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Société

Déprogrammé du festival d’Angoulême, Bastien Vivès ne semble pas prêt à se remettre en question

L’auteur de BD a finalement réagi à sa déprogrammation du festival d’Angoulême dans un communiqué où il présente des excuses et condamne la pédocriminalité et la culture du viol. A-t-il convaincu ?

Chaque mot semble choisi avec soin dans le post que Bastien Vivès a publié sur son compte Instagram ce jeudi 15 décembre, dans lequel il affirme condamner la pédocriminalité et la culture du viol.

Au cœur d’une polémique provoquée par la décision du Festival international de BD d’Angoulême de lui consacrer une exposition carte blanche, finalement déprogrammée en raison de « menaces », l’auteur a donc fini par réagir publiquement. « Je tiens à exprimer ma solidarité sincère envers les victimes d’incestes et de toutes (sic) autres abus sexuels. En aucun cas, mes livres ne doivent être lus sous le prisme de la complaisance envers ces crimes. ». En tant que créateur, Bastien Vivès devrait savoir que certes, son intention d’artiste compte, mais jamais aucun auteur, réalisateur, peintre ou musicien, n’est là, penché sur notre épaule, pour nous dire comment recevoir une œuvre, ni ce qu’elle génère comme émotion.

Il insiste sur la variété de son œuvre et sur sa dimension « burlesque humoristique », mais aussi sur son « ton provocateur », son côté « sans filtre » en interview. Il y reconnait en outre avoir utilisé les réseaux sociaux comme un « défouloir » et « s’excuse » auprès de l’autrice de BD Emma, qu’il avait violemment attaqué voilà plusieurs années. Dommage qu’il n’ait pas pris la peine de le faire plus tôt et dans d’autres circonstances pour que cela paraisse moins calculé.

Capture d’écran 2022-12-12 à 17.24.48

Une remise en question somme toute très mesurée : à aucun moment, Bastien Vivès ne s’attache à considérer qu’il a pu dans son œuvre, comme dans ses propos tenus dans les médias (et ce y compris sur Madmoizelle par le passé), banaliser les violences sexuelles. Ce communiqué finalement très clinique tend surtout à lui faire reconnaître quelques torts (ses posts qu’il qualifie lui-même de « puériles » sur Facebook et Twitter, notamment) et à le déresponsabiliser de ce pourquoi sa programmation au festival d’Angoulême a posé problème et a été dénoncée : la complaisance, voire l’apologie des violences incestueuses et pédocriminelles.

Il termine en affirmant qu’il sera particulièrement vigilant dans ses prochaines prises de parole publiques… sans pour autant s’engager à réfléchir à l’impact de ses œuvres, notamment quand elles mettent en scène des violences sexuelles.

bastien vives
Selbymay, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Les autrices de BD réagissent

Le collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme a réagi, dénonçant la « légèreté » avec laquelle le FIBD a choisi « de consacrer une exposition à un auteur indéniable, mais qui pose problème tant par sa production d’images pédopornographiques, que par ses réflexions personnelles totalement inadaptées sur l’inceste, l’homophobie ou la pédophilie, ainsi que par une vision archaïque de la femme ».

Si le collectif ne se montre pas favorable à une annulation, il attend des explications et des excuses des programmateurs du festival et espère une réelle remise en question de ce bastion masculin, qu’est le FIBD.

Depuis la déprogrammation de son exposition carte blanche, c’est l’atteinte à la liberté d’expression de Bastien Vivès qui est brandie par celles et ceux qui entendent le défendre lui et son œuvre. Le collectif tient aussi à rappeler sa position :

« Bastien Vivès entend que sa liberté soit respectée : nous ne remettons pas cela en cause, nous demandons que son travail ne soit pas célébré sans qu’aucun questionnement ne semble envisageable. »

À lire aussi : Pourquoi la carte blanche accordée à Bastien Vivès au festival d’Angoulême fait polémique

Crédit photo : Capture


Les Commentaires

33
Avatar de GwenP
13 janvier 2023 à 12h01
GwenP
Tiens, c'est marrant, mais pour parler de Marsault et des pédophiles...
C'est vraiment une réthorique d'extrême droite et très masculine. Le fameux "QUOIIII JAMAIS MOI SI JE CROISE UN PEDOPHILE JE LUI COUPE LES COUILLES". (On la retrouve aussi sur le célébrissime et délicieux "moi un mec qui fait du mal aux fâââmes je lui pète la gueule, moi je suis un vrai chevalier blanc)
mais dans la pratique ?
Si c'est son meilleur pote, son frère, son patron ?
ON SAIT TRES BIEN.
Ca va donner du Matzneff entouré de Beigbeder et de Ardisson qui rigolent "ha nous on va passer une bonne soirée, enfin Gabriel va probablement aller se coucher avec une fille de 12 ans hahaha".
Ca va minimiser. Edulcorer. Nier.
Ca va ... cautionner. A demi mot. ON NE SAIT PAS. RIEN N'EST SUR. D'ailleurs les gamins mentent tout le temps.
(désolée je n'ai trouvé que le lien vidéo fb).
Ca me fait penser très fort au cas du trompettiste Ibrahim Maalouf aussi qui a RECONNU avoir touché et embrassé sa stagiaire de 13 ans, mais qui a décrété que c'était elle qui avait commencé.
Le mec a été "récompensé" par une émission régulière sur TSF Jazz.
On sait très bien ce que la société patriarcale fait aux pédophiles : rien. Elle ne leur fait rien du tout.
9
Voir les 33 commentaires

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