Des fleurs, pour le printemps ? « Révolutionnaire » répondrait ironiquement Miranda Priestly dans Le Diable s’habille en Prada. Mercredi 27 septembre 2023 à 20h, Olivier Rousteing a présenté sa nouvelle collection pour Balmain printemps-été 2024. Alors qu’environ 50 pièces ont été dérobées 10 jours avant le défilé, une grande partie du larcin a pu être reproduite à la hâte par les équipes de la maison de luxe afin d’assurer le show.
Olivier Rousteing déconstruit des roses pour le défilé Balmain printemps-été 2024
Les premiers passages tout en noir et blanc, à belles épaules eighties et rembourrages de hanche pour un supplément de féminité chaloupée, étaient ponctués par des boutons en forme de rose. Cette dernière se retrouve aussi sous forme de bijou taille bouquet dans plusieurs sacs, mais aussi en maxi broderies pour éclore le long des bustes, conjuguées avec des imprimés pois également typiques de la maison.
À lire aussi : Olivier Rousteing de Balmain, rescapé d’un incendie, raconte pourquoi il a voulu tout cacher
Arrivent peu à peu les associations, voire les clashs de couleurs, d’abord pastels, puis de plus en plus saturées et explosives, tandis que le vocabulaire fleuri se décline et s’incarne en trois dimensions : les pétales, les formes corolles, mais aussi les épines. Le tout taillé dans du cuir verni, du caoutchouc, du latex, de la porcelaine ou même des bouteilles en plastique recyclé. De quoi transfigurer le vers le plus célèbre de l’autrice féministe et grande amie de Pierre Balmain, Gertrude Stein (actuellement exposé au Musée du Luxembourg à Paris, jusqu’au 28 janvier 2024) : « Rose is a rose is a rose is a rose. »
Extrait du poème « Sacred Emily », issu du recueil de 1922 Geography and Plays, ce vers exprime le principe d’identité, ou comment l’évocation de quelque chose suffit à inspirer des images et des émotions liées. À travers sa déconstruction de la rose, c’est tout un univers romantique que convoque ainsi Olivier Rousteing, qui en interroge également les dimensions désuètes et kitsch, notamment à travers un imprimé façon papier peint suranné, ou des fleurs résolument artificielles. En pois ou en crinoline, les roses se déclinent jusqu’aux derniers looks richement brodés, frôlant volontairement l’overdose. « Les roses sont rouges, les violettes sont bleues », dit la comptine pour enfants, mais avec Balmain, c’est toujours le bouquet.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.