C’est une alerte qui a retenti en ce début d’année 2022 : les inégalités entre les filles et les garçons dans les formations en mathématiques se sont aggravées.
Ce sont les chiffres de 2021 de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Education qui permettent de constater cette évolution plus qu’inquiétante.
« Seules 40% des filles de terminale suivent encore la spécialité mathématiques en 2021 », détaille L’Étudiant ; « Elles sont seulement 36% à opter pour la doublette mathématiques-physique-chimie alors qu’elles représentent 56% des élèves de terminale. »
Un constat loin d’être anodin : « Les conséquences de cette rupture sont désastreuses, tant pour l’avenir des filles que pour la formation en mathématiques de l’ensemble des citoyennes et citoyens », estiment neuf sociétés savantes et associations de mathématiques.
« En se coupant d’une formation mathématique au lycée, les filles se ferment les portes de la plupart des études scientifiques, qui mènent aux emplois et aux carrières parmi les mieux valorisés.
La société se voit donc privée d’une part importante de jeunes scientifiques pour faire face aux nouveaux enjeux économiques, technologiques et environnementaux. »
Et cette évolution est très récente, comme le montre ce graphique de Libération. On peut le voir, le nombre de filles qui choisissaient la spécialité mathématiques au lycée était pourtant en augmentation constante, avant de chuter de façon spectaculaire…
Avec la réforme du lycée initiée par Jean-Michel Blanquer, qui a signé la fin des filières L, ES et S, les matières scientifiques ont été très touchées et cela est particulièrement palpable pour les mathématiques : -18% d’heures consacrées à cette matière entre 2018 et 2020.
En cause, la disparition des mathématiques du tronc commun en 2019, qui sont désormais enseignés dans le cadre d’une spécialité.
« Un élève sur trois décide d’arrêter la discipline dès la fin de la classe de seconde générale. En terminale, seuls 37 % des élèves conservent la spécialité de six heures par semaine », constate Le Monde.
Moins de filles en maths : une évolution aux lourdes conséquences
La pratique des mathématiques a chuté chez l’ensemble des élèves, mais c’est notamment parce que la baisse est importante chez les lycéennes, qu’elle inquiète autant.
Dans Le Monde, Véronique Slovacek-Chauveau, qui enseigne la matière en lycée et est membre de l’association Femmes et mathématiques montre en quoi la réforme a un impact sur les inégalités de genre :
« Plus on demande aux élèves de faire des choix précoces d’orientation, plus ils font des choix stéréotypés. Conserver un enseignement de mathématiques, c’est se laisser une porte ouverte plus longtemps. »
Sur Twitter, cette professeur de mathématiques fait un constat qui va dans le même sens :
Une solution aux allures de rétropédalage pour Jean-Michel Blanquer
Alors quelle solution ? C’est là que la situation prend une tournure très ironique.
Interviewé ce matin sur CNews, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a évoqué une piste potentielle… celle de réintroduire les mathématiques dans le tronc commun en classes de première et de terminale.
Oui, oui, vous avez bien compris : la solution est de revenir sur la propre réforme qu’il avait engagé.
On n’est plus à une contradiction près.
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Crédit photo : Karolina Grabowska via Pexels
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Les Commentaires
Poster : Filles, maths et sciences, du lycée à l’université
Je trouve qu'il illustre très bien le problème présenté dans l'article, d'autant plus qu'il met en évidence que c'est l'enseignement de l'ensemble des sciences au lycée qui a été réduit pour les élèves, pas seulement des mathématiques.