J’ai arrêté de compter le nombre de "Waah…" qui s’échappaient de ma bouche béate à la sixième chanson de l’album (qui en compte onze). Je crois que j’en étais à vingt-huit.
TV On The Radio est un groupe de rock expérimental – c’est par cette dénomination que la critique musicale évite la litanie quasi-inifinie de termes musicaux allant de post-punk à free jazz en passant par shoegaze, je crois que ça vaut mieux pour tout le monde ! – dirigé et produit par David Sitek (qui a aussi produit le premier album de Foals et de Scarlett Johansson) et qui s’était révélé avec un premier album du feu de Dieu, Desperate Youth, Blood Thirsty Babes, sorti en 2004, et qui m’avait littéralement mise sur les fesses.
Après un second album, Return to Cookie Mountain (2006), qui avait définitivement établi le groupe comme un des plus importants de la décennie, la bande de Sitek s’est remise au boulot pour sortir en septembre dernier Dear Science qui impressionne, tout simplement.
Oublie le terme experimental rock – qui peut faire un peu peur – TV On The Radio s’est efforcé sur ce disque à produire une musique parfaitement accessible et qui se révèle à l’écoute carrément accrocheuse, voire addictive pour les trois quarts des chansons. Une vraie machine à tubes qui s’impose en tant que classique dès Halfway Home.
Un effort a été porté pour mettre en valeur les voix plus sexy que jamais des deux vocalistes que sont Tunde Abedimpe et Kyp Malone. Leurs voix sont pures et immédiates de justesse. Les thèmes abordés sont principalement l’amour, la guerre (il y a un anti-bushisme latent sur tout l’album), l’appréhension face à l’avenir, parfois les trois dans la même chanson ; c’est la force créative et la diversité des influences qui impressionne du début à la fin. Funk, afrobeat, indie rock, blues, on ne sait plus où donner de la tête, tout est bon, tout est magnifiquement produit, les cuivres sont splendides, et on a envie de réécouter chaque chanson 15 fois.
Family Tree est une des plus belles ballades rock que vous aurez entendues et surpassent tout ce que Coldplay a pu faire. Dancing Choose est plus funky que jamais, les voix de Abedimpa et Malone s’imbriquent parfaitement l’une dans l’autre. Stork & Owl me fait penser à The Cure, terriblement mélancolique mais pas sombre pour un sou. Sur Golden Age, le premier single, Malone chante avec un optimisme communicatif (toutefois l’"âge d’or" qu’il décrit nous rappelle à quel point on en est loin, avec la crise actuelle qui donne l’impression qu’on est au bord de l’Apocalypse ou jenesaisquoi) qui impose la chanson comme un tube immédiat.
Immédiateté, je crois que c’est le mot d’ordre. Avec "Waah..". On est accrochée dès les premières secondes de chaque chanson. On va de bonne surprise en bonne surprise et quand sonne la fin de l’album avec Lover’s Day, on ressent une espèce de plénitude, comme après un excellent film qui se termine bien, quand le Bien l’a emporté sur le Mal, et en même temps on ressent un immense vide que l’on comble en remettant tout simplement l’album au début.
Je te propose d’écouter le single, Golden Age :
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