L’histoire commence le dimanche 22 mars à 18h41, je reçois un message sur Grindr d’un mec dont le pseudo est « Evasion » :
« Bonsoir, Jérôme également. Enchanté » (Je m’appelle aussi Jérôme, d’où le « également »).
Rencontrer mon voisin sur Grindr en confinement
Pour ceux qui ne connaissent pas Grindr, c’est une application de rencontre gay davantage orientée plan cul ou plan vite fait, et le deal se fait souvent en deux ou trois messages.
Je me laisse parfois aller à ce genre de rencontre, mais je ne vais pas régulièrement sur cette appli, je préfère connaître un peu la personne avant de coucher avec.
C’est pourquoi je ne lui ai répondu que le lendemain à 19h, je n’avais pas vu son message avant.
« Salut, ton pseudo est magnifiquement adapté à la situation. »
Il rit et à mon étonnement il enchaîne sur une discussion somme toute banale, mais sans exprimer une seule fois la volonté de coucher avec moi.
Au début je n’étais pas plus intéressé que ça, je ne lui répondais qu’à un ou deux jours d’intervalles et j’étais intimement persuadé qu’au bout d’un moment la question rédhibitoire allait tomber :
« Tu cherches quoi ici ? »
En plus, il insistait beaucoup sur un point : l’application indiquait qu’on était à environ 100 mètres de distance, donc que nous sommes voisins.
Très malaisant. C’est l’angoisse de parler à un mec qui a le même prénom que toi et qui en plus habite l’appartement d’à côté. Ça rend la personne impossible à éviter et garanti un moment gênant si jamais tu la croises dans les escaliers alors que tu l’as ghostée.
Discuter avec mon voisin rencontré sur Grindr en confinement
Mais j’ai quand même continué à lui parler, il était mignon sur ses photos, j’avoue, je suis faible. Au fur et à mesure, les messages devenaient de plus en plus réguliers et finalement il commençait à m’intéresser, voire à me plaire.
Au bout d’un moment il me propose de continuer nos conversations sur Instagram, c’est vrai que ça devenait chiant de se retrouver avec 5 ou 6 nouveaux messages et autant de dick pics à chaque nouvelle connexion.
Je lui donne donc mon Insta, il m’ajoute, je le stalk pour m’assurer qu’il est vraiment mignon et que ses photos Grindr ne sont pas complètement fakes.
C’est bon, c’est bien le même ! Je l’ajoute. On continue à parler sur Insta et au bout d’un moment revient le sujet du « on est voisins ! ».
Il commence par m’envoyer une photo de la vue de son balcon, au début j’étais moyen chaud, je vois qu’il n’est pas dans mon immeuble mais dans celui d’en face et qu’il a une vue directe sur ma chambre…
Je lui mens en disant que ma fenêtre est cachée par un bâtiment. Puis il m’envoie une note vocale, je déteste ça, je trouve ça super intrusif de la part d’un inconnu.
Et puis on est confinés, genre t’as pas le temps d’écrire un message ?
Je l’écoute quand même et il s’avère que je suis fan de sa voix ! Et j’avoue que son message était drôle, donc je décide de me prêter au jeu. C’est fou, je suis vraiment très faible, un rien me fait changer d’avis !
Je finis par lui envoyer une photo depuis la fenêtre de chambre, il arrive plus ou moins à me repérer mais j’ai toujours une idée hyper approximative de là où se situe son appartement, il habite dans une barre d’immeuble où il y a beaucoup de balcons, tous semblables les uns aux autres.
Organiser un date en confinement : Picard ou fenêtre ?
C’est à partir de là qu’il commence à me parler d’un
date au Picard (j’habite juste au-dessus d’un Picard).
Mais je suis un bon élève des gestes barrières et du confinement (fils de médecin oblige) et ça ne vaut pas le coup de prendre le risque d’être contaminé pour un date tout pété au rayon surgelé.
Donc je lui propose de le faire à la Roméo et Juliette, à la fenêtre après qu’il ait fait ses courses, lui en bas et moi au balcon et on crie dans la rue pour se parler !
Finalement, il avait d’autres occupations, il me dit que si vraiment je voulais il allait se déter et venir, mais je n’avais pas non plus envie qu’il sorte de son confinement juste pour me parler à la fenêtre.
Rien ne s’est passé ce jour-là.
Par la suite nos conversations se sont un peu essoufflées, jusqu’à aujourd’hui, 14h. Je reçois un message :
« Je vais bientôt au Picard, je dis ça je dis rien. »
Je me suis dit, c’est parti ! On va le faire ce date fenêtre parce que c’est vraiment drôle et à part regarder Netflix et envoyer des mails, ma vie n’est pas super palpitante en ce moment.
Je lui dis donc de me prévenir quand il sera à ma fenêtre et lui demande quand même son numéro de téléphone, parce qu’en vrai, ça allait être vraiment galère de crier dans la rue, on aurait fait chier tous les voisins et on ne se serait pas compris.
Mon premier date fenêtre en période de confinement
À 15h45 je reçois un message « appelle-moi » et voilà c’était parti, mon premier date fenêtre !
J’ouvre ma fenêtre et je vois en face, devant la grille d’entrée de mon immeuble, un mec plutôt grand avec les cheveux à la Magic Trolls (les petites figurines) et qui, comme sur ses photos, est très mignon.
On discute 10 minutes sur l’affluence que connait le Picard en ce moment, puis le Carrefour et le Auchan, et un peu de tout et de rien, un date, quoi.
Puis il décide de rentrer chez lui mais on reste au téléphone, comme ça, une fois qu’il sera sur son balcon, on pourra finalement se mettre au clair sur où on habite l’un par rapport à l’autre.
Il se met sur son balcon, moi à ma fenêtre, et par grands signes de bras interposés on finit par se localiser. Il y a un bâtiment qui coupe la moitié de ma vue sur son balcon mais lui a une vue plongeante sur ma chambre.
On discute quelques minutes puis on raccroche parce que j’avais du travail à finir, télétravail oblige.
J’ai donc connu mon premier date fenêtre spécial confinement, c’était plutôt sympa et maintenant on sait l’un comme l’autre qu’à tout moment on peut se voir nus dans nos appartements.
C’était super cool comme aventure de confinement et j’ai vraiment envie de continuer, donc Jérôme, comme je vais t’envoyer ce témoignage, t’es chaud on se fait un date Zoom ?
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