J’ai reçu, comme tout le monde, les tracts électoraux de mon canton. Je les ai lus, et je dois avouer qu’ils se ressemblent énormément. De plus, je sais que les départements et leurs compétences vont être modifiées dans les années à venir, j’ai donc vraiment du mal à faire mon choix parmi les candidat•e•s.
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À l’instar des élections municipales, je vous propose à nouveau une sélection de méthodes simples mais efficaces pour procéder de manière éliminatoire, et ainsi faire le tri des candidat•e•s peu recommandable.
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Ceux et celles qui sont contre les droits des femmes
Celle-là, elle est facile : en tant que jeune femme, personnellement, je me vois mal donner une voix à un parti qui se revendique ouvertement contre les droits des femmes, et notamment celui qui me semble essentiel, le droit à disposer de son corps.
Mardi 10 mars, les député•e•s européen•ne•s ont été appelé•e•s à voter sur un texte portant sur l’avancée de l’égalité hommes-femmes au sein de l’Union Européenne. Cette année, c’est le député socialiste belge Marc Tarabella qui a préparé le diagnostic.
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Le paragraphe 45 de son rapport portait plus précisément sur le droit des femmes à contrôler leur santé, leurs droits sexuels et reproductifs, ainsi qu’à avoir accès à la contraception et à l’avortement. En effet, ces droits ne sont pas reconnus partout en Europe : l’Irlande la Pologne ou Chypre ont notamment des législations très restrictives autour des droits sexuels et reproductifs.
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Le vote des députés était hautement symbolique, car ce rapport n’est pas un texte juridiquement contraignant, il ne s’impose pas aux États-membres. Mais justement, il est symbolique : tou•te•s les élu•e•s Front National ont voté contre.
On écoute les propos d’Aymeric Chauprade, chef de la délégation FN, pour qui l’avortement est « une arme de destruction massive contre la démographie européenne » :
Notez que cette vidéo vient de sa propre page Facebook, c’est vous dire s’il en est fier ! Quant à l’épineuse question des quotas, je vous renvoie à la position de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée Nationale : « la parité n’est pas un quota », la nouvelle loi ne transige plus.
Ceux et celles qui ne sont pas républicain•e•s
N’y voyez pas un raccourci démagogique : les valeurs de la République ne sont pas qu’une belle formule qui sert à embellir les discours. Dans notre droit, il existe ce que les spécialistes appellent des Principes Fondamentaux Reconnus par les Lois de la République, les PFRLR.
On y trouve par exemple la liberté de conscience, le droit d’association, les droits de la défense, et d’autres libertés qui ont une valeur constitutionnelle. La constitution, c’est le texte suprême, la base de notre droit.
J’en déduis que les candidat•e•s qui foulent aux pieds nos principes républicains, nos principes constitutionnels, ne sont pas républicain•e•s. Et ces principes incluent bien entendu le respect et l’égalité entre les citoyen•ne•s, les hommes et les femmes, le refus de toutes les discriminations.
Par exemple, je vous présente Patrick Pinto, candidat à Nancy :
Bon, j’aurais aussi pu vous parler de Nathalie Pigeot, candidate Front National dans mon canton :
« Accusée par plusieurs anciens militants du FN de posséder à son domicile une « collection » d’objets hommages au IIIe Reich d’Adolf Hitler (croix gammée, vaisselle siglée SS, portrait du Fuhrer)
Source : Charlie Hebdo / Républicain lorrain 11/03/2015 »
Toutes ces précieuses informations ont été compilées par des journalistes et des militants zélés, et sont accessibles grâces à cette merveilleuse carte interactive, réalisée par le Huffington Post :
Admirez la légende
PS :
je voudrais vraiment que les journalistes arrêtent de parler de « dérapage » pour qualifier les propos absolument inacceptables de certain•e•s hommes et femmes politiques. Quand on publie une caricature ou une photo raciste et qu’on s’en amuse, ce n’est pas un dérapage, c’est le signe qu’on assume ce qu’on est en train de dire.
Toutes ces déclarations choquantes ne sont pas accidentelles, et ne trahissent pas un manque d’éducation, ou une ignorance sur un sujet, elles expriment la pensée de leurs auteurs. Et elles polluent le débat.
Ceux et celles qui sont contre l’égalité entre les filles et garçons
La Manif Pour Tous continue son œuvre de lobby contre l’égalité. Puisque les collèges relèvent de la compétence du département, elle y voit là l’occasion de faire obstacle aux politiques d’éducation à l’égalité qui pourraient être développées dans les collèges dès la rentrée prochaine.
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Les candidat•e•s signataires de la charte s’engagent donc à lutter contre les familles homo parentales ou monoparentales (notamment en utilisant le levier « politiques sociales locales »), ainsi qu’à s’opposer aux mesures d’éducation à l’égalité, à la sexualité, dans les écoles. Un bien noble dessein…
Travaux pratiques
Comme lors des municipales, la Manif Pour Tous a prit le soin de rédiger une très belle charte, ainsi que de compiler tous les signataires de cet engagement dans une carte interactive très pratique.
Comment savoir si les candidats de votre canton sont signataires de la Manif Pour Tous ? Rien de plus facile !
On commence par se rendre sur le site du ministère de l’Intérieur, qui publie la liste intégrale des candidats aux élections départementales. Il y a un moteur de recherche géographique.
J’ai par exemple été consulter la liste des candidat•e•s dans le premier canton de Metz.
Je me rends alors sur le très pratique site de la Manif Pour Tous, qui répertorie les signataires de leur charte, également par recherche géographique.
J’appelle le premier canton de Metz, et voici ce que j’obtiens :
Ah dites donc, on dirait bien que les candidat•e•s du Front National soutiennent la Manif Pour Tous. J’en prends bonne note. (En même temps, ce n’est pas vraiment une surprise : Françoise Grolet était déjà candidate lors des municipales.)
Astuce : Internet n’oublie rien, alors si vous avez encore dans la gorge la réplique sexiste d’un• élu•e, ou l’opposition de certain•e•s au droit à l’avortement en France, ou encore l’immixtion des lobbys religieux extrêmes dans les débats parlementaires, je vous recommande de (re)lire les quelques articles ci-dessous…
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Pour la troisième et dernière étape du processus, il faudra attendre l’ouverture des bureaux de vote dimanche 22 mars ! Alors je sais, quand on a éliminé les candidat•e•s infréquentables, on n’a pas pour autant fait un choix de cœur.
Pour ma part, j’irai voter dimanche, mais je suis très amère de me sentir obligée d’apporter ma voix à un parti qui me déçoit, simplement pour empêcher la victoire d’un parti qui me fait honte… Et je ne sais pas combien de temps j’aurai encore cette patience.
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Tu iras voter dimanche ? Pourquoi ? Viens en parler dans les commentaires !
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Les Commentaires
Par chance, je n'habite pas à paris ! le dépouillement doit être rapide dans mon blède ^^