Défendre une femme victime d'agression : témoignage

Une femme a défendu une inconnue violentée par son compagnon. Son histoire rappelle qu’il est possible d’agir, même quand on a la trouille.

C’est un sentiment que beaucoup de femmes connaissent : l’impression d’être vulnérable.

Quand on est victime de harcèlement dans la rue ou les transports, de violence verbale voire physique, on peut se sentir isolée. Très seule. Même en public, souvent, les gens baissent la tête, regardent ailleurs.

L’effet témoin, ce mécanisme psychologique, est puissant. Il dilue la responsabilité et retient les personnes hésitant à intervenir.

C’est pour ça qu’on conseille aux gens en danger de ne pas dire « Au secours » ou « Aidez-moi », mais de cibler précisément : « Vous, là, avec la veste bleue, j’ai besoin d’aide », par exemple.

L’histoire du jour, cependant, est un bon contre-exemple et rappelle que le courage n’est pas une qualité disparue.

« Je viens de me battre contre un homme qui frappait sa copine… »

C’est une certaine Coumbis qui a partagé sur Twitter des posts ayant recueilli beaucoup de soutien.

Je viens de me battre avec un homme qui frappait sa copine dans la rue. Je me suis jamais sentie aussi forte. J’ai attendu l’arrivée de la police avec elle et ils ont dit: « c’est votre copain. On lui a dit d’aller prendre l’air. Après vous pourrez recommencer à faire l’amour »

— Coumbis (@ItsHopeLowie) May 2, 2018

Puis elle est venue s’asseoir près de moi et il l’insultait près de son visage : « sale pute,… » j’ai dit : si tu la touches, je te casse la gueule. Il lui a donné un coup. Je me suis levé comme un Titan et je l’ai enchainé. Il a été surpris et a essayé de me frapper.

— Coumbis (@ItsHopeLowie) May 2, 2018

Je lui ai donné tellement de pêches d’une autre galaxie. Il s’est bien calmé. Mais personne a bougé quoi. J’en tremble encore et j’ai bien envie de pleurer. Les filles, apprenez à vous battre. Personne ne viendra vous défendre.

— Coumbis (@ItsHopeLowie) May 2, 2018

Sous ces tweets, des gens saluent son courage, méprisent l’agresseur, et racontent parfois qu’il leur est arrivé d’être victime de violences sans que personne n’intervienne.

Coumbis n’avait aucune « raison » de prendre ce risque : elle ne connaît pas la femme en question, elle n’est pas spécialement formée au combat.

Mais elle a refusé de rester passive.

Se dresser face à la violence, même si on a peur

En lisant cette histoire, mon premier réflexe ça a été de me dire « J’aurais eu peur, j’aurais pas pu ».

Mais Coumbis illustre bien cette citation de Nelson Mandela : « le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre ».

J’étais trop choquée. Et je me suis dit, je laisse ou pas ? Puis mes collègues sont venus : waouh Coumbis, tu n’as pas peur toi. Si bande de salopards mais elle avait plus peur que moi.

— Coumbis (@ItsHopeLowie) May 2, 2018

« Elle avait plus peur que moi ». Ces mots sont puissants. Tout est résumé là : cette femme était en détresse. Elle avait besoin d’aide. Je l’ai aidée, même si je suis aussi une femme, et que j’avais peur.

Coumbis sait cependant que tout le monde ne peut pas se lancer dans une altercation physique, et elle a aussi des conseils à ce sujet :

Jetez des trucs, attirez les gens. La police prend du temps à intervenir et plus il y a du monde, plus la personne violente va être dérangée dans son agressivité et son impunité. Soyons tous les gardiens de nos frères 💕

— Coumbis (@ItsHopeLowie) May 2, 2018

Je pense qu’elle met le doigt sur le point essentiel : ne pas rester dans l’inaction, la passivité, le déni. Sans forcément se mettre en danger soi-même, il est possible d’agir.

Ça peut faire la différence entre des cris et un coup, entre un et dix coups, entre une gifle et un passage à tabac en règle…

Et si vous avez peur de mal interpréter une situation, rien ne vous empêche de parler quelques minutes aux personnes concernées.

Par exemple, il m’est arrivé de demander « Ça va ? Tu passes une bonne soirée ? » à une fille dans un bar que je soupçonnais être victime d’un forceur bien collant.

C’est simple, soit il est relou et elle sera soulagée que je lui parle, entamera la conversation pour ne pas être isolée avec lui, soit c’est son pote ou son mec et elle me dire « Oui » en pensant que je suis chelou !

Je préfère avoir l’air chelou que de ne pas agir. Je ne sais pas si j’aurais eu le courage de Coumbis, mais je la remercie de partager son histoire, qui rappelle que la peur peut, que la peur doit changer de camp !

Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.