Que vous en soyez spécialiste ou complètement novice, l’animation japonaise propose une offre riche et en flux tendu. Vous ne savez pas par où commencer ? Espionnage, thermes, ou ballet, on a maté les sorties du mois d’avril, et voici celles qu’on vous recommande.
SpyXFamily, le blockbuster
C’est le petit blockbuster de cette saison : l’adaptation d’un manga à succès de Tatsuya Endo, et une véritable planche à billets pour la maison d’édition Kurokawa qui le publie en France.
Le postulat est redoutable : dans un monde vaguement « Berlin en pleine guerre froide », la mission d’un espion hyper compétent est mise à mal. Pour maintenir la paix entre les Nations, il doit infiltrer la vie d’un diplomate, un billard à dix bandes qui va l’obliger à former une famille nucléaire factice. Accrochez-vous, c’est cocasse ; sa compagne est en fait assassin et leur nouvelle gamine adoptée sait lire dans les esprits. Ainsi démarre une série très rigolote qui mise beaucoup sur l’humour de situation et, vous l’aurez compris, de personnages. Les tronches de la petite Anya sont désopilantes, et l’anime sait très bien qu’elle en est la mascotte. On peut aussi en dégager un petit message sur la famille choisie, certes très cartoon.
Seul petit défaut, un rythme un peu faible qui se verra un peu plus si vous avez lu le manga. Quatre épisodes par tome, c’est un peu long ! L’adaptation est un peu sage, mais soignée dans tous les aspects — mais SpyXFamily reste la recommandation principale de cette sélection.
Regardez SpyXFamily sur Crunchyroll
Dance Dance Danseur, un anime sensible
C’est typique des animes : parfois, on tombe sur une formule charmante, un peu passe-partout, et qu’on aime toujours retrouver si ça a collé la première fois. Parmi ces schémas classiques et récurrents, il y a l’histoire du personnage qui tombe dans une passion qui ne correspond pas à ses clichés de genre.
Junpei est un garçon qui a l’épiphanie de sa vie lorsqu’il assiste à un ballet de sa sœur. Il s’ennuie ferme, mais sa vie change quand un homme saute avec grâce sur les planches. Soudainement, il ne voit plus que volutes et étincelles de bonheur — c’est décidé, il s’y mettra aussi. Le décès de son père, figure viriliste, portée sur le combat et les cascades, le fera douter de sa passion… Mais il finira par s’y remettre et plonger dans le ballet car eh, sinon, il n’y aura pas d’anime.
Dance Dance Danseur a un look typique des shôjos, ces histoires qui visent directement les jeunes femmes. Les personnages sont des mecs mignons aux yeux énormes et aux visages anguleux. Mais c’est aussi un chouette anime à évoquer, dans lequel un mâle interroge constamment sa masculinité, son rapport à cette dernière et le regard des autres. Junpei se lance dans le ballet, et ses copains ne vont pas se priver de lui dire que c’est « un truc de fille ». Et bientôt, l’heure venue de distribuer les rôles pour le Lac des Cygnes, un rival arrogant apparaît.
Tous les ingrédients sont en place pour un anime sensible, un peu queer, pas toujours au top techniquement mais suffisamment intriguant pour qu’on se demande où ça va nous mener. Le début et le style ressemblent un peu à Paradise Kiss, pour celles et ceux à qui ça évoque quelque chose. Un anime dans lequel brille un certain George, comme George Asakura – créatrice de Dance Dance Danseur, on peut soupçonner la référence à Georges Sand.
Regardez Dance Dance Danseur sur Crunchyroll
Kaguya-Sama : Love Is War, Ultra Romantic, la plus barrée
Vous qui voulez assister à des gender politics sensées, abandonnez tout espoir, ceci est un anime de rom-com où la seconde moitié domine. Dans une académie prestigieuse, on se concentre sur les péripéties du bureau des étudiants. À leur tête, Kaguya et Shirogane, ils se kiffent, mais vont mourir de vieillesse avant de se l’avouer. L’amour, c’est la guerre psychologique, pour pousser l’autre à avouer ses sentiments. Résultat : deux personnages parfaitement crétins et monodimensionnels.
C’est plus intéressant que ça en a l’air sur le papier. Car Kaguya-Sama fait un peu mieux que tout le monde sur tout : le rythme, les personnages (pas dans leur profondeur, c’est certain), l’humour, le ramage et le plumage. Très rarement, comme le fait Scrubs, la série tente quelques touches de dramaturgie. Dans 90% des cas, les épisodes (c’est la troisième saison de la même histoire) sont divisés en trois saynètes où les quelques personnages interagissent entre eux, et c’est souvent rigolo. Les vannes, jamais d’une grande maturité, fusent, et on rit de ces grands crétins qui n’ont pas la moindre emprise sur le réel.
Il y a de meilleurs animes de comédie, mais dans son genre, Kaguya est très fort. Dans un esprit similaire, moins rythmé mais davantage porté sur les personnages frappadingues, il y a aussi Komi Cherche ses Mots sur Netflix.
Regarder Kaguya-sama : Love is war, ultra romantic sur Crunchyroll
Thermae Romae Novae, high concept
Attention, high-concept : dans la Rome antique, Lucius est un fana de bains publics. Disons-le, il aime poser les thermes. Il a une fâcheuse tendance à glisser dans la piscine, et à soudainement se retrouver téléporté dans le Japon moderne, lui aussi très fan de la discipline.
Lucius démarre ainsi une série d’aller-retours involontaires entre les époques, résout ses propres problèmes d’architecte antédiluvien, et s’étonne toujours des inventions de ce peuple de « visages plats » (la VF est excellente, mais ceux qui comprennent le japonais capteront le racisme assez décomplexé de Lucius). Le concept est efficace, même si l’anime n’est sans doute pas aussi quali que le manga dont il est adapté…
L’autrice, Mari Yamazaki — très portée sur l’humour de décalage entre les époques dans ses séries — vient d’ailleurs clôturer en personne chaque épisode en présentant un véritable onsen (site de bains publics) au pays du soleil levant. Les couleurs y sont super saturées, et l’envie de voyager et de se délasser est grande. Un ovni un peu crétin mais délicieux. Amoureuses et amoureux des bains, regarder cet anime en faisant trempette soigne l’âme. Une expérience indispensable.
Regarder Thermae Romae Novae sur Netflix
Ao Ashi, du foot et de l’adrénaline
Un anime de foot on ne peut plus à l’ancienne, le monomythe des animes : l’introduction, la montée, le doute, la chute, la rédemption, etc.
Ao Ashi est un anime nekketsu (littéralement, de sang bouillant), où l’on suit un personnage pour le voir accomplir son objectif lointain. En l’occurrence, celui d’un gosse un peu trop fougueux, sur la voie de devenir le meilleur attaquant du Japon, d’abord en intégrant la ligue des moins de 18 ans.
Il y apprendra le jeu collectif et, sans doute, un peu d’humilité — c’est en tout cas ce que promettent les premiers épisodes. Et pour se spoiler, les tomes édités par Mangetsu sont là. L’adaptation est sage, sans grandes aspérités (on est loin du parcours de personnages qui confinent au sublime à la March Comes In Like A Lion) mais ça fait le café.
Attention : c’est à ne pas confondre avec Blue Lock, qui prend le même postulat mais qui dévie en Battle Royale du foot. Lui aussi est bleu, les deux mangas sont sortis en même temps en 2021, lui aussi sera adapté en anime cette année.
Regarder Ao Ashi chaque semaine sur Crunchyroll
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Crédit photo : Kaguya-Sama : Love Is War, Ultra Romantic (Capture d’écran)
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