Dans le secteur privé, près d’une personne sur deux (44%) s’est vue prescrire un arrêt de travail l’année dernière en France, selon la dernière étude sur l’absentéisme réalisée par la mutuelle Malakoff Médéric Humanis. Une proportion stable par rapport à l’année précédente et qui est un peu plus élevée dans les secteurs du transport, de l’énergie, des télécoms, dans le BTP et la construction, ainsi que dans le secteur de la santé et du commerce.
28% des salarié·es ne prennent pas leurs arrêts de travail
L’étude met toutefois en lumière un nouveau phénomène inquiétant autour de l’absentéisme : l’augmentation du nombre de personnes qui ne respectent pas les consignes de leur médecin en continuant à travailler.
Ainsi, sur les douze derniers mois, 28% des salarié·es du secteur privé n’ont pas pris leur arrêt de travail : soit partiellement (avec un retour anticipé au boulot), soit totalement (en mettant purement et simplement leur arrêt de travail dans la corbeille). Et ce pourcentage est en hausse constante ces dernière années (+9 points depuis 2016 !).
Interrogées sur leurs raisons, ces personnes répondent d’abord qu’il n’est « pas dans leurs habitudes de se laisser aller » (39% des répondant·es), puis avancent un motif financier dans 37% des cas. En effet, le délai de carence de 3 jours dans le secteur privé implique une perte de salaire pour une partie des salarié·es.
Les raisons suivantes sont ensuite plus liées à l’organisation du travail : l’impossibilité de déléguer ses tâches (22%), la peur d’être surchargé·e au retour (21%), etc.
Finalement, 47% des salarié·es ayant renoncé à suivre leur arrêt de travail prescrit par le médecin déclarent ensuite avoir regretté leur décision.
Le risque du présentéisme dans le monde du travail français
Un autre pourcentage de l’étude m’a sauté aux yeux : 65% des personnes interrogées déclarent avoir travaillé alors qu’elles étaient malades dans les douze derniers mois. Et cette proportion s’élève même à 72% chez les managers ! (Et ce n’est pas moi qui leur jetterais la première pierre…)
« Cela montre que l’obligation ressentie pour beaucoup d’être présents au travail, même malades, l’emporte encore en France », précise Thierry Rousseau, sociologue du travail et chargé de mission à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, dans une interview au Parisien
. « Or, si le mécanisme de soupape que représente l’absentéisme saute, cela signifie qu’on accroît le risque d’aggraver son état de santé ». Et donc, in fine d’augmenter le nombre d’arrêts ou leur durée.
Ce présentéisme a aussi des conséquences sur la santé des autres salarié·es, potentiellement contaminé·es par la personne qui vient travailler alors qu’elle a une maladie contagieuse.
Une des pistes envisagées dans l’étude pour ce cas précis est le recours au télétravail thérapeuthique : 63% des salarié·es se déclarent favorables à l’idée de bénéficier du télétravail au lieu d’avoir un arrêt maladie, si le médecin juge cela approprié.
Reste que plusieurs études (listées dans cet article de BFM Business) montrent que le présentéisme a des conséquences négatives sur la productivité des entreprises, et leur fait in fine perdre de l’argent. Un bon truc à répliquer si l’on vous reproche un jour d’avoir pris un arrêt maladie (en plus du fait que la santé, c’est précieux !).
Et toi, tu es déjà allé·e bosser en étant malade ? Tu as constaté les ravages du présentéisme dans ta vie professionnelle ? Viens on en parle dans les commentaires !
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