— Article initialement publié le 21 juillet 2014
Difficile de déconnecter quand on passe plusieurs heures par jour sur Internet. La force de l’habitude, le besoin d’être informé•e, l’envie de suivre les dernières nouvelles… Mais de clic en clic, on se retrouve à répondre à un email, lire un article en lien avec son projet professionnel, réfléchir à un problème… Alors que le seul dilemme qu’on devrait se poser est de savoir si on prend l’apéro au chardonnay Coca Cherry ou au rosé pamplemousse diabolo violette.
Qui « débranche » pendant ses vacances ?
Trois quarts des Français comptent « débrancher » pendant les vacances, et ne pas travailler à distance pendant leurs congés, selon un sondage relayé par Le Monde. 51% déclarent tout de même emmener leur ordinateur en vacances, pour un usage récréatif sans doute, mais la tentation de jeter un oeil à sa boîte mail professionnelle n’est jamais loin :
« Tu pars où en vacances ? », entend-on à tout-va dans les couloirs du journal. Les « Tu auras la Wi-Fi ? » et « Je suivrai ton périple sur Instagram » ont bonne presse »
– Débranchement, à lire sur Le Monde.
(On est d’accord que les gens qui disent « LA Wi-Fi » méritent l’humiliation en place publique ?)
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Déléguer sans débrancher ?
Si jeter un oeil à votre boîte de réception une fois par jour juste avant l’apéro vous permet de garder l’esprit tranquille, en vérifiant qu’aucun client paniqué ne se trouve livré à lui-même, pourquoi s’interdire de le faire ?
Quand on sait déléguer et qu’on travaille dans un environnement professionnel bien organisé, il doit y avoir une personne au bureau capable de faire face aux urgences et aux imprévus pendant que vous vous prélassez au bord de la piscine.
Dans le pire des cas, vous passez dix minutes par jour à vérifier qu’aucun email urgent/important n’attend votre réponse. Et si c’est le cas, vous transférez au/à la collègue censé-e gérer le problème pendant votre absence.
- Temps total investi : de dix à quinze minutes par jour
- Stress à la reprise : minimal, puisque vous avez déjà traité l’urgent et que votre suivi régulier vous épargne toute surprise.
Personne n’est indispensable !
Rester connecté n’est donc pas nécessairement une source de stress, sauf à subir la situation. Être contacté•e par un•e collègue ou un•e supérieur•e alors qu’on est censé•e être en vacances peut être vécu de façon beaucoup plus intrusive que si l’on décide d’ouvrir ses emails de soi-même.
Au bureau, personne n’est indispensable, et si vous avez le sentiment que l’entreprise ou le projet ne peut pas se passer de vous, ce serait-ce qu’une semaine, attention à vous : vous êtes peut-être sur une pente glissante qui risque de vous mener au burn out !
De même, celles et ceux qui sont en lice pour obtenir une promotion ont tendance à faire du zèle, y compris pendant leurs congés. Il en va de même les personnes qui craignent de perdre leur emploi, et ont à coeur de démontrer leur implication de façon continue.
Les congés payés sont un droit en France, votre employeur doit vous les accorder ! Il peut refuser de vous les accorder à une certaine date, mais ce refus doit être justifié, il ne peut pas être abusif.
Si vous avez le sentiment de ne pas pouvoir débrancher, vous avez sans doute davantage besoin de vraiment déconnecter…
Subir ou choisir, une différence de taille
Débrancher pendant les vacances ? Non, pour moi, c’est impossible. Une fois, je suis allée à la montagne, il n’y avait pas de WiFi dans le chalet ni de 3G, j’ai tenu six jours sans consulter mes emails. C’est mon record absolu.
Encore 800 mètres Sud/Sud-Est et je vais capter la 3G ! ON EST SAUVÉS !
Pourtant, lorsque j’ai enfin rejoint
la civilisation une zone couverte par le réseau 3G, aucun drame n’était survenu. La Terre avait continué de tourner, aucun email « urgent !!! » n’était en attente dans ma boîte de réception, rien.
À raison d’une vingtaine d’emails par jour, j’ai dû trier un peu plus d’une centaine de courriers lors de mon retour de vacances, ce qui a occupé la majeure partie de ma matinée de reprise. Rien de bien traumatisant.
Mais le simple fait de ne pas avoir accès à mes emails, de ne pas pouvoir techniquement y jeter ne serait-ce qu’un oeil furtif m’aura tenu en haleine pendant la semaine. Je me suis rendue compte que pour être véritablement efficace contre le stress, le « débranchement » doit être choisi et assumé.
Il ne suffit pas de se couper de toute source d’Internet pour réussir à « faire une coupure » véritable ! Ce conseil est valable également pour ce qui est d’emmener ou non ses appareils électroniques en vacances. Je préfère avoir mon Mac avec moi, quitte à ne pas l’ouvrir, plutôt que de regretter son absence.
Pour les vacances, désormais, je n’essaie plus de m’infliger un « black out » forcé. J’ai changé de tactique : je trie mes emails une fois par jour, à raison d’une quinzaine de minutes maximum. Je transfère l’urgent aux collègues, je colle des labels « à traiter » pour préparer ma to do liste prioritaire au retour.
Je peux également partir en vacances sans avoir accès à Internet, à condition de le savoir à l’avance, et de m’y préparer psychologiquement (ne me jugez pas).
Et puis, toute connexion à Internet n’est pas synonyme de stress et de boulot. Il y a quelques sites sympa que j’apprécie toujours de visiter, y compris pendant mes congés.
Ces dernières lignes sont sponsorisées par le fayotage éhonté, cordialement.
N’oublions pas qu’il y a au moins une excellente raison de rester connecté•e aux réseaux sociaux pendant ses vacances : la possibilité de narguer ses collègues, voyons !
« On pense bien à vous » – Le Tumblr de l’été
Et toi, est-ce que tu « débranches » pendant les vacances ? Le black out technologique, est-ce une source de stress ou de détente pour toi ? Pourquoi ?
Pour aller plus loin :
- Débranchement, sur Le Monde
- How to Disconnect from Work (Without Getting on the Boss’s Bad Side), The Time
- Glassdoor survey reveals 61% of American employees report working while on vacation
- Le burnout : quelques explications psychologiques
- Comment mon emploi a failli m’achever – Témoignage
- « Staycation » : prendre des vacances pour rester à la maison — Le Petit Reportage
- « On pense bien à vous » – Le Tumblr de l’été
- Mad Gyver #2 « Je ne suis pas partie en vacances, mais… »
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Les Commentaires
Pourtant mon travail est très prenant, je ne suis pas remplacée pendant mes congés. Je donne mes dates de congé dès que je les connais au reste de l'équipe, et je leur répète que ils vont très bien s'en sortir.
Tout mes collègues sont prévenus que je suis pas joignable, et mon chef aussi. Mon chef me dit toujours: "Mais... si il y a une urgence, je peux t'appeler?" et je réponds: " Oui, mais ça a intérêt à être vraiment très important."
Résultat: Je déconnecte jusqu'à oublier que j'ai un travail. Et personne ne m'appelle parce que au final malgré tout ils s'en sortent très bien sans moi. Et c'est pour moi le seul moyen de vraiment me ressourcer.
Retour de médaille: Le boulot non réalisé pendant mes vacances m'attends sagement à mon retour, et je dois mettre les bouchées doubles pour tout faire