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Politique

Dépolitisée, la jeunesse ? Malgré les taux d’abstention, 72% des 18-24 ans se disent « engagés »

Près de 72% des 18-24 ans se considèrent « engagés », selon une étude de la Fondation Jean Jaurès. Loin d’être dépolitisée, cette population serait aussi celle qui vote le moins, au bénéfice d’autres modes d’action. 

Les élections régionales et départementales de juin 2021 ont été marquées par un taux record d’abstention (66,74% au premier tour). Parmi les jeunes, près de 87% des 18-24 ans ne seraient pas allés voter au premier tour du scrutin, selon une enquête Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions. Ce phénomène n’est pas nouveau mais il semble s’accentuer à chaque élection.

De quoi soulever, encore et toujours, la même question : la jeunesse est-elle dépolitisée ? 

Une étude BVA Opinion pour la Fondation Jean Jaurès sur l’engagement des Français et Françaises s’attaque à cette idée reçue. L’enquête réalisée, de mai à juin 2021 sur un échantillon représentatif de 3000 personnes, suggère que le vote n’est plus un moyen d’action privilégié, en particulier pour les jeunes, mais que cela ne les empêche pas de s’engager. Décryptage cette fracture juvénile entre engagement et politique traditionnelle. 

Oui à l’engagement, mais sur le mode individuel

Selon l’étude, pas moins de 72% des 18-24 ans se considèrent comme « engagés » — chez les 65 ans et plus, cette réponse est donnée par 55% des répondants.

« On touche ici un enseignement essentiel : ces résultats viennent relativiser certains propos décrivant les jeunes comme massivement désengagés ou indifférents à ce qui les entoure », écrit l’auteure, Adélaïde Zulfikarpasic. Mais pour beaucoup, il s’agirait avant tout une affaire personnelle. 

Parmi les réponses spontanées des 3000 personnes interrogées, 55% associent l’engagement à des valeurs ou à une ligne de conduite personnelle comme le fait de tenir ses promesses ou d’être responsable, tandis que 29% d’entre elles évoquent une dimension collective (via l’engagement associatif par exemple). Pétitions, boycott et dons seraient également préférés à la manifestation et à la grève, corroborant cette vision plus individuelle.

Si l’écart d’âge est faible sur les actions collectives, l’étude note cependant que les jeunes privilégient l’engagement d’influence : ils sont 40% à partager leurs opinions sur les réseaux sociaux, contre 27% des Français en moyenne. 

Pour autant, ils accordent plus d’importance à leurs parents (85%) ou leurs amis proches (83%) qu’aux réseaux sociaux et influenceurs (17%) pour se forger leur opinion. Et ce poids de la sphère intime n’exclut pas l’influence d’autres acteurs comme les médias traditionnels (44%), note l’étude — qui a dit que les 2000 ne s’informaient pas ? 

Le vote jugé efficace mais trop traditionnel

Bon, les jeunes sont engagés, ils partagent des storys et postent des tweets salés, mais qu’en est-il du vote ?

Pas moins de 70% des sondés et 73% des 18-24 ans jugent le vote comme un moyen efficace de défendre ses convictions, selon l’étude. Mais ils seraient 18% à ne voter que « rarement ». La jeunesse préfère tout simplement d’autres moyens d’action au quotidien, jugés plus efficaces : s’engager dans une association (80%) faire un don à une association (74%) ou encore parler de sa cause dans les médias traditionnels (74%).

Les seniors, eux, continuent d’aller aux urnes puisque 84% des 65 ans et plus votent à toutes les élections ou presque — les mêmes qui se considéraient pourtant… les moins engagés (55%). 

Adélaïde Zulfikarpasic avance :

« Le vote est ainsi perçu comme un moyen efficace de porter une conviction, mais relativement traditionnel et pas à même de porter toutes les formes d’engagement. […] Et dans la mesure où l’engagement renvoie d’abord à quelque chose de personnel, à une démarche individuelle, qui se traduit dans les formes qu’il prend, sans doute aussi le vote n’est-il pas adapté. »

L’étude montre que les jeunes préfèrent s’engager sur des terrains moins classiques : 70% d’entre eux jugent « très efficace » le partage de contenu sur les réseaux sociaux, contre 41% en moyenne.  

« Une fracture entre engagement et politique »

Jeunes ou pas jeunes, les sondés témoignent tous d’une certaine défiance à l’égard du champ politique traditionnel. Seulement 25% des Français jugent les responsables politiques sincères lorsqu’ils prennent des engagements, « ce qui vient sans doute expliquer également pourquoi l’engagement passe, selon eux, d’abord par la société civile, apolitique », avance l’étude.

Malgré tout, l’élection présidentielle de 2022 suscite un intérêt significatif : les trois quarts des Français (76 %) se déclarent intéressés par cet évènement. Mais combien d’entre eux iront voter ? Telle est la question.

Selon l’auteure de l’étude, ce rendez-vous politique est l’occasion réparer « la fracture entre engagement et politique ». Et pour séduire les djeunz, il va falloir faire plus que s’afficher en t-shirt sur TikTok.

À lire aussi : Avec l’asso Cité des Chances, ce duo invite les « jeunes de banlieue » dans la politique française

Crédit photo : Mat Napo / Unsplash


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Les Commentaires

23
Avatar de adita
14 août 2021 à 00h08
adita
par contre la procuration me semble dangereuse, car ça implique de BIEN choisir la personne, vu qu'il n'y aura jamais aucune preuve de quel bulletin elle aura mis dans l'urne en notre nom.

C'est pas forcément faisable dans les petites villes mais tu peux tout à fait donner procuration à un militant d'un bureau local du parti pour lequel tu veux voter, genre tu contactes l'antenne locale du parti et tu demandes pour une procuration et quelqu'un sera ravie de voter en ton nom pour "votre" candidat.
Plus galère que de donner la procuration à ta maman c'est sûr mais au moins tu es sûre que ton vote sera respecté.
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Voir les 23 commentaires

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