Il y a maintenant 3 ans (et quelques jours), ma maman rejoignait les autres, qui nous avaient quittés avant elle.
L’impact de la mort de ma mère
Le 27 janvier 2016, j’avais tout juste 16 ans, et plus de maman. Enfin si, je mens un peu, je pense que j’en aurais toujours une, même si elle ne sera jamais plus là physiquement…
Elle est décédée d’un cancer du foie et du pancréas, à 60 ans à peine.
Sans vous mentir, cela a été la pire douleur de toute ma vie, mais aussi ce qui m’a permis de me construire — je veux dire, pour de vrai.
Petite, j’étais une jeune fille réservée, peu confiante et studieuse. Une vraie première de la classe !
Je passais mon temps dans les jupons de ma mère, paniquée à l’idée de la quitter, même pour une nuit, et ce jusqu’à mes 12 ans je pense.
Pourtant, lorsque que j’ai appris 3 ans plus tard que les jours de ma mère étaient comptés, je n’ai jamais douté. Je savais qu’un jour où l’autre, j’y arriverai. J’arriverai à grandir.
Et j’avais raison, aujourd’hui, à 19 ans, je peux le dire : j’y suis arrivée. Et plus encore : j’y suis arrivée grâce à ça.
1. Depuis la mort de ma mère, je chéris chaque moment
Vivre la maladie de ma mère n’a pas été tous les jours facile. En fait, j’ai vécu pendant un an, nuit et jour, avec une boule nichée dans le creux de mon ventre.
Depuis, je ne l’ai plus jamais sentie, cette boule, en tout cas jamais aussi puissamment, et je chéris tous les moments passés sans.
Que ce soit un verre avec des amis, un moment en famille, ou juste les premiers rayons du soleil annonceurs d’une belle journée, je ressens tout ça multiplié par 1000.
Râleuse-née, j’ai même arrêté de me plaindre quand il pleut et que j’ai oublié de prendre un parapluie (grave erreur à Nantes), c’est dire !
2. Depuis la mort de ma mère, j’ai moins peur de l’inconnu
Plus jeune, ne serait-ce que changer les couverts de place dans la cuisine suffisait à me coller une crise d’angoisse (histoire véridique)… alors je vous laisse imaginer le reste.
Depuis la mort de ma mère, me confronter à des choses que je ne connais pas, ça ne me prodigue pas un plaisir fou mais ça ne me tétanise plus de peur.
J’ai appris à surmonter ma peur en me lançant régulièrement des défis : m’installer dans une ville loin de mes proches, voyager sur un coup de tête, ou même parler à des inconnus.
Tout ça me semblait totalement irréalisable il y a encore 3 ans.
À chaque fois que j’ai peur, je me rassure en me disant que vivre sans ma mère a été la plus grande inconnue dans ma vie, et que jusque-là, je ne m’en sors pas trop mal…
Du coup, ce que je m’apprête à faire me paraît tout de suite plus surmontable !
3. Depuis la mort de ma mère, je suis plus autonome
Et qu’est-ce que j’en avais besoin !
M’occuper de moi ne me fait plus peur DU TOUT. Aujourd’hui je remplis une feuille d’imposition les yeux fermés alors qu’avant, il fallait me menacer pour que je prenne seule un rendez-vous chez le coiffeur.
J’ai dû m’occuper de ma maman et de moi très jeune, puis de la maison,
j’avais des impératifs bien plus tôt, dans ma vie, que mes autres camarades.
Je me suis beaucoup plainte de cette situation, mais aujourd’hui ce sont les mêmes camarades qui m’appellent pour savoir comment fonctionne une machine à laver ou remplir une feuille de soins !
4. Depuis la mort de ma mère, je suis plus gentille
Autant le dire, j’avais la critique facile…
Puis j’ai appris à moins regarder, à trouver une place à mon jugement sans qu’il soit forcément omniprésent, et même à fermer les yeux parfois.
On me dit souvent que je suis trop gentille, que je laisse trop faire les gens, qu’ils profitent de moi. Peut-être est-ce vrai ?
En tout cas, j’essaie d’apporter un regard bienveillant sur ceux qui m’entourent, et sur moi. Je donne facilement, et très souvent, on me le rend bien.
Ceux qui en profitent sont donc le cadet de mes soucis.
J’apprends doucement à m’accepter, moi, mes petits défauts et mes grandes qualités, à poser le même œil bienveillant sur les autres que sur moi.
Parce que la bonté humaine, j’y crois dur comme fer : la gentillesse amène la gentillesse.
Dans les moments où rien n’allait, j’ai compris à quel point un simple sourire venant d’un inconnu faisait du bien, devenait un « ça va aller » muet, une étreinte à distance.
Alors, depuis, je souris.
5. Depuis la mort de ma mère, les épreuves de la vie me font moins peur
Perdre ma maman était ma plus grande angoisse, avant ma mort elle-même, et c’est le cas pour beaucoup de gens, j’imagine.
Je pensais que ne plus l’avoir auprès de moi me terroriserait. Et parfois c’est vrai.
Mais d’avoir affronté ma plus grande peur très jeune, et d’y avoir survécu, ça me prodigue une force incroyable pour chaque petite colline et grande montagne à franchir.
Nous avons en chacun de nous une force inimaginable ; de l’avoir vue se révéler en moi m’a donné une confiance sans nom.
Qu’importe la pente à gravir, qu’importe le temps qu’il faudra pour y arriver, je suis convaincue que rien n’est insurmontable.
Le décès de ma mère a fait de moi celle que je suis
En bref, le décès de ma mère, bien qu’il a été la chose la plus douloureuse de ma vie, en a aussi été la plus formatrice. Et je suis heureuse d’être un peu mieux armée pour le restant de mes jours.
Je me souviens avoir lu un texte du philosophe Alain à ma famille, la veille de sa mort. Il disait :
« Tout change, tout passe. Cette maxime nous a attristés assez souvent ; c’est bien le moins qu’elle nous console quelque fois. »
N’oubliez pas d’embrasser vos mamans, et tous les gens que vous aimez.
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