Jean-Marc Vallée revient après un Wild un peu oublié et un Dallas Buyers Club qui avait raflé tous les prix d’interprétation.
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Dans Demolition, Jake Gyllenhaal interprète un veuf non pas dévasté par le chagrin, mais par le fait qu’il ne ressent rien alors que sa femme est morte.
En envoyant une lettre de réclamation à une entreprise de distributeurs parce que ses M&M’s sont restés bloqués dans la machine, il va établir une connexion atypique avec la responsable du service clientèle…
Déconstruire avant de reconstruire
Davis suit une vie toute tracée dans son train-train quotidien. Réveil très tôt, séance douche et rasage, boulot de courtier, la routine de l’Américain de la classe moyenne en somme.
Loin de passer par les étapes habituelles de la gestion de la tristesse, Davis Mitchell se fraye son propre chemin après la mort de sa femme.
Sa manière d’y faire face ? Démonter tous les objets qui ne fonctionnent pas selon lui ; ça comprend la porte de toilettes, son frigo, son ordinateur et j’en passe…
Pendant toute la première partie du long-métrage, une ataraxie flotte sur le monde, et le spectateur finit par en être également imprégné sans réussir à s’émouvoir. Mais quand Davis plonge au plus profond de lui-même, sa révolution interne jaillit, et c’est là que les émotions frappent en pleine face.
En fait, c’est sa manière très personnelle de faire face au deuil.
Sa femme décédée apparaît alors plus comme un fantôme du passé qu’un personnage à part entière. Elle concentre en elle l’ancienne personnalité de Davis dont il essaye de se défaire et qu’il juge en passant.
La force d’une histoire touchante
Dans le ton, Demolition rappelle C.R.A.Z.Y. où les personnages sont à fleur de peau et perdus mais, en même temps, cyniquement drôles dans leur façon de vivre.
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Cette quête d’identité refait surface dans le film, même si ce n’est plus une question d’orientation sexuelle mais de faire un point général sur sa propre vie.
En fait, j’aime beaucoup la sensibilité du réalisateur, même si je n’avais pas du tout aimé son Dallas Buyers Club et que j’avais trouvé que Wild tombait à plat. Dans Demolition, j’ai retrouvé cette patte qui lui est propre. Son rendu est plus personnel que dans ses deux précédents films.
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De beaux personnages perturbés
Gyllenhaal devient vraiment une égérie de films d’auteur. Entre Brokeback Moutain, Prisoners, puis bien sûr Enemy, Night Call et le récent La Rage au ventre, l’acteur enchaîne les rôles qui le subliment.
Gyllenhaal devient vraiment une égérie des films d’auteur, et dans « Demolition », son personnage lui correspond à merveille.
Mais dans Demolition, le personnage qu’il incarne lui correspond vraiment à merveille car il se glisse tout naturellement dans sa peau, et la réserve de Davis dans l’expression de ses émotions ne passe pas inaperçue.
C’est un peu pareil pour Naomi Watts : plus le temps passe, moins je la reconnais et plus elle décroche des rôles intéressants comme dans While We’re Young ou dans la prochaine réalisation de Gus Van Sant, Nos souvenirs.
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Mais la révélation de ce drame, c’est Judah Lewis qui dégage la présence d’un jeune River Phoenix. Il réussit un tour de force en créant un lien réel avec le personnage de Davis, tout en inscrivant sa rébellion adolescente dans la lignée des plus grandes.
Paradoxalement, la maturité de son personnage l’oppose aux deux adultes du film qui sont limite plus paumés que lui…
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Avec ce long-métrage intimiste, Jean-Marc Vallée signe une nouvelle œuvre personnelle qui ne s’apitoie pas sur le sort des personnages mais qui les rendra fortement sympathiques.
Ils se libèrent complètement des conventions dans cette histoire, en pleine quête d’identité.
En salles depuis mercredi 6 avril, Demolition vous touchera sur une bande-sonore envoûtante. Bonne séance !
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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