L’autre jour, mue par une envie folle de nourriture intellectuelle, j’ai regardé l’émission C’est mon choix. Elle portait sur les personnes radines, et figurez-vous que le débat a failli partir en pugilat.
En écoutant le discours d’une heureuse sexagénaire (qui n’utilisait que des échantillons pour se laver, s’hydrater, se pomponner, et pensait à chaque sou), en sentant mon poil de panier percé se hérisser à mort, je me suis dit que l’argent, et la façon dont on choisit de le dépenser, est toujours une question qui divise profondément.
Êtes-vous plutôt radin•e ou dépensier•e ? Pensez-vous que vos dépenses peuvent contribuer à votre bonheur ?
Les dépenses font-elles le bonheur ?
Une recherche dont les résultats ont été publiés dans la revue Psychological Science, suggère que vos dépenses pourraient vous rendre heureux•se à condition que vos achats soient en accord avec votre personnalité. Oui, rien que ça !
Pour parvenir à cette conclusion, une équipe de chercheurs et chercheuses s’est associée à une banque anglaise. Les scientifiques ont proposé aux client•es de la banque de répondre à un test de personnalité (le Big Five) et à un questionnaire mesurant leur niveau de satisfaction.
Les chercheurs•es demandent également aux client•es leur permission d’observer leurs transactions bancaires, et de les lier aux résultats des deux questionnaires précédents (après avoir rendu toutes ces données anonymes).
Finalement, l’étude permet aux scientifiques d’observer près de 77 000 transactions bancaires, sur 625 participant•es.
Après quelques analyses automatiques de la banque, la plupart des transactions sont réparties en 59 catégories (qui contiennent chacune au moins 500 transactions sur une période de six mois).
À ce moment-là de l’étude, les scientifiques comparent ces catégories avec les résultats des tests de personnalité, puis avec les réponses au questionnaire mesurant la satisfaction de vie.
Des produits peuvent-ils correspondre à notre personnalité ?
L’équipe de recherche s’aperçoit alors que nous aurions tendance à dépenser plus pour des produits qui « correspondent » à notre personnalité. Mais comment un produit peut-il correspondre à une personnalité ? Comment des achats peuvent-ils correspondre à ce que nous sommes ?
Disons que si l’un de vos traits de personnalité est l’extraversion, l’ouverture vers les autres, on va considérer que boire un verre au pub peut correspondre à ce trait de personnalité (si l’on suppose que vous invitez vos ami•es). En l’occurrence, au cours de l’étude, les chercheurs-es observent que les personnes très extraverties dépensent 52 livres de plus par an dans des « soirées pub » que les personnes introverties.
Dans la même veine, les personnes ayant un haut score au trait « amabilité » (c’est-à-dire des personnes empathiques, amicales, généreuses) dépensent plus d’argent dans des actions caritatives que les autres.
L’argent ne fait pas le bonheur… mais les dépenses, si ?
Après ces premières analyses, les scientifiques ont également constaté que celles et ceux qui dépensaient leur argent pour des achats en accord avec leurs traits de personnalité obtenaient un plus haut score au questionnaire de « satisfaction de vie ». Autrement dit, nous serions plus heureux•ses en dépensant notre argent pour des produits qui correspondent à notre personnalité.
Pour consolider ces analyses, l’équipe a lancé une seconde expérience en offrant à des volontaires un bon d’achat.
À certain•es, les scientifiques demandent de dépenser ce bon dans une libraire. Aux d’autres, ils disent de dépenser le bon dans un bar. Comme dans l’expérience précédente, les volontaires répondent à un test de personnalité et à un questionnaire de satisfaction de vie.
Une nouvelle fois, il s’avère que le bien-être des volontaires est en lien avec leurs dépenses et leurs personnalités : les volontaires extraverti•es ont été plus heureux•ses lorsqu’ils ont dépensé le bon d’achat dans le bar que dans une librairie. Et c’est l’inverse pour les introverti•es.
Selon Joe Gladstone, l’un des auteurs de l’expérience, cette analyse est intéressante parce qu’habituellement, les études trouvent un lien faible entre l’argent et le bonheur. Mais celle-ci propose une autre possibilité : dépenser notre argent pourrait améliorer notre bien-être, à condition que nos dépenses correspondent à nos besoins psychologiques !
Cette donnée peut donner des pistes de réflexion : quelles dépenses pourront vraiment me rendre heureux•se ? À l’inverse, lesquelles ne m’apportent aucune satisfaction ?
Pour aller plus loin…
- La recherche en question
- Un article de Science Daily
Les Commentaires
Je pense exactement pareil