Alors merci, Julien, et bonne vie. Je te souhaite d’être toujours aussi libre que tu m’as appris à l’être.
Gros bisous,
Mymy
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Ce que j’aurais dû dire à mon ex est un podcast de Madmoizelle édité et présenté par Aïda Djoupa. Réalisation, musique et édition : Mathis Grosos. Rédaction en chef : Mymy Haegel. Direction de la rédaction : Mélanie Wanga. Direction générale : Marine Normand.
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