Article initialement publié le 25 février 2015
La mode et la musique sont deux mondes très proches qui s’influencent mutuellement. Chaque décennie a vu naître son lot de mouvements plus ou moins affirmés, plus ou moins violents.
C’est parce que le parallèle entre ces deux univers peut être intéressant que la rubrique Mode et Musique a vu le jour.
Elle relate l’éternelle histoire d’amour et d’influences qui existe entre le monde de la sape et celui du bruit (plus ou moins mélodieux) à travers différents mouvements, et diverses décennies.
Et pour cette deuxième édition, je te propose un aller simple vers le début des années 1950, pour (re)découvrir le Rockabilly !
La musique Rockabilly, le sale gosse de la country
Pour resituer un peu tout ce joyeux bordel qu’est le Rockabilly, on peut dire que ce genre de musique naît au début des années 1950 à Memphis, dans le Tennessee, aux États-Unis.
Il est souvent expliqué que cette nouvelle forme de musique est né du mélange de deux inspirations. D’un côté du rhythm’n’blues, et de l’autre de la country : elle est donc le savant mix de deux styles différents, que l’on considérait à l’époque comme « musique d’afro-américains » et « musique de blancs ».
Elle s’inspire aussi bien évidemment du rock’n’roll du Nord du pays et en est un genre à part entière, même si la frontière entre les deux musiques est souvent mince.
Pour certains spécialistes, la seule différence est qu’on retrouvera toujours une contrebasse dans le Rockabilly, alors que le rock’n’roll pur et dur peut s’en passer.
Le Rockabilly est donc arrivé à un moment où la musique country s’essoufflait, où elle était de plus en plus considérée comme ringarde, mais aussi à une époque où l’on avait envie de textes plus légers que ceux du blues. Le tout inspiré du rock déjà existant et mené par Bill Haley et Jackie Brenston.
Son nom lui viendra de la contraction des mots « Rock » et « Hillbilly » (« ringard », en anglais). Littéralement, c’est en fait une musique ringarde revisitée par ce genre naissant et dynamique.
La musique Rockabilly : un renouveau dans le paysage musical
Cette nouvelle musique est le coup de tonnerre qui annonce la déferlante de son grand frère le rock’n’roll sur tout le pays, et ensuite sur le monde entier.
Plus rapide, plus agressive et sans détour, elle permet aux ados et étudiants de se trouver une nouvelle identité dans une époque encore fébrile, qui suit la Seconde Guerre Mondiale.
Le Rockabilly apporte de la fraîcheur et de l’audace, avec des textes légers sur l’amour (et même des allusions aux sexe, ouh la la), les amis, les voyages… bref, sur la vie des jeunes faisant partie de cette nouvelle génération.
Les chanteurs phares de ce mouvement, comme Elvis Presley (pour n’en citer qu’un), vont aussi lancer un style vestimentaire à part entière : en se coiffant d’une « banane » (non il ne les mettaient pas dans leurs cheveux, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit), en enfilant les fameux perfecto noirs et les jeans, ils créent le vestiaire rock, que l’on connaît encore aujourd’hui.
Tout cela va engendrer la peur des adultes face à cette jeunesse rebelle et « dépravée », qui traîne dans les diners pour danser et draguer au lieu d’aller au lycée.
La mode et la musique Rockabilly, un couple inséparable
Mais la musique Rockabilly ne serait pas complète sans ce style vestimentaire si représentatif et unique ! Pour ancrer ce mouvement dans le temps et faire en sorte qu’il soit encore reconnaissable, il fallait bien qu’il ait sa propre identité visuelle.
Se séparant donc des instruments mais aussi des vêtements de la country, les rockers cultivent des looks soignés et tout à fait nouveaux à une époque où pomponner son accoutrement dans la classe moyenne n’était pas vraiment une priorité.
Porté par des icônes comme le sulfureux Elvis Presley, Tony Curtis, Marlon Brando ou encore James Dean, le style rock est celui des jeunes rebelles qui se tatouent et écoutent cette musique obscène.
James Dean et Corey Allen dans La Fureur de Vivre
Ils s’approprient des vêtements comme le blue jean (qui est à la base l’emblème des ouvriers et fermiers américains), mettent à la mode le fameux perfecto (le blouson des motards), les boots noires à bouts pointus et les t-shirts blanc pour les hommes.
Pour l’anecdote, Elvis Presley est l’une des seules icônes rock à ne jamais porter de denim, cette matière lui rappelant trop son enfance difficile, où l’argent manquait réellement.
Pour les femmes, la mode sera surtout aux swing dress, qui tournent tellement quand on danse sur Jail House Rock que l’on peut apercevoir leurs culottes (ce qui choque une fois de plus les bien-pensants).
Mais les jeunes filles elles aussi se font la banane en coiffure, portent du jean (surtout dans des vestes et chemises) et des pantalons, très à la mode à cette époque. Les bandanas se nouent dans les cheveux des rockeuses, mais aussi autour de leur cou et de celui de leur petit copain.
Grease, un film des années 1970 qui relate la vie de lycéens des années 50.
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Bref, la mode rockabilly est riche et dynamique ; elle continue de faire fantasmer autant les fans de fringues que les créateurs eux-mêmes !
Ce style vestimentaire singulier permet au rock de s’inscrire dans le temps, et d’être reconnaissable entre tous. La musique sert la mode, qui n’existerait pas sans, mais la mode scelle le sort de cette musique en lui permettant de ne jamais mourir.
Le Rockabilly : une mode qui ne tombe pas dans l’oubli
Le style Rockabilly continue de faire parler de lui, et n’est jamais vraiment tombé dans l’oubli depuis son apparition au début des années 1950.
Il est porté et embrassé dans les années 2000 par des icônes telles qu’Amy Winehouse, Dita von Teese, ou le groupe The Baseballs, qui reprennent trait pour trait les codes vestimentaires de ce mouvement, même s’ils ne chantent pas la même musique (pour Amy, par exemple).
Nombreux sont les créateurs qui vont le revisiter entièrement ou en partie, comme Jean-Paul Gaultier ou Balmain, recréant ainsi un désir et une touchante nostalgie chez les fashionistas, qui remettent ensuite au goût du jour ces looks colorés et singuliers.
En réalité, si peu de groupes osent reprendre vraiment la musique Rockabilly, de peur de toucher à une anthologie musicale, les tenues, elles, sont plutôt facile à s’approprier : en mixant quelques pièces basiques comme le jean droit, le perfecto et les t-shirts blancs, on arrive vite à se créer un look à la James Dean.
Et c’est bien pour cela que le style Rockabilly continue de faire des émules : il est à la fois unique et très reconnaissable, mais aussi accessible à tous. Alors à vos bandanas et vos boots noires, rock’n’roll, baby !
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