Daria Marx est une meuf terrible, depuis un mois entier tout le monde sur le web s’accorde à le dire. Quand elle écrit, c’est comme si elle se battait avec elle-même. D’où cette impression que chacun de ses mots est comme un coup d’épée dans un duel sur le papier. En lisant son Tumblr, on a un sentiment mélangé : qui est cette fille ? Qu’est ce qui lui fout une rage pareille ? Est ce qu’elle s’invente un personnage, ou est ce qu’elle est vraiment comme ça ? Pour le savoir, il fallait la rencontrer, alors c’est parti :
madmoiZelle : Daria, pourquoi un tumblr, et aussi pourquoi un tumblr et pas un blog ?
Daria : Je tiens mon tumblr quotidiennement depuis un mois, parce que je suis une fille vivante et j’ai besoin d’exprimer physiquement ce que je ressens. Je sais pas peindre, je sais pas chanter, alors que je me suis dit que l’écriture pourrait me convenir.
Et j’ai choisi un tumblr parce que c’est assez en phase avec ce que je veux exprimer : pas de fioritures pour des textes qui sont souvent assez virulents. Je suis déçue en allant sur des blogs qui sont super beaux mais vides de contenu.
m : Tes textes, tu les écris comment ?
D : D’une traite, sans relire, sur le même rythme que je composerais un morceau de rap. On me reproche souvent d’être trop hachée, de pas mettre de point, mais c’est comme ça que je ressens l’écriture… Faut que ça claque !
m : Depuis quand tu écris ?
D : Depuis toujours, mais dans le cadre des mes études. Avant ce tumblr, je tenais un blog sur une autre plate-forme. Depuis un mois, je me force à écrire un quart d’heure tous les soirs. J’ai peu d’habitudes mais je les chéris comme des repères stables, il y a celle-ci, depuis un mois, et… manger casher !
m : Tu sais que t’es en train de devenir une putain de coqueluche ?
D : C’est un truc de ouf, j’ai découvert Twitter y’a un mois, j’avais 100 followers. Et un jour, William Rejault et Monsieur Lâm ont parlé de moi (respectivement sur Le Post et son blog, ndlr), et je me suis retrouvée avec 600 followers.
m : Et comment tu prends cet engouement ?
D : J’étais frustrée de ne pas connaître ces gens. « Pourquoi vous me suivez, qu’est ce qui vous intéresse ?« , j’avais envie de leur demander. C’est de là qu’est partie l’idée d’une rencontre Twitter hebdomadaire avec un follower.
m : Qu’est ce que t’apportent ces rencontres ?
D : Je prends des baffes d’amour en pleine face, c’est un truc de dingue. Les gens se confient vachement, surtout les filles d’ailleurs, elles me font confiance, me parlent de cul, de leur avortement, enfin bref, de leur vie ! C’est exactement ce que je voulais inclure de plus à l’aspect Twitter : de la vie, toucher les gens, les comprendre.
m : C’est toi qui touche les gens ! Tu écris des choses super intimes sur ta vie, on s’en prend plein les dents !
D : Faut savoir que j’ai vraiment galéré avant de me sentir à peu près bien comme aujourd’hui. J’ai vécu des trucs pas drôles, notamment la dépression, et ça te fait relativiser plein de choses.
m : Ce sont ces épreuves qui te font écrire avec tant de justesse aujourd’hui ?
D : Je sais pas, en tout cas, j’ai une conscience exacerbée que la vie, c’est être suspendue entre un état de désespoir et de joie. Ca ne veut pas dire que je chiale pas comme une conne pour des bêtises, mais disons je crois saisir la valeur des instants qu’on passe en vie.
Et donc c’est à ce moment que je suis devenue définitivement fan de Daria Marx, qui au passage s’appelle Anne dans la vraie vie. On devait être à mi-interview, on s’était mises d’accord pour dire que le serveur était charmant, elle m’avait déjà expliqué que sa mère savait qu’elle tenait un blog mais préférait l’ignorer, car connaissant sa fille elle se doutait bien qu’elle y trouverait des informations pas du tout acceptables. Poursuivons :
m : Pourquoi tu t’appelles Daria Marx ?
D : Evidemment, Daria c’est à cause de Daria, puisqu’ado j’étais un peu en mode seule toute à lire des livres, mais je me foutais de pas avoir de copines, ouais, comme Daria quoi ! Et puis Marx, c’est parce que j’ai un peu fréquenté des Punks, et que l’idéologie Marxiste me titille l’intérieur. Et franchement, je trouve Daria Marx, ça claque à mort. (NDLR : avec le geste, c’est encore mieux !)
m : Si demain je te trouve un mécène, que t’as crédit ouvert, qu’est ce qui te ferait kiffer ?
D : (Elle réfléchit environ 4 secondes) Fonder un groupe de Fat Warriors et foutre le bordel dans la société. On se fiche trop de nos gueules, c’est le retour du burlesque, du freaks, du rockab, mais faut que ça soit quand même mince, et moi je suis grosse et j’en ai marre de ça.
m : C’est à dire ?
D : C’est à dire qu’au fond, si j’avais les moyens de le faire, je montrerais aux gens que la diversité, c’est chouette, j’aiderais les grosses à comprendre pourquoi elles sont grosses, parce que le malaise, c’est quand on subit quelque chose. Une fois qu’on a compris, ça va beaucoup mieux.
m : Tu es impliquée dans cette cause ?
D : Evidemment, j’ai animé des groupes de parole à Sainte-Anne, ça m’a BEAUCOUP fait évoluer. J’ai aussi mené des actions plus « informelles », par exemple il y a quelques années, j’avais motivé quelques filles grosses à aller se planter devant chez La City, dont le slogan était « La City habille les femmes nues ». Et… non ! C’est faux ! Donc on s’est pointées à poil devant leur boutique, ça leur a fait un drôle d’effet !
m : On a l’impression que tu regorges de trucs à donner, qu’on va prendre des leçons de vie avec toi, les gens te le disent ?
D : Ecoute, j’ai lu un truc de Platon qui m’a marquée à vie, et qui m’a orientée aussi, c’était « Tu deviens quelqu’un quand tu frottes ta conscience à quelqu’un d’autre ». Moi je veux frotter ma conscience le plus possible, parce que putain, la vie est belle et on a tout à apprendre.
Qu’est-ce que je vous avais dit ? Daria Marx, elle tue…
— Son blog DariaMarx sur Tumblr, son Twitter @Dariamarx et son blog dédié à ses « rencontres Twitter »
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Les Commentaires
C'est punk à mort !