Le meilleur album pop de l’année ? Après une première écoute de ce Day & Age, le troisième album des Killers, c’est ce que je me suis dit. C’est aussi ce que je me suis dit après la deuxième, la troisième, la quatrième… Après avoir annoncé avec une prétention démesurée que Sam’s Town, leur précédent disque, était “l’un des meilleurs albums de ces 20 dernières années”, Brandon Flowers s’est calmé, et s’est remis au boulot, la tête remise sur ses épaules par le relatif insuccès critique du prédécesseur de Sam’s Town.
Il y a pas mal de choses qui m’énervent quand les gens donnent leur avis sur un disque. Chacun son avis, bien sûr, et je les respecte tous. Enfin, non, pas tous. Quand je lis “c’est un mix de musique electro et musique disco a cause du synthé.” par un certain rockbakhn sur Deezer, il faut pas charrier. On se croirait au Café du Commerce de la musique. C’est vraiment négliger toute l’évolution de la musique depuis les années 1980. Si “Joy Ride” est effectivement une bombe disco, ce qu’ont créé les Killers sur Day & Age, c’est de la pop grandiose, qui avec un autre groupe, sonnerait complètement ridicule, mais grâce à leurs talents conjugués, le groupe de Las Vegas réussit à en faire quelque chose de fabuleux. Et merde quoi, il y a même un solo de saxophone et un morceau de bossa nova (”I Can’t Stay”) !!!
Les influences sont toujours les mêmes, aucune surprise de ce côté-là, c’est au moins aussi puissant que du Springsteen, le travail mélodique, qui est plus poussé que sur Sam’s Town est une très, très grande réussite, et l’on pense encore au meilleur de David Bowie (”Losing Touch”, “Spaceman”), Roxy Music, Pet Shop Boys (l’extraordinaire “Human”), ou même à U2 sur l’imposant “This Is Your Life”. L’ambition n’a pas totalement disparu, heureusement ! Les Killers balancent des titres de pur stadium rock, ça monte trèèès haut, trèèèès fort, trèèèès facilement. Voilà ce qui se dégage de ce disque et qui justifie la note d’en-dessous : l’effet de ce disque, de chacun des pistes, est instantané. À chaque fois ou presque, au bout de 20 secondes, la chanson est placée sur la pile des “bonnes chansons”, avant d’être déplacée sur la pile “excellente chanson”. C’est instantané, il y a pas à réfléchir, et c’est le propre des excellents albums de s’imposer d’eux-mêmes.
Certes il y a des moments qui mettent un peu plus de temps à convaincre, notamment quand le rythme se ralentit et que l’attention se porte plus particulièrement sur les paroles qu’il faut alors réussir à déchiffrer, ce qui s’avère assez compliqué, Brandon Flowers s’étant particulièrement fait plaisir sur les métaphores alambiquées. C’est même carrément ridicule parfois, mais peu importe, quand vous avez dans les cages à miel un son pareil, il n’y a que ça qui compte.
Cohérent, consistant, avec des transitions soignées tout en conservant cette urgence dans l’enregistrement qui plaît tellement aux rockeurs, et qui fait que les Killers ont réussi avec leur premier album, Hot Fuss, à convaincre rockeurs et popeurs (?). S’il y a un schéma musical auquel je ne crois généralement pas, c’est bien celui selon lequel le troisième album est celui de la “maturité”, mais je ne peux m’empêcher d’écrire que ça y ressemble. Sans perdre leur ambition, leur absence de peur du ridicule, les Killers réussissent selon moi leur meilleur album à ce jour, qui sûrement décevra beaucoup de leurs fans (ce qui n’est pas si rarement un gage de réussite) grâce, ou à cause, de l’éclectisme et des risques qu’ils ont pris.
Les Commentaires
Ma chanson favorite est neon tiger.
C'est sur que pour aimer le cd, il faut l'écouter plusieur fois pour se faire l'oreille. Mais étant une fan finie..ça ne m'a pas demandé beaucoup d'effort.