Editions Passage du Marais
Augusten est un concepteur rédacteur de talent. Avec sa partenaire Greer, il fait le bonheur de l’agence dans laquelle il bosse. Autodidacte, entré dans l’univers de la pub à l’âge de 21 ans, Augusten vit à New York dans un appartement qui coûte la peau des fesses et moule les siennes dans des sous-vêtements de luxe. En fait, ça devrait rouler pour lui.
Si ce n’est que le jeune publicitaire a une fâcheuse tendance à lever le coude. L’alcool est son meilleur ami et lui tient compagnie à toute heure de la journée. A tel point qu’un jour, après avoir loupé une réunion de trop pour cause de gueule de bois, Augusten se voit obligé de choisir entre suivre une cure de désintoxication en clinique et faire ses cartons.
"Jeunesse, New York, Pub, Alcool, Fric". Prends ces mots-clés et tu as des chances d’obtenir l’un de ces romans qui dépeignent avec cynisme la vie des désabusés friqués. L’un de ces romans qui souvent, ont l’odeur d’un bouquin de Bret Easton Ellis, sans en avoir la saveur. En m’attaquant à Déboire, j’avais un peu peur de me trouver face à l’un de ces spécimens littéraires. Heureusement, malgré des thèmes casse-gueule parce que propices aux clichés, Déboire ne donne pas l’impression de remâcher des vérités déjà dites ailleurs.
Grâce à un point de vue plutôt subtil, ni trop cynique ni trop mélo, Augusten Burroughs réussit à toucher sans écoeurer. La force de son roman, c’est d’utiliser le récit d’une dépendance à l’alcool pour soulever toute une foule de questions bien trop lourdes pour être abordées de front : traumatisme, peur de ressentir et peur de souffrir, angoisse de mort, quête de sens, autodestruction… Ces thèmes-là semblent danser la valse autour du couple que forment le héros et l’alcool.
L’un des atouts de l’auteur, c’est aussi un style sobre (sans jeu de mots, huhu) mais parcouru d’images surprenantes. Exemple : "Sous la douche, je pense à ma situation d’alcoolique qui n’a pas le droit de boire. Je trouve ça injuste. Aussi injuste que d’enfermer un chihuahua dans une cage à hamster" ou encore : "Wendy a la poignée de main molle. Elle glisse sa main dans la mienne comme si elle me tendait un bébé truite qu’elle venait d’attraper et dont elle ne saurait quoi faire". Des images comme celles-là, il y en a plein dans Déboire, roman qu’on aurait tendance à lire d’une traite tant le parcours du personnage est prenant, et qu’on devrait pourtant lire un stylo à la main, histoire de relever les petites perles semées ici et là, l’air de rien.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Puis j'ai acheté Deboires (en poche et ça fait un moment) j'ai bien aimé mais moins que Courir avec des ciseaux.
Enfin cet auteur a un style bien à lui, je conseille !