Les magazines racontent n’importe quoi : dans un couple, une vie sexuelle épanouie, c’est crevant. Les dessous affriolants, cette incessante nécessité de séduire l’Autre – sous peine de faire retomber le soufflé de la passion, les surprises, les titillages des sens, l’obligation de se renouveler pour éviter de tomber dans la routine… Pfiou. Sans oublier ce passage obligatoire, plus usant que tout : le coït conjugal.
Que vous soyez jeune ou moins jeune, vous avez bien mieux à faire que de gâcher tout ce temps et cette énergie à une tâche aussi vaine (bah oui, si on veut être pragmatique : à quoi ça sert* ?). Pour éviter une telle débauche d’énergie, rien ne vaut le confort d’une vie sexuelle de couple ratée.
* Cette question s’adresse surtout les personnes vivant au XXIème siècle et qui ont compris l’utilité d’une invention particulièrement utile pour la survie de l’humanité à notre époque : la con-tra-cep-tion. Que les lectrices qui considèrent qu’un coït = un enfant retournent directement à la page d’accueil de madmoiZelle, cette lecture ne leur apportera rien, de toute façon.
Mais attention, échouer avec classe dans sa vie sexuelle en couple nécessite un vrai labeur de tous les instants. Jour après jour, il ne faudra pas lâcher le morceau sous peine de raviver la flamme qui ne demande qu’une chose : roupiller sagement.
Leçon n°1 – La communication
Généralement, la communication – ou l’absence de communication – est une alliée efficace sur le chemin de l’échec. Mais s’il y a bien un domaine où elle est particulièrement redoutable, c’est bien celui de la sexualité au long cours.
Elle peut prendre plusieurs formes – de la plus directe (et donc la plus efficace pour échouer rapidement) à la plus insidieuse, qui devrait vous permettre de savourer un échec lent mais garanti 100% efficace.
– Le dénigrement. La forme de communication la plus « tiens prends-toi ça dans la tronche et/ou les couilles ». Elle vous conduira à un échec rapide et sans appel, qu’il faudra bien savourer sur le moment, car après ça, l’échec sera consommé. A réserver aux adeptes des quickies.
Pour vous, mesdemoiselles qui aimez les garçons, n’hésitez pas à vous attaquer à la virilité du mâle pour calmer net ses ardeurs. Quelques exemples :
- la taille (« tu sais que ce racontent les magazines, ‘la taille, ça ne compte pas’, c’est vraiment des grosses conneries… du moins, pour moi, hein. »)
- les performances (« ah ? déjà ? »… ou au contraire, l’air fatigué « okééé ça va bien pour moi, c’est bon là, tu peux terminer ta p’tite affaire »)
- le physique (« t’es sûr que t’as pas envie de faire quelques abdos ? »)
Pour être sûre d’échouer, n’y ajoutez aucune forme de ressentiment, de colère ou de haine. Soyez aussi avenantes que Tatie Danielle. L’effet « j’t’éclate les burnes à coups de talons » sera d’autant plus efficace.
Bien qu’il amène à un échec certain – à moins d’avoir trouvé un partenaire porté sur les pratiques masochistes, le dénigrement est trop efficace pour être honnête : il est jouissif sur le moment, certes, mais une fois l’échec installé, il n’y a plus grand’chose à se mettre sous la dent. C’est pourquoi je vous conseille ces deux autres méthodes, qui méneront bien plus lentement à un échec avéré de la vie sexuelle de votre couple.
– Le silence. Une arme tout particulièrement efficace dans les nécessaires moments d’embarras de votre vie sexuelle. « Silence est père de culpabilité ». Ce n’est pas un proverbe officiel, mais ça pourrait. Tout comme « La culpabilité est le pétrole de l’échec », qui pourrait être un proverbe saoudien, mais qu’en fait, non.
Débandades, coups de langues (ou autres) maladroits, tentatives malheureuses d’imiter le Kama-Sutra… les occasions ne manquent pas. Plongez-vous dans un silence qui donnera envie à l’autre de se tirer en courant. Avec un peu de chance, la bienséance l’en empêchera… dans ce cas-là, ça sent bon l’échec, ma p’tite dame, bravo !
Histoire de bien finir le boulot, ajoutez-y un zest d’introversion : cachez vos seins sous les draps en tenant bien le tissu contre vous (comme dans les films), tournez-lui le dos, ou bien levez-vous en vous enroulant dans le drap et quittez la pièce dans le calme et le silence, laissant votre partenaire nu(e) comme un ver et bien comme un(e) con(ne).
NB : le silence peut être également adapté aux moments post-sexe, quand l’autre vous proposera un debriefing. N’hésitez pas à faire suivre les « alors, ça t’a plu ? » d’un long silence embarrassant qui en dira long sur le plaisir procuré.
– Pariez sur le fait que l’Autre est télépathe. Voici sans aucun doute l’échec le plus leeent à se manifester et le plus savoureux quand il arrive, puisque l’éventualité d’échapper à cet échec a été follement entretenu par une douce illusion que votre moitié lit dans vos pensées. Voyez-vous de quoi je cause ? Non ? Prenons un cas concret.
Le clitoris, par exemple. Source souvent garantie de jouissance quand on le titille correctement, il peut également s’avérer être un sacré bâtard de traitre quand on le matraque comme un sagouin.
Or, il s’avère que souvent, les garçons ne savent pas s’y prendre avec le petit bouton. Faut dire que, pour ceux qui ont fait S, par exemple, c’est pas écrit dans un manuel de maths. Imaginons maintenant que tu sois avec un mec qui bourrine ton clito tellement brutalement que ça gâche tout. Dans ce cas-là, c’est génial : ne lui explique surtout pas que c’est une horreur pour toi. Va même jusqu’à simuler que tu aimes ça, ça le confortera dans ses certitudes. Et plus tu attendras, plus il deviendra compliqué de lui avouer que c’est une torture qu’il t’inflige en faisant ça. Bravissimo, l’échec est dans la place.
Cependant, la communication ne sera peut-être pas suffisante pour échouer à coup sûr. Tu as d’autres atouts à ta disposition et parmi eux, le quotidien.
Leçon n°2 – Le quotidien
Autre précieux allié dans votre quête pour l’extinction totale de toute forme de passion sexuelle : le quotidien et sa compagne de baroud, la routine. Rien de mieux qu’un rythme de vie métro-boulot-dodo pour raboter les pulsions et faire rentrer votre couple dans un ronron tout à fait propice à un échec sans peur et sans reproche.
Si toutefois vous voulez mettre toutes les chances de votre côté, voici quelques outils qui devraient vous permettre d’accélérer le processus.
– La normalisation de l’acte. Transformez l’acte de coït en une machine magnifiquement huilée : déterminez un lieu (ayez une préférence pour le lit conjugal, toujours tiré à quatre épingles), un jour (le samedi), une heure (entre 21h32 et 21h46, préliminaires inclus) et n’en changez jamais, surtout jamais !
De la même façon, ne commencez pas à avoir de l’imagination dans le rapport. Rien ne vaut un bon p’tit missionnaire des familles pour rendre l’affaire on ne peut moins excitante.
– Les petits détails croustillants de la vie en couple. Au début d’une relation, on y croit encore et on tente de préserver une forme d’intimité. Souvenez-vous : quand vous avez emmenagé dans votre appart trop petit et que vous ne pouviez plus vous retenir de faire la grosse commission, vous lui demandiez « bouche-toi les oreilles s’il te plaît, mon amour, je dois passer aux toilettes » afin de le préserver des sympathiques « plic ploc » inhérents à la « chose ».
Pour échouer votre vie sexuelle, n’ayez pas peur de chasser toute forme d’intimité. Dites-lui « j’ai comme une envie de chier » (même si votre Maman ne vous a pas appris à parler comme ça) et poussez de toutes vos forces, avec la porte grande ouverte. Comme disait un ancien et finalement regretté Président, « si on ajoute à ça le bruit… et l’odeur », l’échec est sur la bonne voie.
– L’acquisition d’un petit chat. Nous reviendrons dans notre troisième partie sur la confection d’un (voire plusieurs) bambins, histoire de donner la petite touche finale à un sublime échec. Mais il y a une première étape possible, avant d’enfanter : adopter (ou acheter, peu importe) un chaton.
Avec un peu de chance, votre moitié devrait en tomber raide gaga et lui prêter mille fois plus d’attention qu’à vous. Si c’est le cas, je vous félicite d’avance : votre vie sexuelle devrait se terminer bel et bien lors de votre passage à l’état de parents.
A noter : Profitez bien de la jeunesse du chaton pour asseoir les bases de votre échec, parce que si vous souhaitez le castrer, le petit chat jouasse risque de devenir un gros sac qui roupille toute la journée et qui n’en a plus rien à foutre de tabasser la pelote de laine avec votre cher et tendre… si bien que vous pourriez vite vous retrouver digne d’intérêt.
– Le combo pyjama chaussettes. Vade retro satinum ! Souvenez-vous en : la petite nuisette en satin est votre ennemie ! Pour refroidir toute ardeur, un bon gros pyjama (en pilou de préférence) devrait faire l’affaire. Fignolez le style en associant le pyj à une paire de chaussettes, sous prétexte que vous avez froid aux pieds. Votre mie tentera peut-être de vous persuader à coups de « alleeez, viens contre moi, j’vais te les réchauffer », mais persévérez : cette attitude héroïque ne résistera pas au temps qui passe.
Tiens, le temps qui passe. En voilà une transition amenée sur un plateau pour nous conduire à notre troisième leçon.
Leçon n°3 – Le temps qui passe
« Avec le temps va, tout s’en va » chantait Léo. Il avait raison, le bougre. Le temps qui passe… un million de fois plus fatal que son petit frère, le quotidien. Laissez-le faire, ne cherchez surtout pas à entraver son oeuvre et il essuiera tout sur son passage : les rêves, les projets « de quand on sera vieux »… et si vous vous y prenez bien, la vie sexuelle torride qui va avec.
– Son arme n°1 : Le corps qui change (et sa perception). Le temps qui passe joue un rôle assez surprenant sur le corps de l’autre : d’un côté, il change effectivement, il vieillit, il prend des petits bourrelets, il devient potentiellement moins séduisant… et d’un autre, ce que j’appelerai le double effet Kiss Mool : ben oui, on finit par le connaître par coeur, ce corps qu’on a depuis des lustres caressé-léchouillé-mordillé dans tous les sens. Qu’ils sont loins, les émois liés à la découverte d’un grain de beauté inconnu au bataillon jusque là… Merci qui ? Merci le temps qui passe !
– Son arme n°2 : Les changements de casquettes. Mesdemoiselles, le temps qui passe vous donne au moins deux occasions méga-balèzes de flinguer votre vie sexuelle avec élégance.
Changement de casquette number 1 : avec le mariage, le passage d’amante/fiancée à celui de femme, avec tout ce que le terme évoque au plus profond de l’inconscient collectif de pas sensuel du tout (le tablier, le fourneau, les petits plats mijotés, la femme au foyer et la coupe à la Bree Van de Kamp). Mais bon, ne faisons point de généralités : y’a sans doute des mecs qui ça excite de culbuter Bree en même temps qu’elle prépare son rôti, mais mon petit doigt me dit que c’est pas la majorité.
Changement de casquette number 2 : après le mariage, la pression sociale incite fortement l’individu de sexe féminin à enfanter*. Et hop, une occasion de plus de changer de casquette. La femme deviendra mère. N’hésitez point à vous revendiquer mère. Plus fort encore : « la mère de tes enfants ». Ca calmera définitivement les pulsions des plus véhéments des sex machines. Même si, encore une fois, y’a des pas finis d’Oedipe que l’idée de chatouiller la foufoune d’une mère mettra on fire total.
* même si y’en a qui résistent à la pression sociale et s’organisent en associations. Ceux-là préfèrent sans aucun doute échouer sans aucun style. Je ne vous félicite point.
– Et enfin, l’arme ultime : un enfant (voire deux, histoire de bien terminer le boulot). On en parle sans en parler depuis tout à l’heure, mais OUI, pour les fans de Street Fighter 4, pondre un bambin, c’est l’Ultra Combo Finish, la victoire finale assurée pour tous les pélerins de l’échec de la vie sexuelle du couple. Et avec classe, s’il vous plaît. Alors là, n’hésitez pas, les occasions de piétiner le désir de l’autre ne manquent pas :
– la grossesse et ses effets indésirables (les nausées, la libido qui zigzague, les ronflements, les flatulences, les jambes qui gonflent, les seins qui enflent et last but not least cet ego mal placé des mecs qui croient qu’en faisant du seske, ils vont amocher l’oeil ou le crâne de leur futur bébé avec leur ENORME péni*),
– les rendez-vous chez la gynéco (l’occasion pour lui d’apprendre ce qu’est un frottis),
– l’accouchement (très bon, ça, l’accouchement : exigez de lui qu’il aille accueillir directement dans ses bras votre rejeton ensanglanté à peine expulsé de votre utérus, effet garanti),
– l’allaitement (n’hésitez pas à tirer le lait maternel au tire-lait devant lui : effet vache laitière garanti),
– la rééducation du périné et tout ce qui l’accompagne (miam),
– en cas d’épisiotomie, n’hésitez point à lui expliquer les moindres détails de votre convalescence (re-miam)
– les nuits courtes des premiers mois (et la fatigue qui va avec)
– et plus tard, l’incapacité qu’ont ces maudits enfants de se lever après 7h du matin (adieu les grasses mat’ crapuleuses)
Et si ça ne marche toujours pas après le p’tit premier (c’est que vous êtes résistants, dites donc !), remettez ça relativement rapidement – quelques mois après le premier. Si après le deuxième et avec le traitement de choc recommandé lors de cet article, vous n’avez toujours pas échoué, c’est que vous êtes sexuellement vachement compatibles. Et que vous avez bossé dur, main dans la main, zizi dans foufoune, contre le quotidien et la routine. Si c’est le cas, je ne vous félicite pas. Espèce de loseuse.
* Non, ce n’est pas vrai. Même Rocco il a tenté, il est y pas arrivé.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Alors tu as raison : échouons en beauté !
Malgré tout, je voudrais moi aussi poster mes propres articles mais je n'ai pas encore trouvé la solution, so ... HELP ME !
Tank you d'avance : )