Dans la vie, il y a deux façons de faire les magasins. Quand tu passes l’après-midi chez H&M en essayant de te glisser dans des vêtements que tu essayes six par six, tu peux ressentir un sentiment de culpabilité. Qui n’a jamais été saisi-e de spasmes convulsifs (ou d’une pincée d’anxiété, si vous êtes du genre détendu-e du slip) après avoir dépensé la moitié de son salaire dans un tas de fringues qui ne rentreront même pas dans l’armoire ?
À côté de ce shopping parfois mal vu par certain-e-s (à tort : vive les paires de chaussures qui s’entassent vers les cieux !), tu as celui que personne ne considèrera comme futile. Personne ne pourra te dire qu’il s’agit d’un caprice, d’une irrépressible envie, d’une névrose. Personne ne viendra pointer du doigt ton sac plastique en tentant d’expulser ses yeux hors de ses orbites. Ton mec, ta mère, ton chat ou ton fichu cerveau ne te reprocheront jamais, ô grand jamais, d’être allée faire du shopping chez Decathlon.
Les magasins qui s’occupent de près ou de loin de ton apparence sont sans cesse présentés comme des antres de débauche où l’amoralité et les passages en caisse sont forcément de mise. Les autres ne sont pas logés à la même enseigne si insultante. Tout comme Nature & Découvertes ou IKEA, qui te donnent le bon goût de la détente et du design de ton intérieur, Decathlon est un lieu où dépenser sans compter ne te vaudra aucune injure.
Car, vois-tu, c’est un endroit qui s’occupe de préserver ta forme, un endroit où on vend du matériel de sport. Et le sport, c’est vachement bien, il paraît.
Ça peut te sembler mal barré si tu es plutôt adepte de la soirée à évoluer dans un état larvaire entre ton canapé et la télécommande, mais je te promets que Decathlon est un merveilleux endroit où passer quelques heures — quand il grêle ou que tu as une irrépressible envie d’uriner.
Car oui, il y a toujours des toilettes dans ce magasin. Les architectes sont des génies.
Le miracle ne s’arrête pas là. Si la petite échoppe à la renommée internationale joue sur un slogan qui te donne envie de courir un marathon, ce n’est pas pour te vendre deux paires de baskets et un bonnet de bain en silicone plein de talc qui pue.
Non, quand Decathlon te balance un « À fond la forme ! » d’un air encore plus enjoué que tu le serais dans une voiture à destination de Disneyland, ce n’est pas pour rire. Là-bas, tu vas pouvoir trouver tout ce qui se fait en matière de sport populaire. Et ça, c’est plutôt cool.
L’adepte VS le novice (encore un peu sceptique).
Que tu sois plutôt plan-plan, du genre à te balader sur du terrain à dénivelé faible avec un bob imperméable vissé sur le crâne, ou que tu préfères camper en mode vénère bercée par le cri des loups en rut, Decathlon a ce qu’il te faut.
L’immersion : motivation et illusions
Les concepteurs de Decathlon ont décidé de ne pas seulement te vendre du matériel de sport dans une ambiance conviviale. Ils cherchent à te donner envie de tester TOUS les sports du monde dans une ambiance à la fois unique et identique d’un magasin à l’autre. C’est une foutue conspiration.
Déjà, tu as l’odeur. Cette odeur de plastique neuf (ou de cuir, mon nez hésite) règne dans chaque Decathlon du monde. Sérieusement, tu n’as pas besoin d’ouvrir les yeux pour savoir que tu te trouves dans le temple de la ballerine sportive : un simple reniflement suffit !
Ensuite, je dois te parler de cette moquette grise à contraste dans laquelle tu t’es forcément déjà pris les pieds en faisant une entrée incroyable avant même d’avoir essayé une paire de rollers. Fort heureusement, le magasin n’est pas toujours entièrement recouvert de ce matériau hautement dangereux pour tes rotules et opte en général pour une sorte de béton ciré une fois le portique d’entrée passé. Oui, il s’agit bien de cette même porte qui décide parfois que tu as volé quelque chose avant même d’avoir posé tes deux pieds à l’intérieur de la boutique. Cette porte de Satan.
Ce qui est génial chez Decathlon, c’est qu’énormément de sports sont représentés et que tu peux tout tester. Du coup, tu peux facilement passer de coureuse-du-dimanche-enfin-quand-tu-y-penses à championne de planche à voile en moins de deux rayons. En principe, tu devrais être poussée par le vent de la curiosité et des bonnes résolutions. Je parie que dans un premier temps, tu te diras que tu devrais franchement te mettre à l’équitation, que tu aurais dû commencer les recherches pour un club de boxe ou t’acheter une raquette de ping-pong pour te défier sur le mur de ton appart jusqu’à rendre dingues tes voisins.
Mais ça ne va pas durer.
Ton oeil va être attiré par bien des couleurs et des designs séduisants. Tu va sensuite tenter de t’initier gentiment. C’est à ce moment-là que tu risques de te rendre compte que les objets proposés à la vente sont bien loin de la gentille description du panneau plastifié qui les accompagne.
La mort est disponible en divers coloris.
Par exemple, laisse-moi te présenter cet objet du diable. Il est censé te raffermir les abdos, et il te suffit seulement de poser ton arrière-train dessus ! Le principe a beau te paraître génial, ça ne t’empêchera pas de te ratatiner comme un lombric ridicule devant les fiers acheteurs aux sourires niais et aux mollets bien fermes. Comme quoi, on peut tomber même quand on est déjà assise (presque) par terre.
Pire, n’importe quel adepte de la marque Quechua te le dira : n’essaie jamais de replier la tente 2 seconds qui attend sagement en exposition. Beaucoup ont tenté avant toi, peu ont triomphé. Ton honneur est en jeu. Je dis ça, mais au fond je dis rien : tu fais comme tu veux hein.
Ne teste pas non plus le truc censé te muscler les mains. Tu vas te ridiculiser.
Sauf si tu ressembles à ça.
En gros, tu arrives pleine de bonne volonté et d’entrain, puis tu te rends compte que ce n’est pas demain que tu feras les J.O. ou le tour du monde en skateboard. Ce qui est marrant avec Decathlon, c’est que
tu as toujours l’impression d’avoir eu la meilleure des idées en y entrant… et tu finis par en avoir franchement marre. J’aime appeler ça « le syndrome des arrière-grands-parents ». C’est un peu comme le rayon clous et vis du magasin de bricolage : c’est drôle cinq minutes et après c’est très chiant.
Une aire de jeux taille adulte
Après avoir fait un premier tour pour te confirmer que tu n’es pas franchement taillée pour tous les sports du monde, il te reste encore un tas de choses à faire. Tu peux tester le confort des selles de vélos et remarquer que c’est toujours la plus dure la plus chère. Tu devrais aussi goûter les bonbons à la banane pour poneys (qui ont un goût fort tolérable) et tester des chaussures de montagne sur de fausses pierres. Je te conseille également d’enfiler au moins une fois une des vestes polaires de démonstration, devenues mythiques.
Tout est source de découverte et d’amusement chez Decathlon. C’est beau.
Par exemple, tu devrais absolument tester cet engin, qui te fera ressembler à une vieille dame voûtée qui remue les fesses de gauche à droite :
Tu ne le regretteras pas.
Le seul rayon que je n’ai jamais compris (et qui me traumatisait dans mes jeunes années) est celui de la pêche et de la chasse. Souvent, un écran diffuse un étrange extrait d’un sombre DVD sur la chasse au sanglier des Ardennes ou quelque chose du genre. Jadis, prise d’une crise de conscience, j’ai recouvert l’écran avec une doudoune camouflage. L’anarchie était déjà en moi alors que je n’avais pas encore quinze ans. J’en garde un sourire ému.
Pour te changer les idées, tu peux aller au rayon danse et imaginer à quel point tu aurais été jolie dans ce justaucorps poudré à volant !
Pour finir en beauté, ajoute un paquet de barres Ovomaltine sur le tapis roulant de la caisse. Decathlon semble être le seul endroit au monde où trouver cet aliment merveilleux. Et rien que pour ça, ce magasin mérite toute ma reconnaissance éternelle, et mon pardon pour avoir voulu me tuer une bonne centaine de fois.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Merci de ta réponse!! uppyeyes: